Bien que la femme tunisienne représente la moitié de la société, elle reste moins présente voire absente de l'arène politique. Deux ministres femmes seulement ont été nommées dans le gouvernement démissionnaire. L'une était chargée des Affaires de la Femme, l'autre de l'Environnement en plus d'une secrétaire d'Etat chargée de l'Habitat. Le bilan de travail des ministres femmes est le moins que l'on puisse dire négatif voire catastrophique. En effet, l'une a veillé à un agenda politique d'un parti qui n'est même pas le sien, l'autre ne prêtait pas attention à l'essence même de son ministère, l'environnement. Quelle place sera accordée à la femme dans le gouvernement d'Ali Larayedh ? Y-aura-t-il une meilleure présence de la gent féminine ? Des questions qui restent pour l'instant sans réponse en attendant la formation du prochain gouvernement. Et si certains se montrent optimistes et défendent la présence de la femme dans les postes de prises de décision, d'autres désespèrent et ne s'attendent pas à ce que l'on accorde plus de ministères à la femme, étant donné que nous vivons dans une société misogyne, dominée par des hommes machos. Faisant un flash back dans le travail des ministres femmes, on constate que la ministre des Affaires de la Femme s'est distinguée par des déclarations provocatrices plus que des projets de travail ou des enquêtes ayant pour objectif d'améliorer les conditions de vie de la femme, de l'enfant et de la famille tunisienne en général. Nul ne peut oublier ses propos qui touchent de loin ou de près le Tunisien, dont le mariage « Ourfi », le pouvoir, la campagne du port du Niqab chez les enfants... Sihem Badi a laissé de côté son travail pour se transformer lors des derniers jours en défenseur du Mouvement Ennahdha. Elle a même donné des ordres au peuple tunisien pour « se taire », rien que pour préserver son poste. Et la ministre de l'Environnement? Quant à Memia El Benna, ministre de l'Environnement, elle s'est distinguée par son absence. Le rendement de cette ministre très effacée n'était pas très fameux, surtout en termes de protection de l'environnement. Nul ne peut nier que la Tunisie a changé de visage. La capitale ainsi que d'autres villes ont été défigurées pour se transformer en des décharges anarchiques à ciel ouvert, créant ainsi de nouveaux circuits d'ordures. Ils ont, même pris la place des circuits écologiques. En fait, la Tunisie a perdu lors de ces derniers mois de sa réputation ainsi que de son allure à cause du manque de savoir-faire à différents niveaux. Mais comment se justifie cette faiblesse ? S'agit-il d'un mauvais choix ou plutôt de l'incompétence de la femme tunisienne ? Il importe de dire à ce niveau que le rendement des ministres femmes est à l'image du gouvernement démissionnaire. Ces ministres n'ont pas réussi à se distinguer dans le sens positif, car elles manquent d'expérience dans le domaine. Ce n'est pas tout. Leur échec est dû entre autres à leur subjectivité. Certaines ont veillé plus à des agendas politiques plus qu'à l'intérêt général des citoyens et des citoyennes. Elles étaient des femmes soumises à des agendas politiques qui ne croient pas aux principes universels, tels que la parité et l'égalité entre l'homme et la femme. D'ailleurs, plusieurs activistes sont convaincus de cette idée et avouent que le poids de notre société misogyne, continuera à peser lourd sur la femme laquelle n'aura pas un meilleur sort lors du gouvernement de Ali Larayedh. Quelques activistes pas très féministes croient au travail de la femme sur le terrain plus que dans le gouvernement qui sera dominé lui aussi par des hommes. Sana FARHAT
L'avis des activistes Om Zied, activiste et militante des droits de l'Homme « L'équilibre entre l'homme et la femme ne compte pas pour les décideurs actuels » « La présence de la femme dans le gouvernement ne vaut que dalle. D'ailleurs, je suis convaincue que l'équilibre entre l'homme et la femme ne compte pas pour les décideurs actuels. Mieux encore, je considère que la femme tunisienne est gardienne du modernisme et des libertés sans être présente dans le gouvernement. Elle a toujours été dans les premiers rangs pour défendre ces principes ainsi que les libertés. Il faut dire, par ailleurs, que sa présence dans les postes gouvernementaux a été formelle et ce, aussi bien avec Ben Ali qu'avec les décideurs actuels. Mais, actuellement, je suis convaincue que la participation de la femme dans la vie publique ne sera plus formelle. En fait ce qui m'intéresse, ce ne sont pas les postes, mais ce qu'on va imposer à nous les femmes sur le terrain et pas au sein du gouvernement ».
Amna M'nif, présidente de l'association Kolna Tounes «Nous sommes dans une société de misogynes» « Le rendement du ministre de l'Environnement était quasi nul et cela rentre dans l'évaluation générale du rendement du gouvernement démissionnaire. En fait l'absence de la femme dans les structures de prise de décision n'est pas imputable au gouvernement. Nous sommes dans une société de misogynes et ce aussi bien auprès des démocrates que ceux qui sont au pouvoir lesquels n'arrivent pas réserver une place à la femme dans le pouvoir. D'ailleurs, tous les gouvernements qui se sont succédé au pouvoir après la Révolution ont été marqués par une très faible présence de la femme. La troïka n'a pas dérogé à cette « règle ». Pis encore, nous avons constaté l'absence totale de la femme du Conseil des Sages formé par le chef du gouvernement démissionnaire. Pour ce qui est du prochain gouvernement, il faut qu'il soit composé de compétences sans distinction de genre. Mais y-aura-t-il des femmes ? Je doute que la mentalité des hommes change. Ils continueront à adopter le principe de discrimination. C'est une société de machos et le gouvernement sera très certainement masculin. Il accordera quelques rôles de figuration pour les femmes pour les faire valoir ».
Sana Ghnima , présidente de Femmes et leadership « Je suis pour le front office » « Je suis pour le front office. L'apport de la femme est important. C'est même crucial dans la mesure où elle va apporter un plus. Nous sommes dans une phase de construction et nous avons donc besoin de toutes les compétences. Il n'y avait pas de femmes dans l'ex-gouvernement. Leur présence était plutôt du facto ».