On était lundi après-midi. En ce 25 mars 2013, une grande campagne sécuritaire est prévue. Il faut dire qu'il y en a de plus en plus depuis des mois. Le ministère de l'Intérieur prépare presque quotidiennement une armada de groupes de policiers pour effectuer une campagne de ratissage dans le Grand-Tunis. Il faut dire qu'avec tous les excès et les dépassements, un climat d'insécurité s'est installé en Tunisie depuis la veille du 14 janvier 2011 et a augmenté avec l'instabilité politique et ses tiraillements. Depuis, les questions qui reviennent en leitmotiv chez les Tunisiens, à chaque fois qu'il y a un scandale : Où sont les agents de l'ordre ? Que fait le ministère de l'Intérieur ?». On pointe du doigt le système sécuritaire, on crie au déficit et à l'incompétence de tout le système sécuritaire. Départ en trombe de Bouchoucha 16h tapantes. Au moins une soixantaine du personnel de la Caserne de Bouchoucha est sur le pied de guerre. Une dizaine de voitures du type 4X4 et une quinzaine de fourgonnettes appartenant aux forces de l'ordre se rassemblent. Les hauts gradés donnaient les ordres et dispatchaient les tâches. Second lieu de rassemblement : le poste de police communément appelé «7ème», sis au cœur du centre ville de la Capitale. C'est le poste choisi pour cette opération de ratissage, comme poste de référence et de retour. Toutes les personnes qui seront arrêtées seront amenées sur place. Une fois là-bas, il fallait attendre qu'un certain renfort en termes de véhicules et de personnel soit mis à la disposition du Chef de poste de la police de la rue Yougoslavie et du chef de la police judiciaire. Après certains soucis d'organisation et quelques tensions dues au manque des moyens techniques, le départ est annoncé. Le ratissage a commencé. Rafik Zribi, lieutenant pour le compte de la direction générale des forces de l'ordre, 26 ans : «Je suis à ce poste depuis le lendemain de la révolution. Il s'agit cette fois-ci d'une campagne sécuritaire soutenue. Plusieurs groupes de la police y participent : les unités de force d'intervention rapide, les BOPS, la police canine et les unités spéciales de Brigade antiterrorisme. Parmi les objectifs de cette campagne, il s'agit de placer les policiers dans les endroits où il y a plus de risques de crime ou de transgressions de la loi. Pour cette fois-ci, le poste de référence est celui de la rue Yougoslavie où le renfort sécuritaire est important. On a prévu de larges opérations de ratissage sur le Grand-Tunis, poste de police de la rue Charles de Gaulle et celui de la rue de Cologne. Trois groupes ont été mis à la disposition de cette campagne composés de plus de 200 personnes qui seront sur le terrain. En termes de logistique, il s'agit de 10 voitures venant de plusieurs unités. Nos cibles c'est toute forme de violence, de tout comportement suspect et de transgression de la loi. Dernièrement, les campagnes sécuritaires sont de plus en plus fréquentes. On travaille, certainement, dans le risque mais c'est bien notre mission. Chaque opération sécuritaire comporte son lot de soucis, néanmoins on se protège avec les moyens du bord.» Ratissage sous haute tension Les unités se sont divisées en plusieurs équipes. Chacune avait pour mission de ratisser un circuit bien déterminé. Celui où l'on était, commençait à partir des plates-formes et tous les terrains appartenant à l'ex-projet Sama Dubaï, en passant par la station du TGM, le pont de Radès, tout le centre-ville. L'équipe était composée de 5 voitures 4X4 et de 5 fourgonnettes. Plusieurs cas d'ivresse ont été signalés, un psychopathe trainant avec une arme blanche, un pêcheur transformant son vétuste local en un bar ambulant, des groupes de jeunes cachés par-ci par-là en état d'ivresse. Ceux qui ont pris la poudre d'escampette ont été rattrapés après une bonne course parmi les décombres, la boue et les remblais. De grandes disputes se sont terminées par des arrestations en masse dans certains bars et cafés servant l'alcool au centre-ville. S'achevant à 22h passée, la campagne avait pour butin : une quarantaine d'arrestations dont 12 recherchés, 21 en état d'ivresse, 4 pour violence physique, une personne pour braquage, 14 personnes dont 5 femmes dans un bar mal réputé au centre ville, 2 barbus recherchés, 4 voitures transportant des passagers clandestinement et 2 pour port d'armes blanches sans autorisation.