Au cours des dernières années, Amel Zaiem, cette artiste prolifique au talent exceptionnel, ne cesse de créer et d'exposer, en solo ou en collectif, ces travaux qui sentent certes l'innovation, mais aussi l'originalité et le cachet singulier et remarquable chez Amel Zaiem. Toujours présente sur la scène culturelle, elle nous surprend chaque fois de ses œuvres plastiques d'où émanent ce désir d'émancipation et de délivrance et ce goût pour l'évasion et l'élévation vers de nouveaux horizons où règnent paix et liberté. Forte de ce profond enracinement dans les traditions d'une culture arabo-musulmane, elle n'hésite pas de recourir aux techniques picturales modernes pour s'ouvrir sur le monde et faire de son art une expression universelle qui touche tous les hommes. C'est qu'on remarque, à travers le parcours de l'artiste, qu'elle s'est mise au diapason du mouvement plastique toujours en mutation continue et qu'elle compte parmi les plasticiens les plus talentueux de la Tunisie. Ses œuvres véhiculent toujours un message qui n'est pas difficile à déchiffrer, car l'artiste rêve d'un monde de paix, de bonheur, d'égalité et de prospérité pour tous les hommes. Dans cette exposition personnelle, tenue actuellement à la Galerie Guermassi, Amel Ben Salah Zaîem, parle de « Chaînes », titre qu'elle a choisi pour ses oeuvres. Ce mot qui désigne, dans son sens large, le lien métallique formé d'une suite d'anneaux, renvoie en réalité à plusieurs connotations, positives ou négatives, d'après les tableaux exposés et dans l'esprit de l'artiste. 17 travaux, peinture à huile sur bois, portent sur un lieu (terre, pays, prison…) ou une notion (amour, jalousie, méchanceté, bonté…) où le terme « chaîne » est omniprésent, comme pour dire que l'homme est toujours en lutte contre les chaînes, les restrictions, les interdictions qui lui sont imposées et qu'il est tenu à s'en débarrasser, pour vivre heureux, libre et sans contraintes. Cependant, l'artiste attribue à ses « chaînes » des bienfaits qui pourraient, à certains égards, être d'un grand apport pour l'individu. Dans « Chaînes de la création », Amel fait montrer que la création est tributaire d'un ensemble d'impératifs auxquels l'artiste doit être soumis et qui sont le garant de la bonne qualité de l'œuvre, comme par exemple, son engagement en faveur d'une cause humaine, politique, religieuse ou sociale ou encore la sensibilité et l'attachement aux valeurs esthétiques et au message à transmettre. Dans le tableau intitulé « Chaînes de l'Amitié » qui requièrent la fidélité et la confiance à l'égard de l'ami. « Chaînes du pays » est un autre travail qui rappelle l'amour de la patrie, la fierté d'y appartenir, le devoir et le dévouement sans bornes. De même, dans « Chaînes de la jalousie », il y a, outre les aspects négatifs de ce caractère commun à tous les mortels, d'autres points positifs qui, selon l'artiste, poussent l'individu à aspirer au mieux et réaliser ses rêves. Bref, pour Amel Ben Salah Zaiem, les « chaines » ne sont pas toujours négatives, elles peuvent être bénéfiques dans la mesure où elles constituent un facteur psychique, une conviction intellectuelle et un effort physique. On parle alors de chaînes positives, celles qui prémunissent contre la paresse et éradiquent la passivité !» On retient également dans cette expositio, la présence de quatre œuvres déjà exposées auparavant et qui restent d'une actualité brûlante : il s'agit de deux toiles, « Le Martyr » et « Révolte II » et deux installations très remarquables, « L'Autre et Moi » et « La Chaise Maudite », œuvres créées juste après la Révolution qui, selon l'artiste, s'est déviée de ses idéaux. En effet, on ne voit que des partis qui se querellent ayant pour seul but l'accès au pouvoir et une fois installé sur la chaise, il s'y accroche en voulant l'usurper à vie. Ce syndrome de la chaise est et restera irrémédiable chez nos gouvernants qui, une fois intronisés, ne quittent la chaise qu'avec la mort ou suite à un soulèvement populaire. « Même morts, nous confia l'artiste, ils auraient aimé la prendre avec eux dans l'au-delà ! ».