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Pourquoi nos jeunes choisissent-ils d'en finir avec la vie dans les flammes ?
Signes des temps: Plus de 175 immolations par le feu depuis le 17 décembre 2010
Publié dans Le Temps le 19 - 07 - 2013

Les immolations par le feu se suivent et se ressemblent en Tunisie. Le 16 juillet, un jeune homme de 23 ans nommé Hamza Jebari a choisi de protester et de faire entendre sa voix en mettant le feu à son corps par devant le poste de police des Jardins de Carthage. Ce jeune originaire de la ville de Kasserine a été admis à l'hôpital des grands brûlés de Ben Arous, où son état a été jugé grave.
Selon Mohamed Chetioui, l'un des compagnons de la victime qui a assisté à la scène, a affirmé, des policiers ont tabassé son ami, qui s'est aspergé d'essence pour les exhorter à arrêter de l'agresser. Cela n'aurait pas, selon la même source, dissuadé certains agents de continuer, poussant le jeune homme à s'auto-immoler.
Ce cas d'immolation est le dernier d'une longue série entamé le 17 décembre 2010 par le jeune vendeur ambulant, Mohamed Bouazizi
Selon des chiffres détaillés publiés par le ministère de l'Intérieur, plus de 175 jeunes se sont livrés aux flammes entre le 17 décembre 2010 et le 16 juillet mars 2013. Ils étaient 25 à s'immoler depuis le début de l'année 2013, 66 en 2012 et 91 en 2011.
Ces chiffres sont très inquiétants quand on les compare aux statistiques internationales relatives à ce mode de suicide. Le sociologue britannique Michael Biggs a, en effet, énuméré entre 800 et 3000 cas d'immolations par le feu (tentatives et acte ayant donné lieu à un décès) à l'échelle mondiale. Durant la période étudiée par le sociologue, l'Inde détient le triste record macarbre avec 255 cas d'immolation sur une population de plus d'un milliard d'individus. Le Vietnam arrive au deuxième rang avec ses 92 cas, suivi de la Corée du Sud (43) et des Etats-Unis (29 ).
En termes de cas d'immolation par le feu rapportés à la population des pays concernés, l'inde compte 1,4 cas par million d'habitants, contre 8 pour le Vietnam.
Avec plus de 175 cas enregistrés en 30 mois, soit une moyenne de près de 15 cas par million d'habitants, la Tunisie détient un record mondial dans ce domaine.
En termes de nombre de suicides enregistrés au cours des dernières années, seul le Tibet est en mesure de rivaliser avec la Tunisie. Dans ce pays dont les habitants sont victimes d'une répression inhumaine de la part de la Chine, près de 110 cas d'immolation ont été enregistrés de mars 2011 à ce jour.
Rendre ses malheurs visibles et mourir devant des témoins….
S'il est vrai que les chiffres élevés de suicides par le feu dans les pays asiatiques s'expliquent par le fait que l'immolation soit une tradition hindouiste très ancré chez bouddhiste, il n'en demeure pas moins que ce geste de désespoir est interdit par l'Islam qui le suicide comme une transgression ultime. Comment interpréter alors l'explosion de cette forme de suicide dans un pays musulman comme la Tunisie ?
A première vue, la multiplication des immolations par le feu serait provoquée par le chômage qui toucherait 800.000 jeunes, dont 170.000 titulaires de diplômés. En outre, 24% des Tunisiens sont sous le seuil de la pauvreté.
Mais ces facteurs sociaux économiques n'expliquent pas tout, selon les spécialistes. « Certes, la plupart des jeunes qui choisissent la voie de l'immolation cherchent à manifester haut et fort leur malaise social et économique. A travers cet acte de suicide, ils s'adressent aux autorités et toute la nation car ils ne sont entendus nulle part, et il n'y a personne pour les écouter. Mais d'autres facteurs psychologiques et sociaux guident le choix de cette forme de suicide », précise Abdessattar Sahbani, président de l'Association tunisienne de sociologie.
Ce professeur de sociologie à la faculté des Sciences humaines et sociales de Tunis précise que ceux qui choisissent l'immolation par le feu cherchent en premier lieu à rendre visibles leurs malheurs aux yeux de tous. « Il s'agit d'un acte hautement symbolique, spectaculaire et sacrificiel. Un acte public de revendication. Une mort douloureuse devant témoins », souligne-t-il.
M. Sahbani estime, par ailleurs, que les jeunes Tunisiens qui se sont immolés depuis la Révolution prennent comme exemple le jeune Mohamed Bouazizi qui a réussi, en martyr, à insuffler un vent de révolte parmi la population dans son ensemble. « L'image de Bouazizi qui est présenté comme un héro national et un déclencheur d'une Révolution pousse les gens à imiter son geste de désespoir », note le sociologue, rappelant que phénomène n'a pas jusqu'ici fait l'objet d'études sérieuses pour déterminer le profil des personnes qui choisissent de mettre un terme à leur vie en s'auto-immolant.
L'immolation par le feu n'est pas, toutefois, un mode de protestation inventé par des Tunisiens. Depuis les années 60, l'immolation est assez souvent utilisée par les contestataires des gouvernements en place. Au Vietnam en 1963, un moine bouddhiste, Thich Quang Duc, 66 ans, a péri après s'être immolé pour protester contre le président sud-vietnaniem Ngô Din Diem. En ex URSS, un Russe s'est immolé en 1983, sur la Place Rouge à Moscou pour protester contre le régime soviétique.


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