Une opération sécuritaire d'envergure vient d'être lancée. Celle-ci a débuté le week-end dernier et s'est poursuivie vendredi, sous la forme de rafles et de descentes policières qui ont pratiquement touché tous les gouvernorats du pays. Cette campagne qui mobilise toutes les unités spécialisées des forces de sécurité intérieure, avec l'appui de l'armée, n'est évidemment pas passée inaperçue, s'agissant — il est vrai — d'une imposante démonstration de force d'une ampleur sans précédent. En effet, outre les centaines d'agents mobilisés, qui motorisés, qui à pied, mais tous...armés jusqu'aux dents, il est remarquable de constater que nos flics, fait rarissime, ont poussé cette fois le flair et l'audace jusqu'à investir les...impasses et ruelles étroites des cités qui étaient habituellement redoutées par nos forces de sécurité, parce que tout simplement s'y aventurer était, par le passé (du moins aujourd'hui), synonyme de risques aux conséquences généralement catastrophiques, s'agissant du fief privilégié de bandits notoires, ceux-là mêmes qui, en repris de justice avertis, y entassaient butin, armes blanches, drogue, boissons alcoolisées, bref tous les ingrédients de l'insécurité ! Chasse à l'homme C'est justement dans ces bases arrière pourtant difficilement abordables et hermétiquement verrouillées que les rafles ont enfin lieu. Une «première» qui a étonné plus d'un, particulièrement ces nombreux citoyens qui furent surpris, puis impressionnés, par des opérations de chasse à l'homme ayant défilé devant leurs yeux, telles les séquences d'un film d'action. «Croyez-moi, c'est du jamais vu dans notre quartier», jubile un habitant de l'Ariana, qui n'en revient pas encore, après avoir vu deux agents d'une brigade museler au coin d'une ruelle un délinquant qui tentait de prendre la poudre d'escampette. Mieux, dans d'autres quartiers populaires du district de Tunis (particulièrement au Kram et à La Marsa), des agents ont dû...braver couteaux et menaces de mort pour arrêter, avant-hier, de dangereux bandits embusqués sur le toit d'une maison ! Autre nouveauté de cette campagne sécuritaire des plus spectaculaires: deux opérations de contrôle de papiers sur trois ont dû s'effectuer au siège du commissariat de police le plus proche, alors qu'elles se déroulaient habituellement sur place, c'est-à-dire sur la voie publique. «On n'a pas le choix, quand on a affaire, par exemple, à un groupe de suspects, et ça a marché», précise un brigadier ayant pris part à cette campagne. Et d'ajouter, conciliant : «J'espère que les citoyens nous accorderont le préjugé favorable, car si nous avons parfois usé de rudesse et de rigueur lors du déroulement de la campagne, c'est que nous pensions à leur sécurité et au rétablissement de l'ordre et de la sécurité dans le pays». Un bilan flatteur Cette campagne étant à ses débuts, un premier bilan s'en dégage déjà, flatteur et prometteur. En effet, on a recensé quelque 950 arrestations parmi lesquelles des repris de justice recherchés et des évadés de prisons. Volet saisies, on a dénombré des voitures volées, des armes blanches, de la drogue et d'importantes quantités de boissons alcoolisées. Si ladite campagne a fait la joie des citoyens qui l'ont accueillie avec beaucoup de satisfaction et de soulagement, elle a, par contre, provoqué un...surbooking anormal au centre de détention provisoire de Bouchoucha, du côté du Bardo. Là où on a pris l'habitude d'embarquer toutes les personnes arrêtées. Or, le «pic» atteint ces jours-ci en matière d'affluence tranche avec l'exiguïté d'un centre qui a désormais un impérieux besoin d'extension.