•Les éloges faits par Ennahdha à Ahmed Néjib Chebbi finiront-ils par affecter le parti ? La vie à l'intérieur du Parti Républicain est loin d'être celle d'un grand fleuve tranquille. Il est traversé de turbulences qui ont atteint leur paroxysme par les démissions qui se suivent. Une fin de cette semaine qui est loin d'être paisible au sein du Parti Al-Joumhouri. Yassine Brahim, secrétaire exécutif du parti vient de présenter sa démission. Après l'avoir présentée à Maya Jribi, secrétaire générale du parti, qui avait vainement essayé de l'en dissuader, il ira jusqu'à l'annoncer sur sa page officielle facebook. Tout en affirmant que cette décision était irrévocable et intervenait après une mûre réflexion, Yassine Ibrahim a affirmé: « unir les forces démocratiques dans notre pays était le principal objectif que nous nous sommes proposés lors de notre fusion en un seul parti qui se devait de constituer une alternative à la Troïka au pouvoir lors des prochaines étapes ». Plus d'une année est passé et nous avons, malheureusement, échoué, dans la réussite de cette fusion et je me considère évidemment comme responsable de l'état où nous en sommes arrivés » a-t-il poursuivi. « Je ne m'étalerai pas ici sur les raisons de ma démission car elles sont nombreuses. Le premier signe qui témoigne de notre échec est la succession de réunions internes au sein de notre parti afin de trouver un consensus sur chaque sujet. La confiance s'est peu à peu effritée » s'est-il désolé. « Je présente aujourd'hui ma démission et je présente mes meilleurs vœux de réussite au Parti Républicain au service de notre pays » a conclu Yassine Ibrahim sans être obligé à préciser sa prochaine destination politique. Maya Jéribi a exprimé sur les ondes de MosaïqueFM, ses regrets pour cette démission. Elle considère que Yassine Brahim est un dirigeant au Parti Républicain qui a sa valeur ajoutée dans le pays et continuera à l'avoir. Elle affirme qu'elle a essayé de le convaincre à ne pas quitter le parti. Il était résolu de partir. « Il explique son départ par l'échec de l'opération de fusion. Il a eu l'honnêteté intellectuelle pour dire que la responsabilité de l'échec incombe à plusieurs parties », ajoute-t-elle Cette démission sera-t-elle relayée par d'autres ? Meya Jéribi révèle que le bureau d'ordre d'Al-Joumhouri a enregistré d'autres démissions. Issam Chebbi, porte-parole du parti ne pouvait que regretter cette démission, qui est une grosse perte pour le parti. Rim Mahjoub, député du Parti Républicain, a indiqué hier sur les colonnes du Maghreb, que 83 autres membres du parti envisagent à leur tour de démissionner. Ces démissions étaient dans l'air depuis des mois. Certains milieux proches des démissionnaires parlent déjà de 5 démissions. Des divergences nombreuses sont à l'origine des discordes entraînant ces démissions. Il y a un problème de gouvernance au sein d'Al-Joumhouri. Saïd Aydi l'avait dit depuis quelques jours. Les divergences concernent des positions politiques sur le plan national ainsi que sur les questions internationales, comme les évènements en Egypte. Les déclarations d'Ahmed Néjib Chebbi, Méya Jéribi ou Issam Chebbi, sur le projet de Constitution en cours, ne sont pas conformes à celles d'autres dirigeants ou dit-on à la position même du parti. Les militants venant d'Afek Tounès et d'ailleurs sentaient des blocages partout. Les nouveaux militants et surtout les jeunes sans remettre en cause la légitimité historique des dirigeants de l'ex-Parti Démocrate Progressiste (PDP), revendiquent une plus grande représentativité dans les instances de prises de décisions. Le groupe dirigé par Saïd Aydi, considère que le rythme de travail du bureau exécutif est en de-ça des espoirs. Ils voient l'utilité d'injecter un sang nouveau qui puisse donner plus de tonus dans l'action. Lotfi Saïbi, membre du comité central du parti écrivait sur sa page facebook : « « Ce qui se passe à l'intérieur d'Al-joumhouri est un aperçu de ce qui se passe au niveau national en Tunisie, ou même en Egypte. Les querelles, le manque de consensus, l'absence de dialogue, la glorification des ambitions personnelles ont fini par avoir raison de l'objectif commun. Ne transformons pas en héros ceux qui ont oublié comment travailler en équipe! …Cela me rend malade de voir des égoïstes maniaques, égocentriques qui refusent de se réconcilier avec la réalité de notre pays, ignorant toujours ces jeunes qui ont été marginalisés durant des décennies, au risque de voir le mal ronger des générations futures s'ils ne se résignent pas à laisser la place à ceux qui savent l'occuper. Certes, je ne suis pas si jeune que ça, je peux ne pas avoir passé autant d'années en prison ni avoir combattu Ben Ali comme vous l'avez fait, mais je représente quand même beaucoup de ceux qui souffrent des années de silence ». Le comité central qui doit se réunir aujourd'hui, réussira-t-il à colmater les brèches et ouvrir de nouveaux horizons au parti ? Après le groupe qui avait quitté le PDP pour former un autre parti l'Alliance Démocratique dirigée par Mohamed Hamdi et qui vient de réussir son premier congrès constitutif, verra-t-on ce nouveau groupe de démissionnaires aller ailleurs ? La direction historique de l'ex-PDP, pourquoi a-t-elle du mal à garder ses militants ? Les éloges faits à Ahmed Néjib Chebbi par les dirigeants d'Ennahdha, finiront-ils par affecter son parti ? Méya Jeribi a beau affirmé qu'il n'y aura jamais une alliance avec Ennahdha, le mal y est.