Le président Saïed dénonce une campagne de déstabilisation depuis l'étranger    Boubaker Bethabet reçoit les félicitations d'Anas Hmaïdi pour son élection au bâtonnat    Sherifa Riahi : Intersection pointe des violations subies en détention    Le Maroc impose un visa temporaire à plusieurs pays dont la Tunisie    La pièce de théâtre tunisienne « Faux » triomphe en Jordanie et remporte 3 prix majeurs    L'ombre comme ennemi, le vide comme allié    6,5 millions de dinars pour 450 dossiers... qui en profitera vraiment ?    Reconnaissance de l'Etat palestinien : une illusion diplomatique qui masque l'urgence des sanctions ?    Liste des collèges et des lycées secondaires privés autorisés en Tunisie pour l'année scolaire 2025-2026    Hôpital Mongi Slim : inauguration d'un centre de formation en médecine traditionnelle chinoise et 7 unités de soin    L'huile d'olive tunisienne : les prix s'effondrent malgré la hausse des exportations    Youssef Belaïli absent : La raison dévoilée !    La Défense nationale recrute : 7 ingénieurs informaticiens recherchés !    Invasion de criquets pèlerins 2025 : l'Onagri détaille la riposte tunisienne    Dimanche, campagne de vaccination gratuite pour les chats et les chiens à Ezzahra et Ben Arous    Israël promet « une force sans précédent » à Gaza-ville    Ben Arous : cette nuit, déviation partielle de la circulation au niveau de l'hôpital des grands brûlés    ASM- ASS (1-0) : Et Ahmed Hadhri surgit !    Le CSS l'emporte in extremis : Chèrement acquis    Le CAB enchaîne un deuxième succès contre : l'ASG Trois points précieux !    Suspension temporaire des services du Registre National des Entreprises    Croissance annoncée par l'INS : Houcine Rhili exprime de sérieux doutes    Boulangeries : deux mois de compensation réglés, pour un total de cinquante millions de dinars    Tunisair : le ministre des Transports accorde 15 jours pour améliorer les services de la compagnie    80 000 policiers mobilisés : Paris sous haute tension    Tunisie : El Fouladh lance un concours pour recruter 60 agents    Affaire de corruption : Taieb Rached et Najib Ismail resteront derrière les barreaux    Kais Saied dénonce les coupures intentionnelles d'eau et d'électricité et critique la gestion administrative    Indonésie : Séisme de magnitude 6,1 en Papouasie    Coupe du monde 2026 : l'Afrique du Sud menacée d'une lourde sanction !    USMO : fin de l'aventure pour Victor Musa    Habib Touhami: Quand ressurgissent les fantômes du passé!    Onu-Veto américain à un projet de résolution pour un cessez-le-feu à Gaza    Météo : Soleil et mer calme    Grèves en France : des centaines de milliers de manifestants dans la rue    Open de Saint-Tropez : Moez Echargui qualifié pour les quarts de finale    La BH BANK renouvelle ses interventions sociales en partenariat avec l'Union Tunisienne de Solidarité Sociale    La Tunisie gagne des places dans le classement de la FIFA    Journée internationale de l'ozone : la Tunisie réaffirme son engagement aux côtés de l'ONUDI et de l'ANPE    Le Royaume-Uni prêt à reconnaître la Palestine ce week-end    Vol Paris-Corse : plus de 15 minutes dans les airs... ce qui s'est passé va vous surprendre    Sfax célèbre l'humour à l'hôtel ibis avec ibis Comedy Club    La Bibliothèque nationale de Tunisie accueille des fonds de personnalités Tunisiennes marquantes    Fadhel Jaziri: L'audace et la norme    "The Voice Of Hind Rajab » film d'ouverture du Festival du film de Doha    Mois du cinéma documentaire en Tunisie : une vitrine sur le cinéma indépendant et alternatif    Fadhel Jaziri - Abdelwahab Meddeb: Disparition de deux amis qui nous ont tant appris    1,5 million de dollars pour faire de la culture un moteur de développement en Tunisie    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Au fondement de l'humanité (II/II)
Clôture du cycle Haneke au Cinémadart
Publié dans Le Temps le 10 - 03 - 2013

« Amour » est le film qui a permis à Haneke d'être consacré réalisateur de l'année grâce à la pléthore de prix glanés ça et là dans les manifestations les plus en vue consacrées au cinéma. Avec « Amour », le réalisateur autrichien continue son travail inlassable de chirurgie des âmes. La confrontation avec la mort est dans « Amour » sans détour.
Un couple d'octogénaires, plutôt bien portant voit son quotidien bouleversé suite à la maladie de l'épouse devenue dépendante puis impotente. Par Amour et fidélité à une promesse faite à sa femme de ne pas la renvoyer à l'hôpital, le mari prend à bras le corps la maladie jusqu'au jour où meurtri par le spectacle de la déchéance de son épouse il décide d'en abréger les souffrances en la tuant. Haneke creuse dans « Amour » le thème de l'amour confronté à l'inéluctabilité de la mort. Le mal s'abat comme une fatalité dont l'issue certaine ; la mort ; ne peut être conjurée qu'à la faveur d'un acte suprême d'amour le meurtre. A travers son acte souverain, l'époux déjoue la fatalité en anticipant sur un processus à l'issue toute tracée. Ce faisant, Haneke oppose le libre arbitre à la transcendance du religieux. Ce credo travaille l'ensemble de l'œuvre du réalisateur autrichien. Ce qui peut prendre l'allure d'une fatalité est toujours la conséquence d'un acte responsable imputable à une faute originelle (« Caché » mais aussi « Le ruban blanc »). L'individu est toujours responsable et comptable de ses actes. La mécanique de Haneke est souvent démonstrative, son cinéma fonctionnant comme un décapant contre les apparences trompeuses du destin. Le tour de force d' « Amour »est de réussir à transfigurer l'abjection (le meurtre d'autrui) en manifestation démiurgique au cours de laquelle l'humain se substitue à son créateur par amour pour son prochain.
« Amour » constitue une sorte d'aboutissement dans la trajectoire cinématographique de Haneke. Cinéaste de la maîtrise à travers la précision de son travail de mise en scène, ses plans composés au cordeau, son travail sur une temporalité lente, sa tendance à la dédramatisation, Haneke s'avère être paradoxalement situé entre le classicisme et la modernité au cinéma. Sa foi en l'individu se trouve quelque part démentie par le caractère verrouillé de son cinéma. A trop vouloir être démonstratif, le cinéaste autrichien asphyxie son spectateur en lui refusant tout espace de liberté dans ses films. On entre dans les films de Haneke avec le sentiment que l'on assistera impuissants à un cinéma sur lequel nous n'avons aucune emprise, aucun moyen de contestation, de remise en question. Le spectateur est en apnée durant deux heures sort probablement éclairé d'un film de Haneke mais sonné et frustré de ne pas pouvoir dialoguer avec son cinéma tant il semble massif. La modernité cinématographique si elle se revendique d'une rupture esthétique avec la codification extrême du cinéma classique relève aussi d'un projet émancipateur pour le spectateur. Une dimension politique à travers laquelle le récepteur d'un film conquiert des marges de liberté face à des films plus ouverts qui n'hésitent pas à afficher leurs béances et leurs incertitudes. A travers la volonté de puissance de sa mise en scène, le cinéma de Haneke aliène son spectateur en le condamnant à la passivité.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.