Le bureau politique du Congrès Pour la République décide de suspendre son ultimatum pour une semaine et persiste sur sa position initiale quant au remaniement ministériel partiel dans les plus brefs délais, ainsi que sur la nécessité de l'associer en véritable partenaire dans la prise de décision au sein de la Troïka qu'il défend bec et ongles, même s'il a avoué qu'elle n'a pas bien fonctionné jusque-là. «Capable de mieux», a-t-il déclaré... Insistant sur la nécessité d'effectuer le remaniement ministériel et contestant l'intérêt d'un gouvernement de technocrates en ce temps de crise, le secrétaire général du Congrès Pour la République(CPR), Mohamed Abbou, a annoncé, hier matin, que le bureau politique de son parti a décidé de suspendre le retrait en bloc de ses ministres. «Le délai initial d'une semaine dépassé et alors que nous n'avions pas reçu une réponse du mouvement Ennahdha sur nos réclamations, nous avions décidé de retirer nos ministres du gouvernement. Sauf qu'hier soir, nous avons été contactés par Ennahdha, qui a insisté sur la nécessité de tenir une réunion commune. Lors de cette réunion, ils ont suggéré un délai de trois jours supplémentaires, arguant de la fragilité de la situation actuelle du pays et précisant que, pour l'intérêt public, ils sont en train de trouver une solution consensuelle. Par la même occasion, ils ont affirmé qu'ils réponderont à toutes les conditions et qu'ils rencontreront aujourd'hui Ettakatol, qui, pour sa part, semble avoir revu à la hausse le plafond de ses exigences. Aussi, Ennahdha serait en pourparlers avec le mouvement Wafa qui ferait partie du prochain gouvernement. Et fort probablement, l'alliance démocratique serait, elle aussi, dans le collimateur d'Ennahdha. Pour ce qui est de notre bureau politique, il a décidé, ce matin, un moratoire d'une semaine et nous avons proposé quelques noms de juges du tribunal administratif et quelques universitaires comme candidats pour la nouvelle formation. Nous avons exigé un programme d'action clair avec notamment des dates pour les prochaines élections, une certaine neutralité des ministères de la Justice et des Affaires étrangères ainsi que l'ouverture des dossiers de la corrupotion d'avant et d'après le 14 janvier. Pour ce qui est des technocrates, l'ancien gouvernement du régime déchu ne comptait que des technocrates qui ont été une source de blocage. L'appel à éloigner Ennahdha du pouvoir n'est pas logique et ne peut en aucun cas apporter la solution à cette crise», a enchaîné Abbou. Appliquer les lois et éloigner les Rcdistes Le secrétaire général du CPR a rappelé que son parti est pour l'élargissement du consensus concernant le gouvernement dans un esprit de remaniement, insistant sur l'attachement à la légitimité de l'Assemblée nationale constituante et du gouvernement qui en a découlé. Il a affirmé que l'assassinat du militant de l'opposition Chokri Belaïd est un crime politique qui vient dans une certaine atmosphère de tension qui a été exploitée pour réclamer la dissolution du gouvernement, ce qui est inacceptable, selon lui. Il a insisté sur le devoir de connaître la vérité sur ce crime tout en évoquant le martyr Lotfi Ezzar. «L'étape avenir est celle de l'application de la loi à un pied d'égalité, ce qui consacrera un climat de sécurité. Nous ne voulons pas exagérer dans l'évaluation de la situation. Le sort de la Tunisie est entre les mains de tous les Tunisiens. Il nous faudra un engagement pour que cette phase transitoire prenne fin en cette année 2013. Pour revenir à l'initiative du chef de gouvernement, nous avions proposé une idée similaire auparavant mais cette proposition doit passer à l'ANC pour approbation, d'où la nécessité du consensus. M. Hamadi Jebali a défié son parti dans une initiative qui favorise l'intérêt public et c'est positif à notre avis, sauf que dans le cadre d'un gouvernement de technocrates, on pourra avoir des symboles du régime déchu et notamment un éventuel retour des Rcdistes, ce que nous refusons catégoriquement. D'autant plus que réduire le nombre des portefeuilles ministériels n'est pas la solution magique alors que le rendement des ministères actuellment, je l'avoue, est resté en deçà des attentes. Plusieurs dossiers n'ont pas été ouverts jusque-là et nous aurions pu réaliser de meilleurs résultats. Cependant, il y a des problèmes comme le chômage, pour lesquel on n'aura pas de solutions ni cette année ni en 2014», a ajouté Abbou. Il a d'autre part, évoqué les avancées réalisées dans certains dossiers comme celui des médias dont les décrets 115 et 116 n'attendent que l'activation... D'après lui, la garantie du maintien du CPR dans la Troïka fera l'objet d'un document qui devra être élaboré conjointement avec ses deux alliés. Pour sa part, Hedi Ben Abbes, porte-parole du CPR, a indiqué que la décision de son parti de donner un moratoire émane de la situation délicate que connait le pays. «Le paysage politique du pays a changé après l'assassinat du martyr Chokri Belaïd, ce qui a affecté la situation sécuritaire et économique. Pour ce qui est du président de la République, il reste le garant de l'union nationale et nous sommes attachés à M. Moncef Marzouki à ce poste. Ennahdha nous a promis de réaliser un consensus national avec la participation de plusieurs partis dont le mouvement Wafa, l'Alliance démocratique, et ce à travers le dialogue. Si nous n'arrivons pas à un consensus, nous partirons du gouvernement», a-t-il conclu.