Après la saison des incendies contre les mausolées, voilà ouverte la saison des viols contre la gent féminine : femme, enfant ou adolescente. En l'espace de quatre jours, la Tunisie compte 7 viols ! Du jamais vu. Indignés, citoyennes et citoyens tunisiens ont répondu présents aux appels lancés sur les réseaux sociaux pour un rassemblement devant le ministère de la Femme pour exprimer leur colère en jetant des chaussures devant ledit ministère. Début du drame : le viol d'un bébé Le scandale a commencé avec le viol d'une jeune fille de 3 ans par le gardien du jardin d'enfants dans lequel elle est scolarisée. Estomaquée et médusée, la société tunisienne conteste fortement ce viol de l'enfance. Les déclarations de la ministre de la Femme Sihem Badi ont ravivé le mécontentement social et celui de plusieurs élus à l'Assemblée constituante. Jusqu'à l'écriture de ces lignes, ils sont au nombre de 50 constituants à avoir signé la motion de reproche sur le retrait de confiance de la ministre de la Femme et de la famille. Trouvant insuffisante voire scandalisante la réaction de ladite ministre suite au viol de la gamine de 3 ans, les élus trouvent que Mme. Sihem Badi n'arrive pas à imposer la protection des enfants, ni à créer une cellule de crise alors que plusieurs signes avant-coureurs et inquiétants se propagent de plus en plus en Tunisie et mettent en danger l'enfance, à commencer par l'ouverture anarchique et sans autorisation de jardins d'enfants wahabistes en passant par ces enfants délaissés dans la rue ou non scolarisés. Au lieu de prendre en main ces graves atteintes aux droits de l'enfant, elle préfère jeter cette responsabilité au ministère de l'Intérieur et celui des Affaires Sociales. Ces violations ont atteint leur paroxysme avec le viol d'une enfant d'à peine 3 ans au sein même du jardin d'enfants où elle est inscrite par un membre du personnel (le gardien). Ce viol qui a ébranlé parents et Tunisiens n'a été perçu par madame la ministre qu'à travers quelques déclarations par-ci par-là. Aucune conférence de presse en bonne et due forme pour dénoncer cet acte et prouver que le ministère condamne vivement pareil crime. «Jetons des souliers devant le ministère de Sihem Badi» Comme signe de protestation, plus d'une centaine de personnes se sont rendues, hier matin, vendredi 29 mars 2013 devant les locaux du ministère de la Femme et de la Famille. Banderoles et affiches qui expriment leur colère contenue et qui exhortent la ministre de démissionner pour son «incompétence» et son «laxisme» quant au traitement de la question de l'enfance et de sa protection contre les risques qui la menacent. Scandant tantôt l'hymne national, tantôt des chants improvisés, les manifestants, jeunes et moins jeunes, femmes et hommes dénonçaient l'attitude de la ministre de la Femme et les viols perpétrés ces derniers temps à un rythme fou sans qu'elle ait eu une position radicale et tranchante digne d'une ministre et femme. Le détail qui tue, cette fois-ci, était bien ces chaussures et souliers jetés par les manifestants sur la devanture et les marches du ministère en signe de rejet de la ministre. Une soixantaine de paires de souliers s'est agglutinée devant des messages collés au mur, rappelant la clémence outrancière de ladite ministre face à la multitude de crimes commis contre la femme et les enfants sans qu'il y ait de déclarations officielles rassurantes et fermes de sa part. Chose qui aurait pu dissuader les futurs délinquants ou violeurs à violer ou attaquer femmes et enfants. En face de ce beau monde, quelque vingtaine de personnes sont venues soutenir la ministre. Une contre manifestation a été organisée pour défendre le travail de Mme. Sihem Badi et protester contre la série de reproches et de critiques qui la visent depuis des mois. Aucun indicent n'a été signalé. Les chaussures jonchent la façade du ministère de la Femme et de la Famille illustrant une image qui ne date pas de longtemps. Les Tunisiens et Tunisiennes n'ont pas appelé la photo prise lors de l'exposition vente des biens confisqués de Ben Ali et les Trabelsi, durant laquelle la ministre Sihem Badi posait avec une des chaussures de l'ancienne Première Dame de la Tunisie, Leila Ben Ali. Comme quoi, le Tunisien n'a pas vraiment la mémoire courte.