Les syndicalistes ont remémoré hier, les douloureux évènements du 26 Janvier 1978. Un jeudi noir où la grève générale décrétée, ce jour avait tourné court avec le massacre de certains manifestants réprimés sous les ordres du sanguinaire Ben Ali qui avait été, des dizaines d'années plus tard, chassé à son tour par une Révolution populaire surgie des régions misérables du pays. A cette occasion Houssine Abbassi, secrétaire général de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), la plus grande organisation syndicale du pays, publia un communiqué dans lequel il lance un appel pathétique où il met en garde contre la situation par laquelle passe le pays, une étape très sensible qui ne peut plus supporter les tiraillements idéologiques et doctrinaux. Le secrétaire général de l'UGTT rappelle que le peuple tunisien qui s'est révolté contre le régime despotique et corrompu, pour avoir le droit à une vie digne, à accéder à la liberté, la démocratie, au droit de participation, la citoyenneté, le droit à un travail décent et récolter de plein droit les fruits de la croissance avec davantage de justice et d'équité dans l'emploi et le développement, attend et espère encore voir des solutions qui lui permettent de sortir du cercle vicieux de la pauvreté et la marginalisation. La patience a des limites. Houssine Abbassi a réitéré l'appel de l'UGTT à un débat national pour arriver à un consensus sur les moyens et les mécanismes de management de la période transitoire. Il tient à la Constitutionnalisation des Droits économiques et sociaux. L'UGTT rappelle qu'en appelant au dialogue national n'a aucun objectif sectaire, ni la moindre ambition de participer au pouvoir. Son seul moteur est le patriotisme et la fidélité à son rôle naturel en tant que force de modération et de proposition indépendante. Elle est héréditaire de la célèbre parole de Harhat Hached qui avait scandé « Je t'aime peuple ». La Centrale syndicale avait élaboré un projet de Constitution dans lequel, elle a exposé sa vision du régime politique et les contours du projet de société désiré. De même un pacte social avait été signé avec l'Union Tunisienne du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) et le Gouvernement, pour jeter les bases de rapports sociaux exemplaires basés sur le respect de la loi et des conventions internationales, avec une nouvelle approche de l'emploi qui sache concilier entre les exigences d'un travail décent et les nécessités impératives de compétitivité de l'entreprise. L'UGTT en adhérant à un pareil Pacte met en relief sa profonde conviction que seul le dialogue est la voie qui mène à la conciliation entre les intérêts et la résolution des conflits et des contradictions. Houssine Abbassi, insiste encore pour dire que ceux qui s'imaginent qu'ils peuvent priver l'UGTT de jouer son rôle habituel, cherchent à le mettre à l'écart, à perturber sa marche et s'opposent à son droit d'exprimer son avis sur les questions qui intéressent le peuple et les attentes de la société tunisienne, ont la mémoire courte. C'est qu'ils cherchent à monopoliser le pouvoir, comme l'avaient fait ceux qui les ont précédés. Par ailleurs, il considère que ceux qui se cachent derrière les prétendues « Ligues de protection de la Révolution » doivent méditer sur les évènements du 26 janvier 1978. A cette époque, l'UGTT a conduit un combat contre le despotisme. Les Ligues doivent en retenir les leçons qui s'imposent et revoir leurs calculs voués à l'échec d'avance. Le parallélisme est grand entre les milices du RCD dissous et les attaques perpétrées contre l'UGTT lors de la dernière célébration de l'assassinat de Farhat Hached. Il en est de même pour la mobilisation dans les lieux de culte, en totale violation de la loi et du principe de leur neutralité. Abbassi relève beaucoup de points identiques entre ces attaques et celles subies par l'UGTT le soir du 26 janvier 1978 par des dirigeants du Parti Socialiste Destourien et ses milices. En attendant les conclusions de la Commission d'investigation, composée par des représentants du Gouvernement et ceux de l'UGTT, pour enquêter sur les circonstances de l'agression du siège de la Centrale syndicale le 4 décembre dernier, a fin de voir le sérieux des intentions de lutte contre la violence et l'éradication de ses sources, l'UGTT renouvelle son appel au dialogue, au consensus et à la solidarité face aux dangers sécuritaires, économiques et sociaux qui menacent le pays et mettent en péril les acquis de la Révolution. Encore une fois, l'UGTT demande de dévoiler les circonstances des assassinats, de la torture et des agressions contre les syndicalistes en particulier et les Tunisiens en général, lors de la grève générale du 26 Janvier 1978. Il s'agit de défendre, de rétablir la vérité et d'assurer l'équité et la justice. Plusieurs syndicalistes avaient été assassinés le 26 Janvier 1978 comme Saïd Gagui, Hassine Kouki...Et tant d'autres. A cette époque les divergences se manifestaient depuis 1975. Les luttes déclarées s'étaient étendues tout au long de l'année 1977. L'UGTT ne s'était pas contentée d'exprimer des critiques et de revendiquer le respect des accords signés, elle est allée jusqu'à appeler à la révision des choix politiques, économiques et sociaux pris par le Gouvernement. Elle présentait des propositions alternatives pour limiter les disparités entre classes sociales et la redistribution des fruits de la croissance de façon plus équitable. Des campagnes de « purification » des locaux de l'UGTT avaient été conduites par des dirigeants du PSD qui lançaient leurs milices, une stratégie dont le cerveau était Mohamed Sayeh, disent plusieurs compatriotes. Finalement l'UGTT a remporté sa bataille pour son indépendance et les attaques qu'elle avait subies n'avaient fait que ternir l'image du pouvoir à l'étranger. Les locaux de l'UGTT avaient abrité le mouvement de révolte des Tunisien du 17 décembre 2010 jusqu'au 14 Janvier 2011. C'est pourquoi, elle se considère partie prenante dans la Révolution, et donc dans la sauvegarde de ses objectifs.