Le syndicat général des greffiers des tribunaux et auxiliaires de la justice a appelé à une grève le jeudi 24 octobre dans tous les tribunaux tunisiens. Lors d'un point de presse tenu, hier, au siège de l'Union Générale Tunisienne du Travail, à Tunis, le secrétaire général du syndicat, Mohamed Ali Amdouni, a affirmé que le syndicat n'a pas voulu ce débrayage et avait été contraint d'y appeler, notant que la grève se déroulera sans réquisition du minimum nécessaire d'agents. Il a ajouté que la décision d'arrêter le travail a été prise depuis le 29 juin, sans fixer une date dans l'espoir que le ministère de la Justice en sa qualité d'autorité de tutelle daigne inviter le syndicat à une séance de négociations en vue de satisfaire les demandes syndicales, mais il n'a rien fait et même lorsque le préavis de grève lui a été adressé le 9 octobre, il n'a pas réagi, non plus, jusqu'à présent. Dérobades de l'autorité de tutelle Concernant les raisons de la grève, le secrétaire général du syndicat a déclaré qu'elles se rapportent au refus du ministère de la justice de donner suite aux demandes syndicales et aux dérobades de l'autorité de tutelle représentée par le ministère de la justice et le gouvernement en général face aux engagements pris en faveur du corps des greffiers des tribunaux et des auxiliaires de la justice. Il a affirmé que le ministère de la justice est revenu sur l'application des accords convenus en vue de l'amélioration de la situation matérielle et professionnelle du corps des greffiers des tribunaux et des auxiliaires de la justice, malgré des grèves observées par le passé dont une grève en février 2012 et une grève le 31 mai 2012. Il a mis l'accent sur le rôle important que le corps des greffiers des tribunaux et auxiliaires de la justice remplit pour assurer les prestations judiciaires , notant que 85% du travail judiciaire sont accomplis par le corps des greffiers des tribunaux et auxiliaires de la justice, alors que les juges assurent 15%. Le syndicat demande au ministère de la justice d'honorer ses engagements et de mettre en application ce dont il avait été convenu dont notamment l'octroi de la prime d'assujettissement aux greffiers des tribunaux et auxiliaires de la justice, à l'instar des juges, car, les greffiers des tribunaux et les auxiliaires de la justice, a-t-il dit, sont tenus de travailler durant les heures officielles et en dehors des heures officielles compte tenu de la nature du travail judiciaire. Le secrétaire général du syndicat a brandi la menace d'une escalade dans les actions de contestation en cas de non satisfaction des demandes syndicales comme le refus de travailler en dehors des heures officielles et le boycott des audiences des tribunaux et des instructions lorsqu'elles débordent sur les heures officielles, quitte à paralyser la marche des audiences et des instructions. Détérioration des conditions du travail Le secrétaire général du syndicat s'est plaint de ce qu'il a qualifié de marginalisation systématique du corps des greffiers des tribunaux et des auxiliaires de la justice, face à l'attention particulière prêtée à la situation des juges. Il a passé en revue des cas « flagrants » de détérioration des conditions du travail, comme la négligence de l'archive des tribunaux, à telle enseigne qu'on le dépose dans les toilettes, ou encore l'affectation d'ouvriers à la fonction de greffier, alors qu'il existe dans la catégorie des ouvriers, des diplômés qualifiés et le syndicat demande la régularisation de leur situation. Le secrétaire général du syndicat s'est plaint, en outre, de ce qu'il a appelé le noyautage des tribunaux tunisiens par les bénéficiaires de l'amnistie générale, sans tenir compte des critères de compétence et de niveau scientifique. Il a indiqué que certains agents recrutés en vertu de la loi relative à l'amnistie générale pour le compte des tribunaux ont des antécédents judiciaires et sont impliqués dans des délits, ce qui fait naître des inquiétudes légitimes concernant le sort des documents judiciaires et la préservation des secrets contenus dans les procès verbaux des audiences et des instructions. Mohamed Ali Amdouni a émis l'espoir que le ministère de la justice répondra aux demandes du syndicat afin d'éviter la grève décidée.