Coup d'Etat militaire pour les uns, deuxième Révolution pour les autres, la destitution du Président islamiste élu, Mohamed Morsi, approfondit de jour en jour les clivages dans la Société égyptienne et nourrit la violence dans les rues d'Egypte. La Révolution, censée souder l'union nationale autour des objectifs pour lesquels le peuple a bravé la dictature et consenti de grands sacrifices, se transforme en un facteur de divisions et de luttes acharnées pour accéder ou se maintenir au pouvoir. Triste dérapage dans le pays du Nil, pivot d'un printemps arabe, applaudi par le monde libre et conçu comme l'éveil d'une nation tout entière, restée durant des siècles à l'écart du progrès et de la modernité. Pourquoi cette tournure tragique des événements en plein transition démocratique et l'éviction d'un président, légitimement élu. C'est cette légitimité électorale que les partisans de Mohamed Morsi brandissent, aujourd'hui, et à laquelle ses détracteurs opposent la légitimité révolutionnaire ou la légitimité du peuple. A vrai dire : on sentait venir depuis des mois les germes d'un soulèvement populaire en Egypte. Car, Mohamed Morsi et la confrérie dont il est issu, ont brillé par une gestion catastrophique des affaires de l'Etat, par une tentation hégémonique et par une arrogance aveuglante. « Les événements en Egypte montrent combien les processus de transition sont fragiles et peuvent s'exposer à un échec », disait le président français, François Hollande, dans son discours à l'Assemblée nationale constituante. Nous ne souhaitons pas l'échec de l'expérience égyptienne dans l'intérêt du peuple égyptien et pour anéantir toute répercussion négative sur les pays du « Printemps arabe ». Car, quoi qu'on dise, personne ne peut prévoir l'effet de contagion.