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Le CPR est bien l'antichambre d'Ennahdha
Analyse C'est désormais établi
Publié dans Le Temps le 15 - 02 - 2013

A son retour au pays, Moncef Marzouki a déclaré que les membres de son parti ne pouvaient même pas remplir un bus. Mais aux élections, à la surprise générale, ce parti minuscule a décroché la deuxième position, juste derrière « Ennahdha ».
Depuis lors, l'opinion publique a compris que cette transformation fulgurante ne pouvait pas être gratuite et pour résoudre l'énigme, elle s'est livrée à des conjectures essayant de percer le secret de cette excroissance impressionnante jusqu'à ce que le nuage a commencé à se dissiper et les choses à se préciser : il était, massivement, renforcé par des partisans de « Ennahdha », cette vérité est confortée par plusieurs témoignages dont celui de Om Zied à propos de Imed Daïmi. Certes, cette donnée a satisfait la curiosité des gens, cependant, elle était insuffisante, vu qu'elle ne répondait pas à l'autre volet de la problématique : le pourquoi de la question. Ce qui le pousse à repartir de nouveau en conjectures.
Une vitrine démocratique
A leur accession au pouvoir et pour rassurer le peuple, le président de la République dit que la Troïka est constituée d'une composante islamiste importante et de deux partis laïcs. En fait, il s'agit d'un caractère factice qu'on veut attribuer à un parti islamiste qu'est le CPR dans le but de faire croire que la coalition regroupe des partenaires de tendances diamétralement opposées, l'une est conservatiste, l'autre progressiste et qui est en l'occurrence majoritaire. Ce qui donne un aspect démocratique à la Troïka. Le seul parti laïc, « Ettakatol », finit, après une série de concessions, par renoncer à cette identité au profit de l'intérêt politique derrière lequel il court depuis des mois sans rien recueillir si ce n'est le mirage et la vacuité. Il paye chèrement cette option, puisqu'il perd plusieurs de ses militants dont la dernière en date est la députée Karima Souid. D'autre part, l'alignement du CPR sur les positions de « Ennahdha » est systématique, à chaque fois que ce dernier prend une décision, l'autre le suit à la lettre. Les illustrations sont nombreuses, elles dénotent toutes d'une cohérence et une synchronisation parfaite entre les deux partis. L'un et l'autre ont boycotté l'initiative de l'UGTT et offrent leur protection et leur appui à ce qu'on appelle les « ligues de... », responsables de plusieurs crimes à l'égard de la société civile et politique. D'ailleurs, le secrétaire général du CPR, Mohamed Abbou, a même dit que les dissoudre serait porter atteinte au droit d'association et donc aux libertés. Les deux partis agissent, également, de concert concernant la question relative à l'exclusion des Rcédistes de la vie politique à travers le fameux projet de loi sur «l'immunisation de la révolution». Et leur dernier duo est chanté à l'occasion de la décision de Hamadi Jebali de substituer le gouvernement politique par un autre qui serait constitué uniquement de technocrates n'ayant pas d'appartenance partisane. Cette fois-ci les cordes s'accordent encore mieux, car ils risquent gros : leurs sièges bien chauds.
