C'était le 25 juillet, une date chère à tout tunisien, fête de la République. Hélas, elle n'aura plus la même signification parce que spoliée par un crime odieux, un crime qui témoigne d'une barbarie, d'une violence extrême sur l'un des enfants émergeants de la République, Feu Haj Mohamed Brahmi. Moi qui ai été ton collègue et honoré de me compter comme étant un de tes amis durant toutes tes années AFH, je te pleure encore aujourd'hui, car tu as laissé et tu laisseras à jamais un grand vide que personne ne pourra colmater. Le petit étudiant qui dérangeait par ses opinions, le jeune homme passionné par la politique qui avait déjà incité le personnel de son entreprise à sortir exprimer pacifiquement sa désapprobation du bombardement des camps palestiniens de Hammam Chott au lointain octobre 1985, avait pris du volume jusqu'à devenir depuis décembre 2010, un leader de premier plan. Il n'était pas adulé que par l'intelligentsia mais par toute la population. Doté d'un grand talent politique, d'une apparente froideur et de décontraction, ce grand défenseur de toutes les causes nobles, devenu incontournable, a forcé le respect et l'admiration tout simplement parce que s'inscrivant dans une stratégie authentique: réduire aux maximum toutes marges qui séparent les différentes classes nées de vingt trois ans de dictature. Le départ précipité de ce mastodonte a sérieusement chamboulé l'échiquier national politique. Sa stature morale, son sens politique aigu, son talent propre, son langage calme et friand des phrases expressives, agaçant aux yeux d'une minorité, vont beaucoup manquer, tout comme ceux de Chokri Belaïd crapuleusement assassiné lui aussi et qu'on n'oubliera jamais lui aussi. La violence le moins que l'on puisse qualifier de sauvage qui a assassiné Brahmi après Belaïd n'est pas fortuite. Elle se veut une culture puisque méthodiquement entretenue par quelques groupes extrémistes qui n'ont pas de place dans la République et doivent, par conséquent, être dissous dans le cadre de la loi et du respect des libertés. Il n'y a pas de place au sein de notre chère patrie à la violence à la haine, et au laxisme non plus… On aurait eu une main plus ferme après l'homicide du 6 février, on n'en serait pas arrivé à celui du 25 juillet. Nous n'aurons de cesse de les dénoncer. Tous les deux crimes politiques (on le souligne bien) sont intolérables, et tous deux doivent être élucidés pour mettre définitivement fin à toute interprétation ou instrumentalisation… Le 25 juillet ne sera plus une date comme toutes celles précédées depuis 1956. Et pour cause, un leader politique, un juste, un humain, un Ami, un collègue nous a quittés. Ta famille propre (puisque depuis cette date tu es considéré comme étant l'enfant de toutes las familles tunisiennes) est admirable de patience même si elle passe par une période très douloureuse. Tes amis dont je fais partie partagent toute leur souffrance, et n'arrêteront jamais de prier pour toi.