Le 30 juin, c'est un tournant décisif non seulement pour l'Egypte mais aussi pour la Tunisie. Les raisons en sont que l'une et l'autre sont gouvernées par les mêmes maîtres, les « Frères musulmans », les responsables de toutes les calamités d'après leurs détracteurs et qui sont, donc, déclarés refusés à l'examen de passage. Ces nouveaux gouverneurs des temps modernes qui s'affublent d'épithètes à la mode pour justifier leur position veulent gouverner leurs peuples respectifs avec des dogmes d'une époque révolue. La rébellion égyptienne est déclenchée par le fiasco engendré par cette politique stérile empruntée par ces islamistes à tous les niveaux. Echec sur toute la ligne En effet, rien de positif n'a été réalisé pendant un an de leur gouvernement en Egypte et presque le double en Tunisie. On a beau chercher leurs prétendues réalisations, on n'en a rien trouvées : l'économie est en crise, le niveau social en chute libre et les libertés menacées plus que jamais dont les manifestations les plus récentes, en Tunisie, sont les agressions quasi quotidiennes contre les journalistes et la condamnation d'un rappeur à deux ans de prison. Pire, les « Frères musulmans » participent à provoquer des querelles entre les composantes de la société qui ont toujours cohabité sans encombre les opposant comme des groupes rivales au nom de la religion dont ils font une propriété privée et à laquelle ils donnent des interprétations fantaisistes satanisant par là tous ceux qui ne leur partagent pas les mêmes conceptions. On monte les sunnites contre les chiites et les musulmans contre les laïcs en fonction des données du terrain, c'est leur manière de détourner les révolutions de leur processus, des révolutions auxquelles ils n'ont participé ni de près, ni de loin et que, bien au contraire, ils ont essayé de faire avorter en collaborant et en courant après la réconciliation avec les régimes déchus. Ce climat social très hostile que ces islamistes ont instauré devient un terrain assez fertile pour le terrorisme qui est, ainsi, bien installé dans les deux pays, des destinations touristiques par excellence, et où il a un avenir prometteur. Le truchement Il n'est pas difficile de repérer dans leurs manœuvres de fragmentation des sociétés tunisiennes et égyptienne l'ombre du projet du « grand Moyen Orient » annoncé par Condoleezza Rice, l'ex secrétaire d'Etat américaine, et appliqué en Iraq où les guerres fratricides prenant l'aspect religieux ou ethnique continuent à déchirer le tissu social confectionné depuis de nombreux et longs siècles. Il est enfin établi que les urnes n'étaient que le truchement dont se sont servis les Américains et leurs partenaires pour faire accéder au trône les islamistes et leur confier la sauvegarde de leurs intérêts qu'ils défendent farouchement même contre ceux de leurs pays. Ces se montrent plus « dévoués» que leurs devanciers vis-à-vis de ces puissances qui, en signe de reconnaissance, ont décidé de leur livrer d'autres pays tels que la Syrie que les islamistes tunisiens et égyptiens ont pourvoyé en jihadistes. L'accession au pouvoir des islamistes était préparée bien avant le dépouillement des bulletins de vote : la déclaration de Béji Caïd Essebsi au congres américain en août 2011 faisant la promotion d'un « islamisme modéré » ainsi que la promesse donnée par Hamadi Jebali au cours de la même période et dans la même enceinte de ne pas inclure l'incrimination de la normalisation avec l'entité sioniste dans la constitution, qu'ils défendaient, opiniâtrement, dans l'instance de Iyadh Ben Achour, et les connivences entre les militaires et les « Frères musulmans » en Egypte, au début de la phase de transition, en sont les preuves que personne ne peut réfuter. Les orphelins Ils sont si pressés d'asseoir leur pouvoir qu'ils se sont dévoilés dans un temps record ; vraisemblablement, leur départ sera aussi fulgurant que leur accession au pouvoir. Leur programme antipopulaire et antinational est aggravé par leurs incompétences flagrantes qu'ils essayent, vainement, de masquer par un vocabulaire d'emprunt et des gesticulations, faussement, savantes qui s'avèrent incapables de résister à l'intrépidité de la réalité qui refuse tout fard et défend sa nudité afin de rester un témoignage pour l'histoire. Pour justifier leur incrustation dans les articulations de l'administration par la nomination de leurs partisans à des postes clés, les dirigeants islamistes ne cessent pas de prétendre qu'ils ne dérogent pas aux règles en application dans les pays démocratiques où le parti vainqueur aux élections place son équipe au centre du pouvoir. Ils oublient ou plutôt font semblant d'oublier que ce dernier agit de la sorte dans le cadre d'un Etat de droit et des institutions qu'il œuvre à préserver et à renforcer, contrairement à eux qui tentent de mettre la main sur l'Etat profond pour le démanteler et le supplanter par un autre qui soit à leur mesure, ayant une configuration théocratique qui s'inscrirait sur la voie de la ressuscitation du « sixième califat », annoncé, un jour, par l'un de leurs dirigeants et dont les contours commencent à se préciser et à prendre forme à travers la rédaction du projet final de constitution, en Tunisie, et le projet de constitution de Morsi, en Egypte. Les « Frères » continuent à nous mener en bateau en s'entêtant à comparer des pays qui vivent une transition démocratique, dont l'état actuel montre à l'évidence qu'elle connaîtrait toutes les difficultés du monde pour accoucher, à des pays où la démocratie est bien implantée depuis de longues décennies, où l'Etat est bien solide et non pas fragilisé comme les nôtres. Leurs tentatives de s'approprier l'Etat sont vouées à l'échec, dorénavant, ils ne peuvent plus compter sur le soutien de leurs partenaires occidentaux, qui sont à la recherche d'une autre alternative, ni se prévaloir du modèle islamiste turc très en difficulté et menacé, lui aussi, d'effondrement, ni surtout s'appuyer sur le soutien des peuples qui ne sont plus dupes après qu'ils aient découvert le fin fond de leurs pensées et la vraie nature de leur projet. Quel scénario ? Comme à l'accoutumée, Barack Obama a salué, à partir de son compte Twitter, le mouvement émancipateur des Egyptiens exactement comme il l'a fait à l'aube de la révolution tunisienne où il a déclaré être du côté de la liberté des peuples et de leur droit à la démocratie, des valeurs qu'il défend, seulement, en paroles et qu'il bafoue sur le plan des faits à longueur de journée. Et on connaît bien la suite de cette sympathie simulée, un soutien inconditionnel aux islamistes. Il est à craindre que cette fois-ci les Américains et leurs alliés ne soient en train de préparer à ces pays un autre scénario pire que le précédent, celui dont ils vivent actuellement les retombées néfastes à tous points de vue.