Une denrée rare
La menace de démission collective miroitée, le weekend dernier, par le CPR s'est avérée de l'intox, et pour ne pas donner l'impression qu'il s'est rétracté, il a choisi un moyen détourné consistant à geler la décision de retrait de ses ministres en attendant que la situation change dans « leur » bon sens d'ici la fin de semaine. Cette initiative du chef du gouvernement a fait perdre leur sang froid et le bon sens à quelques uns des ministres CPR, puisque Abdelwahab Maâtar l'a qualifiée d'un coup d'Etat « violet » (par référence au RCD) !!!!!! Tandis que Sihem Badi a dit qu'ils n'allaient pas faire un cadeau sur un plateau du pouvoir au profit de l'opposition !! Il est clair qu'ils le considèrent comme une propriété privée et se voient les seules personnes qualifiées à pouvoir remplir ces fonctions comme le dit bien Mehdi Ben Gharbia, sur le plateau de « Assiyassa show » de mardi dernier, aux ministres Badi et Mohamed Ben Salem, visiblement, trop accrochés à leurs postes. La ministre prétend qu'un gouvernement de technocrates risque fort de servir de passerelle aux Rcédistes comme si le gouvernement actuel dont elle fait partie n'en comprenait pas. C'est exactement ce qu'un jeune homme du public lui dit en soulignant qu'avant de s'en prendre aux autres, le gouvernement devait commencer par balayer devant chez lui en lui nommant quelques uns de ses collègues rcédistes. Elle esquive les éclaircissements qu'il lui demande à ce sujet et lui tient des propos désobligeants à l'adresse des médias et de l'opposition qu'elle accuse d'être les responsables de la « déformation de la vérité » en occultant les grandes « réalisations de la Troïka ». Par ce « travestissement » constant de la réalité, les ennemis de celle-ci cultivent une « conscience négative » en exerçant une sorte de « matraquage » sur les jeunes esprits comme le jeune intervenant, l'une de leurs victimes. C'est la leçon qu'elle prodigue à celui-ci auquel elle s'adresse sur un ton paternaliste totalement déplacé, car il fait preuve d'une maturité politique surtout quand il parle de l'échec du gouvernement qu'elle refuse, opiniâtrement, de reconnaître. Alors que même son patron, Hamadi Jebali, admet d'une manière non équivoque. Dans ce chapitre, Ben Salem n'était pas en reste, lui également défend, farouchement, les «prouesses» du gouvernement en énumérant les chiffres relatifs aux taux de croissance, de création de postes d'emploi, la régression des ouvriers des granges (démentie par Ben Gharbia)..., exactement comme le faisait Ben Ali comme si les gens vivaient de statistiques. Il oublie qu'en admettant que ces chiffres soient exacts et que la progression soit réelle, ils ne valent absolument rien tant qu'ils ne participent pas à résoudre le problème du chômage et à mettre fin à la misère des gens.
Troisième démocratie !
Pour défendre leur gouvernement ou plutôt leurs portefeuilles, les deux ministres présents sur le plateau puisent dans leurs imaginations, manifestement, très fertiles. L'un nous émerveille par un néologisme la « troisième démocratie », l'autre par les « tentatives réitérées pour faire tomber la légitimité », des expressions aussi originales qu'amusantes. Selon le premier, en réclamant la neutralisation des ministères de souveraineté, l'opposition refuse l'application de la démocratie libérale et de celle de Ben Ali !!! Elle veut exécuter la sienne, car, toujours selon le professeur, dans les grandes démocraties le parti au pouvoir est en droit de nommer aux fonctions supérieures de l'Etat ses partisans. Et pour bien asseoir sa thèse, il cite l'exemple de la France où le ministère de l'intérieur qui a organisé les élections était tenu par l'UMP, le parti du président sortant, Nicolas Sarkozy, qui était évincé par son challenger, François Hollande. Mais de quel droit parle Mr le ministre ?! Mais comment ose-t-il comparer l'incomparable ? Est-ce qu'il oublie que la France est un pays où la démocratie est vielle de plusieurs décennies et dont les mécanismes sont bien rodés, alors qu'en Tunisie on est en train d'essayer d'instaurer cette démocratie qu'ils n'arrêtent pas de bloquer par les reports indéfinis des dates butoirs et leur mainmise sur les rouages de l'Etat qu'ils veulent confisquer? De plus, il prétend que les élections chez nous seraient organisées par l'ISIE et non pas le ministère de l'intérieur comme si cela était une condition suffisante pouvant nous faire épargner la falsification du résultat de vote et le parti pris de ce ministère au profit du parti au pouvoir. Donc, il va sans dire qu'en période de construction, il faut un arbitrage neutre et non pas partial, et quand on aurait terminé cette œuvre, là, on pourrait imiter la France. Mais d'ici là, on devrait se contenter de gérer les choses d'une manière consensuelle sans exclusion aucune et sans prétention aucune. Mme la ministre ne semble pas l'entendre de cette oreille, puisqu'elle accuse l'opposition de « mettre le bâton dans la roue » du gouvernement et de porter ainsi atteinte à la légitimité, ce qui est un grave méfait assimilable à un blasphème. Cette similitude saugrenue se dégage du ton sur lequel elle s'exprime et les contorsions de son visage. Visiblement, elle ne saisit pas encore les enseignements de l'assassinat du martyr Chokri Belaïd et de la crise générale très visible à l'œil nu qui paralyse le pays, puisqu'elle ne réalise pas encore que la légitimité juridique est usée et dépassée et qu'elle devrait être supplantée par une légitimité d'un autre type, une légitimité politique et consensuelle.
