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L'A.N.C., ou ce qui... en reste !
Deux ans après son élection
Publié dans Le Temps le 23 - 10 - 2013

Le deuxième anniversaire de l'élection de l'Assemblée Nationale Constituante se fêtera (!!!) aujourd'hui dans un contexte très différent de celui de l'année dernière.
En 2012, le 22 octobre plus exactement, l'Opposition est sortie manifester dans la rue contre les atermoiements et les déviances de l'A.N.C. perçue déjà comme une institution qui subit la mainmise d'Ennahdha et de sa Troïka. Mais alors, la Gauche tunisienne était encore effritée. L'Union Pour la Tunisie n'était qu'un projet et le rapprochement entre le Front Populaire et Nida Tounès était du domaine de l'inconcevable, voire de celui du sacrilège, pour certains ! Le 22 octobre 2012, les militants et sympathisants du Front décriaient le Parti de Béji Caïd Essebsi autant, sinon plus véhémentement que les partisans d'Ennahdha. D'autre part, l'excuse de la brièveté du temps imparti à l'A.N.C. pour la rédaction du Destour était encore recevable. D'autre part, les voix pro-gouvernementales étaient à l'époque numériquement considérables.
Aujourd'hui, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts et la donne a changé à divers niveaux : l'argument de la légitimité ne tient plus (ou presque plus) la route. Les Constituants de l'Opposition se sont retirés de l'Assemblée. Le Quartette qui parraine le Dialogue National cherche en dépit d'une certaine résistance à imposer un calendrier et des échéances à cette institution élue pour seulement une année. Le Gouvernement de la Troïka est jugé inapte à la direction des affaires du pays et est appelé à démissionner le plus tôt possible. L'Etat tunisien est, économiquement, dans une situation peu rassurante et même très critique. Les principaux partis de l'Opposition se sont coalisés dans un Front du Salut réellement menaçant pour Ennahdha et ses alliés plutôt affaiblis ou insignifiants. Nida Tounès ne cesse de monter dans les sondages et parvient à devancer plus ou moins nettement le parti de Rached Ghannouchi, dont la sérénité, l'union et la force sont visiblement entamées. Le contexte régional a certes ressoudé les mouvances islamistes tunisiennes, notamment après le putsch «démocratique» d'Essissi en Egypte. Mais voilà qu'Ansar Chariâa sont déclarés organisation terroriste, voilà qu'Ennahdha et ses alliés sont ouvertement désignés du doigt dans les assassinats politiques de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi ; voilà que l'A.N.C., la plus haute autorité « légitime » du pays se trouve forcée en quelque sorte à subir le diktat du Quartette parrainant le Dialogue National et celui des partis réunis sous son égide.
Les jeunes et l'A.N.C.
Mais surtout une majorité du peuple tunisien, à quelque couche sociale qu'elle appartienne, s'est fait une image des plus dégradantes, des plus risibles, de l'A.N.C. dont les débats sont désormais très peu suivis, et ne retiennent l'attention que par les esclandres, les querelles mesquines, les aberrations, les farces, les pitreries etc. auxquels ils donnent lieu. Objet de risée, de honte même, pour beaucoup de Tunisiens qui en attendaient une prestation bien honorable, l'A.N.C. figure certainement parmi les grosses, les très grosses déceptions de l'ère transitionnelle ! Pour en donner un semblant de preuve (quasiment inutile, en fait), nous avons interrogé non des personnalités politiques, non des Tunisiens adultes ou âgés, mais plutôt une centaine d'enfants et de jeunes élèves et étudiants (nous avons leurs noms) au profit de qui normalement l'A.N.C. devait concevoir une Constitution et des Lois «révolutionnaires». Nous leur avons demandé, à ces jeunes et à ces enfants, de juger par un mot unique ou par une phrase extrêmement courte les deux ans de l'Assemblée ! Au final, voici un bilan des réponses obtenues (nous en avons très fidèlement traduit plus de la moitié ; précisons aussi que nous n'avons pas le moins du monde cherché à orienter les réponses ni à influencer les interrogés)
**Pour ce qui est de l'appréciation livrée en un seul mot : nous avons recensé sept «nul» (au masculin ou au féminin), trois «catastrophique», quatre «honte», un «honteux», un «désastre», un «désordre», deux «mascarade» et cinq «comédie» dans le sens de «farce», deux «marionnettes», deux «le vide», trois «grave», deux «malheureux» et cinq «désolant, triste ou affligeant», un « absurde » et un « burlesque » !
