L'aventure de nos cadets se termine sur une note frustrante. Et elle ne l'est pas tant au regard du résultat que de la manière. Notre sélection avait certes affaire à une France qui a ses traditions dans la formation des jeunes, qui reste aussi (avec les Hollandais) le modèle absolu de la grande fiabilité, du haut degré de performance des centres de football. Avec le centre de Borj Cedria à la genèse duquel avait assidûment travaillé Kasperczack et quelques autres à travers la République, nous emboîtons partiellement le pas aux Français. Même approche dans le ciblage des jeunes, mêmes recettes de formation plurielle et presque le même cursus. Sauf que chez les Français, cela se fait d'abord au niveau des clubs pour que le gratin soit pris en charge par les centres étatiques. Les cadets qui ont battu les nôtres, hier, vont vivre ensemble, pour un certain temps encore. Le schéma directeur ayant présidé à leur assemblage n'est donc guère déterminé par les échéances. Ils passent ensemble à la tranche d'âge supérieure et c'est à ce moment-là, que les clubs en récupèrent ceux qu'ils jugent comme étant les meilleurs. Il y en a même qui sont recrutés par de grands centres de clubs selon le régime " semi -professionnels ". Ainsi De Frey, arrivé cadet au centre de formation l'Inter, il y a sept ans et qui est devenu l'un des meilleurs gardiens du Calcio (il garde les bois de Fiorentina, après l'Inter et Parma). Ainsi de Silvestre, etc... Qu'en sera -t-il donc de nos cadets ? L'aventure mondialiste est finie. Ils auront vécu, travaillé et souffert ensemble durant quatre ans pour nous procurer trois belles victoires (les premières de l'histoire du football tunisien) et une défaite qui nous reste quand même en travers de la gorge. Mais il y a comme une suspicion de déterminisme génétique : seniors, juniors, minimes et, hier, cadets, ont ce même péché originel : ne pas aller jusqu'au bout ; fléchir mentalement et souffrir psychologiquement. Peut-être aussi parce que nous avons toujours su trouver les formules pour transposer la frustration de l'échec en une espèce d'autosatisfaction coquine. " Ils n'ont pas démérité "... " Bravo quand même les gars "... " Ils auront essayé "... autant de slogans imbibés dans la bouteille encore à demi -pleine... Mais dans tous les cas, nous faisons, illusion, comme hier face à la France. Aujourd'hui, il s'agirait plutôt de mûrir, de dépasser les fausses pudeurs et cette autosatisfaction rituellement prise pour de l'humilité. Nous voulons un football hautement performant au niveau de nos sélections ? Commençons alors par protéger nos sélections contre les vices endémiques aux clubs, et évitons de nous mettre en transe- technique hautement performante dans l'éventail de l'exorcisme collectif- chaque fois que nous effleurons les grandes performances. Nous ne sommes plus dans l'obligation de moyens. Mais dans l'obligation de résultats. Et pour commencer, transcendons les déterminismes paralysants ; paralysants justement dans le sens où nous n'avons toujours pas acquis, toutes catégories confondues, la culture de la performance. Il n'y a vraiment pas de raisons que les Ghanéens battent les Brésiliens et que, nous, nous nous fassions battre par les Français.