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La descente aux enfers du «pays des Purs»
Roman: « Le Jardin de l'aveugle » du Pakistanais Nadeem Aslam
Publié dans Le Temps le 04 - 10 - 2013

Dans Le Jardin de l'aveugle, un roman qui vient de paraître, le Pakistanais Nadeem Aslam a puisé son inspiration dans les heurs et malheurs de son pays, à la fois en marge et au cœur de « la guerre contre la terreur » que mènent les Occidentaux à ses frontières depuis une décennie.
Un récit épique qui met en scène la descente aux enfers du « pays des Purs » que les contingences de l'Histoire ont brutalement éloigné des promesses de sa fondation.
« Le troisième parent, c'est l'histoire. » Ainsi commence le quatrième roman du Pakistanais Nadeem Aslam Le jardin de l'aveugle qui vient de paraître en français. C'est un roman à la fois profondément politique et intime, sensuel et brutal, qui brasse les thèmes chers à son auteur: grandeur et décadence de l'islam, confrontation dévastatrice entre l'Occident et l'Orient, l'amour qui protège contre les turbulences de la politique et de l'histoire.
Avec ce nouvel opus, Aslam revient à son Pakistan natal où il avait situé son premier roman Season of the Rainbirds (non traduit en français) paru au début des années 1990, avant de partir explorer les tiraillements identitaires de la diaspora pakistanaise en Angleterre (La Cité des Amants perdus, Seuil 2006), puis le chaos afghan (La vaine attente, Seuil 2009).
De Mohammed Atta à Mohammed Bouazizi
Le Jardin de l'aveugle, qui est sans doute l'un des romans étrangers les plus poignants de cette rentrée littéraire, renoue avec le thème de la guerre et de ses soubresauts, mais raconté cette fois du point de vue pakistanais. « On a oublié, explique l'auteur, le lourd tribut en termes de vies humaines que le Pakistan a dû payer à cette guerre insensée qui se déroule de l'autre côté de sa frontière. Plus de 30 000 hommes, femmes et enfants pakistanais ont perdu la vie depuis 2001 dans la violence perpétrée par les fondamentalistes musulmans qui veulent punir le Pakistan pour s'être allié aux envahisseurs occidentaux. D'autre part, les bombardements effectués depuis 2004 par des drones de la CIA visant les zones tribales pakistanaises frontalières avec l'Afghanistan, font beaucoup plus de victimes parmi les citoyens innocents que parmi les terroristes visés. »
Le récit de Nadeem Aslam débute au lendemain des attentats islamistes du 11-Septembre sur le sol américain. Les représailles américaines ont commencé avec l'invasion de l'Afghanistan par les armées occidentales. L'ambition du romancier était de raconter la décennie fatidique qui s'ouvrait alors pour le monde musulman, commençant par les événements du 11-Septembre et débouchant dix ans plus tard sur le printemps arabe. « Du suicide du pirate de l'air Mohammed Atta jusqu'à l'immolation par le feu du Tunisien Mohammed Bouazizi. Entre ces deux morts, se déploie la terrible guerre occidentale contre l'Afghanistan, dont l'onde de choc a failli emporter le Pakistan. » Le jardin en déshérence - titre du roman d'Aslam - est la métaphore du Pakistan fragilisé : ce jeune pays sexagénaire, situé au carrefour des civilisations et où l'idéalisme des origines a cédé progressivement la place au mélange explosif d'extrémisme religieux et de corruption politique.
Le Pakistan, né de la partition de l'Empire des Indes en 1947, se voulait terre promise des musulmans du sous-continent indien. Le jardin de l'aveugle, tout comme ses protagonistes, sont empreints de la nostalgie de cette promesse fondatrice du « pays des Purs ». Le patriarche Rohan dont la présence enjambe les 400 pages du roman, est animé par cet idéalisme originel, mais ses idéaux ne résisteront pas longtemps à la marche destructrice de l'Histoire.
Ré-enchanter le jardin de l'enfance
La défaite de l'idéalisme de Rohan commence lorsque les fondamentalistes musulmans transforment en madrasa pour futurs jihadistes l'école qu'il avait fondée avec sa femme pour les enfants pauvres et où les salles de classe étaient nommées d'après les hauts lieux de la culture islamique : Cordoue, Bagdad, Grenade… La tragédie touche le vieil homme de très près lorsqu'il voit ses deux fils Mikal et Jeo partir en Afghanistan, moins pour participer au jihad que pour porter secours à la population afghane prise entre deux feux.
Emportés par la spirale des violences et des brutalités que le romancier a mise en scène avec un sens consommé de la dramaturgie de la guerre et avec empathie pour ses victimes, les fils de Rohan ne reviendront pas, laissant à leur vieux père menacé de cécité la mission impossible de ré-enchanter le jardin de leur enfance.
Si le récit de Nadeem Aslam ne sombre pas pour autant dans la noirceur et le désespoir, c'est parce qu'il est porté par des figures de femmes, les unes plus lumineuses que les autres. Elles ont pour nom Naheed, Tara, Yasmine, Sofia. Amantes, mères, sœurs des idéalistes fauchés par l'Histoire, elles héritent du monde. A elles incombent la tâche de transmettre aux générations futures le goût de leurs ancêtres pour la beauté et la pureté que ni les bombardements des drones ni l'intolérance des religieux fanatiques n'ont su réduire au néant. « Elles incarnent l'espoir. Et peut-être même la possibilité de renouer avec le rêve des pères fondateurs du Pakistan », ajoute le romancier.
(MFI)
Le Jardin de l'aveugle, par Nadeem Aslam. Traduit de l'anglais par Claude et Jean Demanuelli. Paris, Le Seuil, 2013. 412 pages.


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