**Les phrases récurrentes sont : «ça ne sert à rien», «aucun résultat, ou progrès, ou évolution», «je n'aime pas ou plus»; ce n'est pas du beau travail», «c'est du n'importe quoi», «ils ne se préoccupent pas de notre sort»; «ça ne profite pas aux jeunes», «c'est une assemblée de chômeurs» (dans le sens de «fainéants»); «ils donnent une image peu reluisante de la Tunisie»; «ça ne rassure guère» (Rabbi Yostor), « nous ne reconnaissons plus notre Tunisie», «comédie jouée par des amateurs (des guignols)», «c'est grave et malheureux» !
Nous n'avons pas voulu retenir les jugements exprimés dans des termes insultants, mais Dieu sait s'il y en avait dans certaines réponses. En tout cas, si nous disposions de plus de temps, nous serions allés à la rencontre d'encore plus de jeunes et d'enfants. C'est de leur avenir qu'il s'agit ! Ce qui nous en a dissuadés ce sont les réponses de certains interrogés qui assuraient que dans leur entourage, personne ou presque ne pense du bien de l'A.N.C. !! Evoquant sa famille, à majorité pratiquante et favorable aux partis islamistes, un pubère nous fit remarquer par exemple que son père ainsi que ses frères supportent Ennahdha et Hizb Ettahrir mais sont très mécontents de l'Assemblée et vont jusqu'à railler certains députés islamistes. Signalons enfin (et très sincèrement) que nous n'avons enregistré aucun commentaire favorable à l'A.N.C., même pas nuancé. Certes, ce modeste sondage reste très relativement représentatif des impressions de l'ensemble des Tunisiens. Néanmoins, nous avons le sentiment (au vu de notre fréquentation assidue des jeunes) que ces derniers du moins, quand ils ne sont pas totalement indifférent à ce qui se passe sous le toit de l'hémicycle du Bardo, ne gardent de l'A.N.C. et de ses travaux que des images bien regrettables !!!
Le ridicule ne tue pas
Parlons-en, de ces images regrettables ! Evoquons au moins quelques unes parmi celles qui nous semblent avoir le plus marqué l'esprit et la mémoire des Tunisiens : Sadok Chourou qui appelait à couper leurs membres aux « coupeurs de routes », c'est inoubliable, on en parle encore aujourd'hui ! Mahmoud Baroudi et le tollé qu'il provoqua avec sa fameuse « République bananière » ! Brahim Gassas et ses innombrables frasques avec Mustapha Ben Jâafar ou Meherziya Lâabidi ! Abderraouf Ayadi et ses obsessions « anti sionistes » ! Lobna Jéribi et un certain vote frauduleux ! Néjib Hosni et « le couscous aux fruits secs du sit-in du Bardo » ! Meherzia Laabidi et les cameramen de la Nationale ; Amor Chétoui et une députée d'Ennahdha qui se disputent le carnet des PV de leur commission commune ; Mongi Rahoui qui traite ses collègues de la Troïka de « cupides et de concupiscents ». Nous en oublions, bien sûr, et des meilleures. Toujours est-il que notre A.N.C. a vu naître en son sein la « star » des députés : nous avons nommé Sonia Ben Toumiyya qui, bien qu'atteignant des sommets dans le ridicule et dans la fanfaronnade linguistique, finit par gagner la sympathie d'une bonne partie des Tunisiens désormais friands de ses interventions farfelues. A notre avis, sur ce terrain, elle a battu tous ses rivaux et rivales. Sacrée Ben Toumiyya !
