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Abdelaziz Kacem: Le poignard d'Esmeralda
Publié dans Leaders le 14 - 09 - 2025

La plume piaffe sur la page enneigée et les doigts trébuchent sur les touches du clavier impassible. Je sèche. Pourtant ce ne sont pas les sujets qui manquent. Ils se présentent à moi sous la forme d'une longue table des matières d'une vaste encyclopédie sur la faillite morale du monde.
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Ainsi, se poursuit le martyre de Gaza. Les génocidaires ne s'en cachent plus, ils ciblent les enfants palestiniens qualifiés de «terroristes de demain». Ce n'est pas nouveau. Il me souvient d'un 2 avril 1979, Menahim Begin était en visite officielle au Caire en vertu des accords frelatés de Camp David. Les rues de la capitale égyptienne étaient vides. De-ci de-là, des banderoles surprennent les autorités. Elles s'adressent aux Cairotes : «Cachez vos enfants, le boucher de Deir Yassine arrive !» L'Egypte, un autre sujet brûlant auquel il est urgent de s'intéresser.
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Ainsi le calvaire de Gaza me bloque. Il ne me laisse même pas le loisir de pleurer la vieille et prestigieuse Syrie. Malheur aux pays contre lesquels s'acharne un impérialisme occidental des plus voraces et disposant du tiroir-caisse des Cheikhats que l'on sait. J'ai mal à ce creuset de civilisations profondément labouré par l'histoire et livrée à la lie des islamismes. Ils ont réussi à lui faire faire un bond de 14 siècles en arrière. La Syrie, ma Syrie, se résume dans ma tête obstinément lettrée au combat millénaire que se sont livré deux de ses enfants, le clair et l'obscur.
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D'un côté, un poète insigne, Abu al-Alaa al-Maarri (973-1057), qui a hardiment initié une formidable levée d'écrou au bénéfice de la raison. De l'autre, un théologien lugubre qui a re-cadenassé l'islam, Ibn Taymiyya (1263-1328). Wahhabites et daéchiens s'en réclament. J'y reviendrai un jour prochain, ne serait-ce que pour dire ce que j'ai à dire à une certaine gauche qui, partant d'un démocratisme désespérément adolescent, s'est retrouvée de connivence avec des obscurantistes festoyant leur victoire en semant la terreur, parmi les minorités paisibles du pays.
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Je suffoque. J'ai besoin d'air, de vent, un vent de liberté. Ô que j'aime le pays du Cèdre, celui de la résilience et des grandes émotions esthétiques. La raison a vibré si fort au retour d'un combattant insigne, après 41 ans d'incarcération, sans qu'il perde une once de ses convictions, Georges Ibrahim Abdallah. À lui tout seul, ce nom englobe et relie toutes les factions religieuses qui composent et décomposent ce pays harassé d'histoire. Mais Georges Ibrahim Abdallah est un militant communiste des temps épiques…
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Je suffoque. J'ai besoin d'air, ne serait-ce qu'un air de musique. Ô Liban, mon deuxième pays auquel me rattache un carthago-tyrien ADN, accepte cet étouffé pleurement que je dédie à l'incomparable rhapsode Ziad Rahbani, à l'artiste accompli, au dramaturge engagé, au soutien indéfectible de la Résistance. Que ne puis-je solliciter les Neuf Muses de m'aider à composer pour l'Ambassadrice du Liban auprès des étoiles, un thrène digne de son fils retournant au firmament natal.
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Téhéran, le 28 mars 2010 ou le jour où Victor Hugo, l'auteur de Notre Dame de Paris, s'est invité au bureau du Guide suprême de la Révolution. Ce dernier recevait le Chef du gouvernement libanais, Saad Hariri, venu, à la tête d'une importante délégation ministérielle, lui faire part des soucis que pose à l'Etat l'arsenal militaire dont dispose le Hezbollah en dehors de tout contrôle.
Peu avant la rencontre, il avait encore briefé ses compagnons sur la nécessité de poser essentiellement ce problème. Tarek Mitri, ministre de la Culture à l'époque (et actuellement vice-président du Conseil des ministres libanais), était du voyage. Il raconte : «Quand nous fûmes introduits, l'Ayatollah Khamenei réserva un accueil très chaleureux à son hôte en faisant un éloge appuyé au regretté Rafik Hariri, son père. Saad commença à lui brosser un tableau crucial de la situation au Liban. Khamenei le toisa:
• Monsieur le président du Conseil des ministres, avez-vous lu le roman Le Bossu de Notre Dame ?
À l'évidence, le haut responsable libanais ne l'avait pas lu, mais il acquiesça. «Ce roman, poursuivit le Guide suprême, raconte l'histoire d'une fort belle jeune fille, peut-être la femme la plus gracieuse de Paris. Il va sans dire que tous les hommes d'importance la voulaient ; les influents, les fortunés, les fiers à bras étaient subjugués par son charme. Quel était déjà son nom ?
• Esmeralda, répondit Tarek Mitri !
Le Guide suprême, tout sourire, le complimenta: «Bravo, vous êtes bien le ministre de la Culture, n'est-ce pas ?»
Et d'ajouter : «Tous étaient subjugués par sa beauté et sa délicatesse, ils la reluquaient d'un œil libidineux et cherchaient à la faire tomber dans leur escarcelle. Or Esmeralda avait sur elle un joli poignard bien affilé et qu'elle sortait pour se défendre contre quiconque tenterait de la violenter.»
Puis, s'adressant à Hariri, l'Ayatollah concluait : « M. le Président du Conseil des ministres, le Liban est semblable à cette belle dame. Le Liban est la nymphe de la Méditerranée. Toutes les puissances cherchent à s'approprier cette beauté. Israël est votre plus grand danger. L'armement de la Résistance est semblable au poignard d'Esmeralda.» Saad Hariri en resta sans voix.
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Le poignard d'Esméralda est de nouveau sur le tapis. Sous l'insoutenable pression américaine, les autorités libanaises, le Chef de l'Etat en tête, somment le Hezbollah de remettre à l'armée nationale tout l'armement dont il dispose, l'Etat ayant, seul, le pouvoir de déclarer la guerre et de conclure la paix. Quoi de plus normal que l'Etat exerce son monopole de la violence légitime. Oui, mais la conjoncture régionale n'a rien de normal et nulle armée régulière arabe n'est en mesure de libérer un pouce des territoires occupés par l'ennemi sioniste. La résistance peut. La désarmer équivaudrait à déposer les armes aux pieds d'un César de pacotille, en prélude à une imminente et honteuse normalisation. Tout comme certains individus marqués et marquants, bien des pays doivent faire face à leur tragique destin.
Abdelaziz Kacem


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