Accord sur la tenue de réunions bipartites mensuelles Réunion imminente entre le Chef du gouvernement et le secrétaire général de l'UGTT concernant le rapport final de la commission d'enquête mixte sur les incidents du 4 décembre 2012 Le Premier ministre Ali Laârayedh semble, plus que jamais, décidé à ne pas se mettre l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) à dos en cette étape délicate du processus de transition démocratique. En relançant le dialogue avec les dirigeants de la puissante centrale syndicale, le Chef du gouvernement espère visiblement désamorcer les tensions extrêmes qui caractérisent les rapports entre les deux parties depuis le 4 décembre 2012, date d'une attaque menée par des manifestants pro-gouvernement contre le siège central de l'UGTT à la Place Mohamed Ali à Tunis. Le premier round du dialogue UGTT-gouvernement s'est tenu jeudi entre une délégation gouvernementale composée, entre autres, de quatre ministres (Noureddine B'hiri, Ridha Saïdi, Khalil Ezzaouïa, Slim Ben Hmidane ) et une délégation syndicale regroupant cinq secrétaires généraux adjoints de l'organisation syndicale ( Sami Tahri,Samir Cheffi, Mohamed M'sallemi , Belgacem Ayari et Noureddine Tabboubi). L'application des accords sectoriels conclus entre les syndicats rattachés à l'UGTT, notamment les syndicats de l'enseignement secondaire et primaire, et plusieurs ministres ( Eduaction, enseignement Supérieur, Transport...) ont été au centre des discussions. Selon des sources syndicales, quelque 150 accords sectoriels n'ont pas été appliqués. La délégation syndicale a également appelé à supprimer les “limitations abusives” du droit de grève contenues dans l'actuel brouillon Constitution. Dans l'article 27 de ce brouillon consacré au Droit de grève, il est dit que ce droit est garanti tant qu'il ne présente pas un danger pour la vie, la santé ou encore la sécurité des citoyens. A la Place Mohamed Ali, on estime que le droit de grève ne doit subir que des limitations procédurales déjà contenues dans le Code de Travail. Le plus dur reste à faire Dans un communiqué publié jeudi soir, le gouvernement a fait savoir que les deux parties ont convenu de tenir des réunions mensuelles pour examiner tous les dossiers en suspens. La prochaine réunion prévue le 3 mai devrait être consacrée à des discussions sur la constitutionnalisation des droits économiques et sociaux, la situation économique et le dossier de l'intérim. Mais le dossier le plus épineux sera incontestablement la publication du rapport final de la commission d'enquête mixte sur les incidents du 4 décembre 2012. Ce dossier devrait d'ailleurs être traité au plus haut niveau. Une réunion devrait, en effet, se tenir incessamment le Chef du gouvernement Ali Laârayedh et le secrétaire général de l'UGTT, Houcine Abbassi. Après une douzaine de réunions tenues dans le cadre de la commission d'enquête mixte sur l'attaque ayant visé le siège central de l'UGTT, les représentants des deux parties ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur un texte commun. En définitive chaque partie a publié son rapport. Le degré de responsabilité des ligues de protection de la révolution dans ces événements a constituéla principale pierre d'achoppement entre le gouvernement et l'UGTT. Dans son rapport, la centrale syndicale a accusé ouvertement les Ligues de Protection de la Révolution (LPR) et des membres d'Ennahdha d'être derrière l'attaque du 4 décembre 2012. Elle a précisé qu'elle s'est appuyée sur deux rapports d'enquête, élaboréspar le ministère de l'Intérieur, des témoignages ainsi que des documents audio et vidéo pour montrer la préméditation de cette agression. Tout en reconnaissant la responsabilité partielle des LPR dans l'attaque, le rapport du gouvernement précise, quant à lui, que plusieurs parties sont impliquées dans les violences. “On ne peut attester que les LPR sont seules responsables de l'attaque contre le siège de l'UGTT. On ne peut conclure à leur implication dans ces incidents qu'au terme de l'enquête”, lit-on notamment dans ce rapport. Lutte d'influence ? Le gouvernement et l'UGTT n'en sont pas à leur premier bras de fer. Début février 2012, les rapports entre les deux parties se sont gravement détériorés entre les deux parties. A l'époque, tout est parti de la grève des agents municipaux qui a causé une accumulation d'ordures ménagères dans toutes les villes. Ce débrayage a donné lieu à des représailles. Des ordures ont été déversées devant les locaux de l'UGTT dans plusieurs villes, dont Tunis et les locaux de l'union locale de Feriana ont été incendiés. Ennahdha, la pièce maîtresse de la coalition gouvernementale, a démenti être impliqué dans cette tentative d'intimidation. Le 25 février 2012, le Premier ministre Hamadi Jebali a accusé certains hommes d'affaires du Sahel d'avoir financé l'acheminement par bus de miliciens du RCD (le parti de Ben Ali) vers Tunis, pour soutenir les manifestations organisées par l'UGTT. La tension était, à cette époque, telle que le leader d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, en personne a effectué une visite , le 10 mars 2012, au siège de l'UGTT. A cette occasion, les syndicalistes lui ont remis un tableau le montrant en sit-in au siège de la centrale syndicale, au début des années 1990 afin de lui rappeler , selon les observateurs, le rôle politique de premier plan que joue la centrale syndicale. Peu après l'attaque ayant visé son siège central le 4 décembre 2012, l'UGTT est allée jusqu'à décréter une grève générale qu'elle a annulé in extremis. La guerre larvée entre les deux parties n'a en réalité jamais cessé entre les deux parties. Des membres du gouvernement ou d'Ennahdha distillent souvent des déclarations selon lesquelles” l'organisation s'est transformée en une citadelle de l'opposition qui utilise le levier syndical pour fragiliser le gouvernement”. Aux yeux des observateurs avertis, les rapports conflictuels entre le parti majoritaire au sein du gouvernement et de l'ANC relèvent d'une lutte d'influence entre les deux principales forces du pays dont les programmes économiques et les modèles de société sont différents.