De notre envoyé spécial : Ikbal Zalila Trois amis, Tarak, Omar et Amjad , inséparables en dépit du mur de la honte escaladé tous les jours par Omar pour rejoindre ses amis dans les territoires.Ces trois jeunes en apparence sans histoire, préparent une opération contre l'occupant, la décision est précipitée suite à une énième brimade subie par Omar qui décide d'en découdre avec l'armée israélienne. Tarak organise l'opération, Omar s'occupe du vol du véhicule qui les conduira dans les alentours de la caserne et Amjad se chargera de tirer la balle qui abattra le soldat israélien. Omar est amoureux de Nadia sœur de Tarak, ils se voient en cachette en caressant le projet de se marier. Omar est arrêté, en prison on lui propose de livrer Tarak en échange de sa liberté. Il feint de marcher et prévient ses amis de ce qui se trame. Un piège est tendu aux soldats israéliens apparemment informés par une tierce personne. Retour en prison pour Omar qui renégocie sa sortie en promettant de tenir parole. Il sort et se rend compte qu'Amjad est le traître et qu'il a morflé en raison d'un chantage exercé sur lui par les Israéliens qui ont eu vent de la grossesse de Nadia dont il serait à l'origine. Tarak est tué accidentellement au moment où il apprend la nouvelle. Deux années plus tard, Omar apprend par Nadia désormais mariée à Amjad qu'elle a eu ses deux enfants après le mariage. Omar décide d'en finir. Voilà pour le pitch rocambolesque de « Omar » du réalisateur Palestinien Hani Abou Assaad, unique long-métrage arabe à Cannes toutes sections confondues. Pour rester très poli, on n'aurait pas pu trouver meilleur film pour desservir autant la cause palestinienne et celle du cinéma. Mise en scène très lisse, image surléchée, lamentos habituels contre l'occupant couplés à la réduction de la résistance à des rivalités de cœur entre post-adolescents. Un film qui comble de bonheur la « bienpensance »occidentale en ménageant la susceptibilité des amis d'Israël. Il pourrait même passer aux yeux de certains comme un film subversif puisqu'il ambitionne de s'attaquer au tabou de la collaboration dans les territoires occupés. Il y a dans « Omar » les ingrédients du film noir dont Hani Abou Asaaad se limite à reproduire certains codes visuels. Mais au-delà des courses poursuites haletantes en Steady-cam et du clair-obscur hyper stylisé, il y a le néant. Néant d'une construction scénaristique aux renversements invraisemblables et une ingénuité quant aux enjeux impliqués par une telle histoire, même si nous sommes dans une fiction vaguement apparentée à un film noir. En usant jusqu'à la lie de la fibre compassionnelle la justesse de la cause finit par s'étioler. Plus, même s'il n'y a aucune sacralité dans la représentation de la résistance et que celle-ci est aussi traversée de contradictions, il y a malgré tout une certaine impudeur à la démythifier de la sorte. Cela est évidemment un autre film possible dont aurait pu discuter la teneur à la condition que Hani Abou Assad prenne le taureau par les cornes par le biais d'une vraie proposition de cinéma. On peut toujours rêver comme du soleil sur Cannes qu'on croyait disparu à jamais.