La polémique sur l'attribution des fréquences radio entre ceux qui soutiennent qu'elles sont limitées et ceux qui estiment qu'il est possible d'avoir de nouvelles radios en Tunisie est-elle en voie d'être résolue ? L'Association mondiale des radios communautaires (Amarc) et l'Office de la radiodiffusion et des communications électroniques (Orcel-France) ont pris l'initiative d'effectuer une étude sur la question et sont arrivés à la conclusion selon laquelle «il est possible de gagner 30% de nouvelles fréquences en moyenne sur tout le territoire tunisien tout de suite et de doubler le nombre de fréquences si l'on autorise de nouveaux sites d'émission». A la question de savoir s'il est possible d'apporter une réponse définitive à cette querelle de fréquences limitées invoquées par les autorités et rejetées par les promoteurs de stations radio insatisfaits, Emmanuel Boutterin, vice-président d'Amarc (siège établi à Montréal) et l'un des initiateurs de l'étude intitulée : «En faveur des radios associatives et de proximité en Tunisie», est catégorique et tranchant : «Oui, il est possible de résoudre cette question et de montrer que la limitation des fréquences est une fausse affaire. Les experts tunisiens et français de la société sont convaincus que c'est une question de volonté politique». Il ajoute : «Dans les années 80 du siècle dernier, l'Union internationale des télécommunications a accordé 275 fréquences radio à la Tunisie. Seulement, 130 fréquences sont utilisées jusqu'à aujourd'hui. Les autres fréquences sont gardées en réserve par l'Office national tunisien de télédiffusion qui a le monopole de la diffusion. Une autre partie de ces fréquences est occupée illégalement par des puissances étrangères au niveau des frontières terrestres et maritimes (au Nord par les Italiens et au Sud-Est par les Libyens). Et cette situation n'est pas spécifique à la Tunisie. Le Maroc en souffre également mais les autorités en place ne font rien pour changer la situation». Quelle solution faut-il adopter pour faire face à cette question ? «L'Amrac et l'Orcel, précise Emmanuel Bouterin, ont justement une solution. Il s'agit de l'organisation d'une conférence à laquelle participeront l'Italie, l'Algérie, la Libye et la Tunisie, sous l'autorité de l'Union internationale des télécommunications, en vue d'exiger la limitation de la puissance des émetteurs étrangers afin que la Tunisie puisse retrouver sa souveraineté en matière de spectre hertzien (en bande FM). Mieux encore, on peut gagner beaucoup plus de fréquences. Nous considérons que les radios peuvent se libérer de la mainmise de l'Office de télédiffusion en diffusant elles-mêmes, à l'instar de ce qui se passe dans plusieurs pays du monde. Sur un autre plan, les émetteurs peuvent être installés sur les côtés des montagnes (et non sur le haut des montagnes comme c'est le cas à l'heure actuelle), ce qui permet de gagner jusqu'à 300 fréquences localement». Emmanuel Boutterin conclut en soulignant : «Il est aberrant de ne pas pouvoir capter une radio tunisienne dans une région du Nord-Ouest pour absence de fréquences, alors que les radios algériennes sont captées facilement dans ces mêmes régions. Pour nous, aux associations Amarc et Orcel, il y a de la place pour des dizaines de radios locales et associatives. Les limites techniques peuvent être levées facilement. Reste à savoir si les autorités politiques ont la volonté pour le faire ou non et c'est là que doivent intervenir la société civile et les partis politiques». Il est à préciser que l'étude entreprise par Amarc et Orcel, dont les grands axes seront présentés aujourd'hui au grand public, s'inscrit dans le cadre des festivités célébrant la Journée mondiale de la liberté de la presse.