Alors que le prix de certains produits alimentaires est stable, celui des épices, continue à prendre des ailes. Sur les étals du marché de Tunis, les prix de ces épices sont exorbitants. Le cumin est vendu à 10 dinars le kg, le piment noir est cédé à 20 dinars et le carvi (qarouia) à 7 dinars. Le piment rouge est proposé à 7 dinars et korkom ou curcuma à 6 dinars «C'est très cher», affirme une dame âgée. «Les prix des épices sont inaccessibles», lance une autre. «Ce ne sont plus des vendeurs d'épices mais des pharmaciens. Tous des spéculateurs», s'indigne un homme âgé. Sayda, une vieille dame qui arrive difficilement à passer au milieu d'une grande marée humaine vient chaque matin s'approvisionner en légumes et fruits : « Le marché a son charme particulier. On vient ici même par curiosité. Les étalages les plus bariolés apparaissent au courant de ce jour. Je fais le tour et j'achète ce qui manque chez moi. Cette fois-ci, j'ai acheté beaucoup d'épices. La qualité fait défaut mais ça se paye. » Henda qui vient de sortir de son boulot est très fatiguée. Elle a du mal à se frayer un chemin dans cette masse humaine : « Il faut avoir une dose de savoir faire du coude pour se frayer une place dans les foules compactes qui se font et se défont au gré de la vague et sans logique apparente. « Je suis curieuse. Je ne rate pas cette opportunité pour acheter quelques grammes de carvi, korkom et piment rouge. C'est cher. Mais on n'a pas le choix »Quant aux vendeurs, ils se défendent d'être les instigateurs de la hausse des prix. «Ce n'est pas de notre faute si les prix sont chers. Au marché de gros, c'est aussi cher. On doit aussi penser aux frais de transport», expliquent-ils. Le marché parallèle n'échappe pas à la règle. Les prix sont aussi élevés. Celui de Bab El Fella est, cependant, plus clément. Il est vrai que les grossistes imposent leur diktat et leurs prix. Sur ce point, une visite au marché de gros s'impose. Les prix affichés sur les étals sont plus ou moins accessibles. La flambée des prix s'explique par la rareté de ces produits sur le marché international. Plusieurs produits commercialisés sur le marché national sont importés de l'Inde, de Turquie, d'Egypte, de Chine, d'Iran et peu nombreux sont les produits du terroir. Selon certains vendeurs, les épices sont variés. Ceux ayant plus de qualité sont vendus un poil plus cher que d'autres. La demande d'épices connaît son apogée durant ce mois sacré. Mais certains produits vendus en vrac sont proposés dans des sachets non conformes aux normes en vigueur. Ils représentent une vraie menace pour la santé des consommateurs. Les conditions de conservation et d'hygiène de ces épices ne sont pas respectées. En effet, ils sont carrément exposés dans des récipients rouillés ou dans des sacs en plastique en décomposition. Outre cela, ces épices présentées aux consommateurs sans aucune couverture pendant toute la journée, sont exposées à la poussière et aux microbes. Le safran qui en raison de son prix élevé est mélangé à des herbes lui ressemblant pour augmenter son poids. Le korkom est également trafiqué en y ajoutant un colorant pour lui donner une couleur jaune pour faire croire qu'il est de fabrication récente. C'est généralement le genre de ruses auxquelles ont recours certains commerçants pour générer des bénéfices au vu des prix élevés et de la forte demande de ces produits. Ainsi, la consommation de tels produits pourrait mettre en danger la santé des consommateurs. Le comble dans cette histoire c'est que les citoyens ne reculent pas pour les acheter car on ne peut se priver des épices en ce mois de ramadan.