La décision a été prise il y a presque un mois lors de l'Assemblée Générale commune entre le syndicat de base de la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis et l'Association Tunisienne de Défense des Valeurs Universitaires. En fait, les universitaires se sont mis d'accord le 22 mai 2013, pour lancer une pétition afin de protester contre l'appel interjeté par le ministère public dans l'affaire du doyen Kazdaghli, l'ingérence du pouvoir politique à l'Université et pour demander, également, la constitutionnalisation des libertés universitaires conformément aux normes et recommandations internationales en vigueur sur la question des libertés universitaires en plus de la neutralité de l'université. Des demandes légitimes, mais lancées en retard d'autant plus que l'année universitaire touche à sa fin. « La pétition n'a pas été suffisamment diffusée vraisemblablement, parce qu'elle a été publiée au moment où les universitaires étaient pris par les examens et où la société civile était focalisée sur la réussite du congrès contre la violence », c'est ce que présente Rabâa Abdelkafi, présidente de l'Association Tunisienne de Défense des Valeurs Universitaires comme argument pour justifier le retard de lancement de la pétition. Envoyée par courrier électronique aux différents acteurs de la société civile, aux intellectuels, aux artistes tunisiens et bien évidemment aux universitaires, la pétition soulève, entre autres, la question du Niqab à l'université tunisienne tout en dénonçant l'ingérence du pouvoir politique dans la gestion académique de l'Université qui n'a pas l'air de s'arrêter. A cet égard, les universitaires demandent du pouvoir politique de « ne plus s'ingérer dans la gestion académique de l'Université, d'appliquer les lois en vigueur dans le pays et de respecter ses institutions au lieu de tenter d'imposer -dans une violation flagrante de ces dispositions règlementaires- les positions de certaines parties au pouvoir qui veulent asservir, comme dans les régimes théocratiques, les codes vestimentaires et les règles académiques à des croyances religieuses sectaires ». Pour manifester leur refus de cette ingérence, les enseignants du supérieur envisagent de monter la pression. Ils tiennent en leur position annoncée il y a un mois et ce, en boycottant la journée du Savoir organisée par le président de la République à la fin de l'année scolaire pour honorer nos jeunes élèves et étudiants ayant réussi leurs parcours avec brio. Les libertés académiques Par ailleurs, la pétition incite les universitaires à se mobiliser davantage afin de défendre les libertés académiques et les valeurs universitaires. Un appel, certes noble, mais l'association réussira-t-elle à attirer leur attention en cette période ? En fait, l'année universitaire touche à sa fin alors que la quasi-totalité des enseignants sont occupés par la correction des copies d'examens et la remise des notes qui restent pour eux une priorité. La mission ne sera pas simple pour l'association laquelle suggère à la Fédération générale de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique de « se joindre à la coalition civile en cours de constitution pour défendre plus efficacement les libertés universitaires, l'autonomie institutionnelle et la liberté de création ». L'association mise également, sur le plaidoyer auprès des constituants pour les convaincre à constitutionnaliser les libertés académiques ainsi que la neutralité de l'université. Des revendications le moins que l'on puisse dire légitimes, mais seront-ils capables de le faire d'autant plus que les négociations de la Constitution démarreront très prochainement ? Il est clair que les universitaires sont déterminés à défendre leur cause pour pouvoir travailler dans une ambiance où, les libertés académiques et les valeurs universitaires sont les maîtres-mots. Cependant, ne sont-ils pas en train d'agir en retard d'autant plus que les vacances démarreront dans quelques jours. Ils auront par conséquent, beaucoup de difficultés à accomplir leurs projets de travail car toutes les activités seront en stand by, en attendant la prochaine rentrée. En fait Mme Abdelkafi a lancé un appel sur le net pour « diffuser la pétition sans modération! » pour mieux faire passer les messages. Trouvera-t-elle écho auprès de ses consœurs et confrères qui seront branchés beaucoup plus sur le sujet d'actualité : la démission de Rachid Ammar, Chef de l'Etat Major des trois armées en cette période critique ?