Un martyr et des sièges vides
L'A.N.C. nous a bien amusés, nous a tristement et amèrement fait rire ! Elle nous a aussi laissé un souvenir tragique : le 25 juillet 2013, le constituant nationaliste arabe du Front Populaire, Mohamed Brahmi, fut lâchement assassiné. A ses obsèques, aucun constituant d'Ennahdha ni de ses alliés n'osa se présenter. Sa famille refusa également la présence et les condoléances des trois Présidents. Auparavant, Mohamed Brahmi s'était illustré par la première grève de la faim décrétée dans un Parlement tunisien. Peut-être qu'on ne le lui a jamais pardonné ! En tout cas, aujourd'hui, à l'A.N.C. rien ne marche plus comme avant à cause de–ou grâce à- son assassinat ! Son siège est resté vide, mais son souvenir emplit des millions d'esprits et de coeurs. L'attentat réussit à rapprocher les pôles qu'on croyait inconciliables de l'Opposition ; mais cette Opposition peine encore à être à la hauteur du martyre de Brahmi dont les meurtriers courent toujours, bénéficiant sans doute de la couverture des commanditaires du lâche assassinat.
Le derby « légitimiste »
Cet été, il n'a été question que de « putsch contre la légitimité » ! Jusqu'à aujourd'hui, il y en a encore parmi les députés d'Ennahdha et du C.P.R. qui s'y accrochent comme à un fétu de paille susceptible à leurs yeux de préserver leurs sièges et leurs privilèges. Au Bardo, il y eut ainsi à l'instar du « sit-in du départ » décidé par la Gauche et les constituants retirés, un sit-in pour la défense de la légitimité. Le derby commença équilibré, mais il s'acheva en faveur du sit-in de l'Opposition. Avant la fin Ramadan, les légitimistes se comptaient sur le bout des doigts en face du siège de l'A.N.C. Toujours est-il que pas une fois ces derniers n'ont réuni des supporters par dizaines de milliers comme dans le camp d'en face ! Les « défenseurs de la légitimité » n'ont fait le plein de manifestants qu'un soir d'août, c'était à la Place de la Kasba, non au Bardo. Mais, ça c'est une autre histoire et beaucoup de points d'interrogations !
La « manne » financière
Les mauvaises langues racontent depuis quelque temps que les députés non retirés de l'A.N.C. tiennent à y rester jusqu'à la date d'aujourd'hui pour avoir droit à une retraite conséquente de député. C'est possible, même si nous ne disposons pas d'éléments confirmant ou infirmant cette rumeur. En tout cas, les questions financières ont été plus d'une fois soulevées et ont provoqué plus ou moins de bruit et de remous. On n'arrêta pas ainsi de jaser à propos du salaire en euros de Meherzia Labidi. Salah Chouaïb, dit-on, fit circuler une pétition que plus de cent députés signèrent, pour l'obtention de primes supplémentaires. D'autre part, certains évaluent le salaire de Mustapha Ben Jâafar en dizaines de millions. A ne pas oublier non plus l'« affaire » des doubles salaires dont avaient profité quelques députés ministres ou secrétaires d'Etat. Tout récemment, les protestations contre la rémunération des constituants retirés fusent un peu de partout. Quelques uns de ces derniers ont déjà renoncé à leurs salaires de députés pour couper l'herbe sous les pieds de leurs détracteurs. Bref, l'A.N.C. ne donna guère lieu à des œuvres bénévoles. Au contraire, pour beaucoup d'élus, ce fut une manne du Ciel qu'ils ne daignèrent pas refuser !!! Manne « légitime », après tout !!!
Et maintenant ?
Aujourd'hui, l'Opposition appelle à une manifestation massive contre la prétendue légitimité de l'A.N.C. Nous ne pouvons pas évaluer, maintenant, les chances que cette « sortie » a de drainer la foule des grands jours, nous ne pouvons pas, non plus, savoir quels effets elle aura sur la longévité de l'Assemblée. En revanche, la conjoncture actuelle exige que les travaux de l'A.N.C. soient écourtés. Il y a une fin à tout ; et celle de notre chère A.N.C. (au sens propre de l'épithète, puisque cette Assemblée coûte annuellement des centaines de milliards au Budget de l'Etat, donc au contribuable) nous paraît imminente, à moins d'un miracle semblable à celui qui aurait, sur les Lieux Saints, permis à une Tunisienne aveugle de retrouver la vue et à une autre compatriote paralysée de remarcher !!! Dixit Noureddine Khademi, ministre des Affaires religieuses
Dossier réalisé par Badreddine BEN HENDA


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