Organiser les radios libres dites également, associatives qui ont fleuri en Tunisie depuis la Révolution, n'est pas encore chose sûre. La tâche n'est pas aussi aisée que l'imagine les acteurs dans le domaine, et ce parce qu'il s'agit d'une expérience nouvellement lancée dans notre pays. Ce n'est pas tout. En fait, les paysages politique et médiatique ne sont pas encore stables. Notamment, la HAICA supposée organiser les médias audiovisuels à travers des cahiers des charges, n'arrive pas à démarrer concrètement. Elle risque même de tarder davantage car, les procédures de sa mise en place ne sont pas prises concrètement. Dès lors, créer une radio libre selon des critères régis par un document officiel ne sera pas une affaire simple. C'est plutôt un travail de longue haleine sur lequel se penche -depuis des mois- le Syndicat Tunisien des Radios Libres (STRL) avec le soutien de l'Association Mondiales des Radiodiffuseurs Communautaires AMARC. C'est dans ce cadre d'ailleurs, que s'inscrit la manifestation organisée hier par le STRL et l'AMARC au Syndicat National des Journalistes Tunisiens, où les propriétaires de ces radios se sont réunis pour discuter des mesures à prendre pour faire du plaidoyer auprès des instances concernées directement et/ou indirectement par la question. Concrétiser cette idée et signer un cahier des charges, « ce n'est pas sûr », fait remarquer Emmanuel Boutterin vice-président de l'AMARC. Cela se justifie par le fait que « l'expérience est à son début, et que la Tunisie est encore en phase constitutionnelle », ajoute le vice-président de l'AMARC. Le plaidoyer Mais, le responsable ne désespère pas. Il s'est montré très confiant en encourageant les jeunes propriétaires et animateurs des radios libres à faire du plaidoyer pour leur projet. Emmanuel Boutterin n'oublie pas, également, de rappeler aux participants que la HAICA reste le meilleur partenaire voire le meilleur interlocuteur avec lequel il faut travailler sur ce projet. Mais pourquoi ? En fait, c'est parce que les autres structures « ne sont pas garanties », d'après lui. Dans ce cadre, le vice président parle des constituants, de l'Office National de Télédiffusion (ONT) et de l'Agence Nationale des Fréquences (ANF) qui ne s'intéressent plutôt qu'à l'aspect technique. Travail de longue haleine Pour mieux atteindre leur objectif, les concernés sont appelés à travailler sans être trop bousculés. « Il faut savoir rassurer la HAICA et le législateur », recommande Boutterin. Cela se justifie par le fait que le paysage politique ne s'est pas encore stabilisé dans notre pays à cause du retard des élections. Les élus du peuple qui sont à l'ANC actuellement ne seront pas nécessairement des députés lors de la prochaine échéance électorale. Il s'agit par conséquent, d'une « difficulté pour les radios libres car, ils n'ont pas d'interlocuteurs stables ». A cet égard, le vice-président de l'AMARC recommande de bien réfléchir sur une formule qui fait moins peur aux constituants, d'autant plus que ces derniers ne sont pas très motivés pour soutenir les radios libres, « car ils ont peur d'une chose », du fait que les radios locales fassent du politique national, que les radios libres s'érigent en donneurs de leçons. Boutterin recommande de réfléchir à une formule qui fait moins peur. C'est essentiel pour garantir la durée de ces radios dans un contexte libre. « La tâche est très simple pour un journaliste », considère Emmanuel Boutterin lequel appelle les participants à miser sur d'autres instances notamment, le gouvernement et la présidence de la République. Il importe par ailleurs, de « savoir faire un lobbying », attire-t-il l'attention pour gagner ce pari de liberté pas très facile et qui demande surtout un engagement à toute épreuve.