Noyer le poisson
Les leçons que les deux ministres daignent nous prodiguer ne s'arrêtent pas à ce niveau. En effet, pour le ministre Ben Salem, il n'est pas possible de demander des comptes à des ministres technocrates ! Donc, conformément à cette logique, ces derniers se comporteraient comme bon leur semblerait et risqueraient de nous compliquer la vie. Chacun d'entre eux agirait en dehors de tout programme gouvernemental indépendamment des autres et suivant ses propensions et ses caprices et formerait ainsi un gouvernement à lui seul, ce qui nous plongerait dans l'anarchie. Drôle de logique ! Une acception pareille émanant d'un ministre mandaté par le peuple pour veiller à ses intérêts en une période si critique ne pourrait que nous inquiéter. A moins qu'il ne veuille noyer le poisson en usant de justifications qu'il sait pertinemment être fausses. On espère que sa collègue aussi emploie la même méthode quand elle parle de l'appréhension des partis de l'opposition d'assumer leur responsabilité en prenant part au pouvoir au sein du gouvernement mettant, par là, en valeur le courage de la Troïka. On espère qu'elle plaisante lorsqu'elle dit qu'il faut un gouvernement politique pour résoudre les problèmes du développement et du chômage, car dans ce cas, on lui demanderait qu'est-ce qu'ils ont réalisé sur ce plan pendant toute cette période de leur gouvernement. Mme la ministre se focalise sur l'exclusion des Rcédistes au point qu'elle en fait une question personnelle, étant donné qu'elle déclare qu'elle ne renoncera jamais à ce « combat » même si elle reste seule. Elle se comporte comme si elle était mandatée par le peuple pour veiller à la Révolution, comme si elle était une opposante farouche à Ben Ali. On aimerait bien qu'elle nous présente son palmarès militant sous l'ancienne dictature. Si elle nous en fournit la preuve, là, on pourrait lui donner raison et excuser son grand enthousiasme et sa grande détermination à vouloir extirper depuis les racines les Rcédistes. Quand son interlocuteur, Ahmed Seddik, lui dit que ces derniers ne pourraient être jugés que dans le cadre de la justice transitionnelle, elle réplique, avec légèreté, en demandant à l'opposition de se rallier à la Troïka pour l'aider à réaliser ce projet.
Prestations très approximatives
La ministre est loin d'être convaincante avec ses réflexions et réponses très vagues et très approximatives. Tour au long de l'émission, elle ne fait qu'employer des tournures sibyllines et scander des slogans creux. Son collègue Ben Salem ne fait pas mieux avec son langage obscur et nous donne l'impression qu'il ne s'adresse pas à des gens doués d'intelligence. Cette attitude se vérifie à maintes reprises, comme nous l'avons précisé plus haut, mais elle devient tout à fait insolite lorsqu'il justifie le refus de Ennahdha de participer à l'initiative de l'UGTT pour un dialogue national par l'appel de l'un des dirigeants de la centrale syndicale à la dissolution de son parti !!! Les prestations des deux ministres sont très en-deçà de ce que le public attend de responsables ayant un pareil statut. En vérité, il ne pourrait pas en être autrement quand on ne pense qu'à son propre intérêt et qu'on néglige celui de ceux à qui nous devons notre position privilégiée. Il est clair que l'expression « gouvernement de compétences nationales » dérange énormément nos ministres. Quelqu'un qui ne remplit pas ces conditions ne pourrait pas être satisfait d'une telle mesure, donc, il ne faudrait pas lui en vouloir, car il y va de son avenir politique et financier. On devrait imaginer ce qu'il adviendrait de leur prestige et de leurs avantages innombrables une fois en dehors de l'enceinte du pouvoir. Toutefois, l'aisance financière et tout ce luxe dont vous bénéficiez, Mme et Mr, ne devrait pas vous faire oublier la gravité du moment, on vient de perdre un grand militant dont le sang n'a pas encore séché. Alors, ayez un peu de respect pour son âme s'il vous plaît, vos rires et sourires mal à propos sont inadmissibles en ce moment de recueillement !


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