L'insécurité qui règne en Libye ,deux ans après la chute du régime de Kadhafi menace de plonger le pays dans une longue guerre civile, coûteuse et désastreuse pour toute la région . On est vraiment bien loin de l'euphorie qui a suivi les premiers jours annonçant la libération d'un pays qui après avoir été longtemps colonisé par les Italiens ,a connu une monarchie conservatrice(1951-1969),suivi d'un régime dictatorial d'un peu plus d'une quarantaine d'années. Avec un territoire dense, disposant de frontières communes avec de nombreux pays africains dont la plupart sont sujets eux-mêmes à des perturbations socio-économico-politique, la Lybie est au bord de la guerre civile. Les dizaines de milices de tout bord qui comptent plus de 225.000 membres enregistrés et normalement placés sous le contrôle des pouvoirs publics ne répondent en réalité à aucune loi sauf celle des armes. Sabotant tous les programmes et toutes les bonnes volontés de les intégrer dans les forces de sécurité régulières, donnant ainsi une chance exceptionnelle à la reconstruction et au développement intégral de la nouvelle nation, ces milices semblent convenir à se partager un pays riche en pétrole (la Lybie est membre de l'OPEP et l'un des principaux fournisseurs de pétrole de l'Europe). Ils sont également encouragés par un déferlement d'armes de toute sorte, dont la circulation aisée dans tous les coins du pays risque de transformer la Libye en une véritable poudrière. A cette situation catastrophique, il faut ajouter les dangereuses rivalités tribales. Longtemps maîtrisées sous la dictature, elles se révèlent en plein jour, se déchaînant sur un système central faible, apparemment sans de grands appuis populaires, contribuant ainsi à un éventuel partage du pays en plusieurs territoires indépendants. Où va donc la Libye ?Cette dégringolade alarmante d'un control légal des structures de l'Etat sur des intrus et de surcroît profiteurs d'un terrain favorable pour développer un trafic d'armes, de drogue et d'immigration clandestine source de fructueux enrichissements, favorisant le chaos, est en train de changer la donne dans une région qui connaît déjà de changements radicaux, subis par les systèmes politiques voisins. Cette fuite en avant dans un pays qui a longtemps souffert d'insuffisances manifestes dans son système central, administratif, social et public annonce pour la région un avenir plein d'embûches. L'Islam radical qui s'enracine dans le pays ne prélude-t-il pas à transformer la plateforme du terrorisme international de l'Afghanistan et du Mali sous d'autres cieux plus réceptifs ? D'autant plus que les structures logistiques du terrorisme international sont affaiblies et presque anéantis dans ces deux pays. Les nations qui ont joué un rôle prépondérant dans la réalisation du fameux « printemps arabe », notamment l'alliance entre les Etats-Unis, la France et la Grande Bretagne d'une part et entre les Etats du Golf surtout le Qatar et l'Arabie Saoudite d'autre part ne risquent-elles pas de connaître le revers de la médaille sans l'élaboration d'une stratégie de lutte armée commune, efficace et durable pour éradiquer ce terrible cancer? Il y va de leurs intérêts bien avant des intérêts des pays de la région.