• Les différents partis appelés à proposer des noms de personnalités publiques pour occuper le poste de Chef du gouvernement d'ici demain • Des noms commencent déjà à circuler : Abdelkrim Z'bidi, Ahmed Mestiri, Radhi Meddeb, Mansour Moalla, Jalloul Ayed, Noureddine Hached et Mohamed Ennaceur… Les pourparlers réunissant des représentants représentants des partis au pouvoir et des opposants pour résoudre en un mois la crise politique consécutive à l'assassinat du député Mohamed Brahmi sont entrés, hier, dans le vif du sujet. Le lancement de ces négociations qui se situent dans le cadre dialogue national a eu lieu vendredi après-midi après que le Chef du gouvernement Ali Laârayedh a fourni un engagement écrit de laisser dans trois semaines la place à un cabinet apolitique avec à sa tête un nouveau chef de gouvernement indépendant. De leur côté, la soixantaine d'élus d'opposition qui boycottaient les travaux de l'Assemblée nationale constituante (ANC) depuis l'assassinat du député d'opposition Mohamed Brahmi se sont engagés à retourner afin que l'Assemblée puisse accélérer les travaux d'adoption de la Constitution. Durant la nuit de vendredi à samedi, les deux camps ont formé une commission chargée de composer la future équipe gouvernementale, selon l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) qui parraine le dialogue national. « Les différents partis participant au dialogue national ont trouvé un consensus autour de la composition de la commission du processus gouvernemental», a annoncé, vendredi à une heure tardive de la nuit, le secrétaire général de l'UGTT, Houcine Abbassi. Selon lui, la commission est composée de cinq membres : Ameur Laârayedh (mouvement Ennahdha), Kamel Morjane (Parti l'initiative), Hichem Hosni (Parti Populaire Progressiste), Mohamed Hamdi (L'Alliance Démocratique) et Maya Jeribi (Al-Joumhouri/ Front du salut). Le secrétaire général de l'Ordre national des avocats, Me Boubaker Bethabet, sera le représentant des organisations nationales parrainant le dialogue national au sein de cette commission. Propositions Selon le député Mouldi Riahi et membre du bureau politique du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL) Ettakatol, cette commission aura à recevoir les propositions des partis participant au dialogue sur la personnalité pressentie à la présidence du gouvernement d'ici le lundi, avant de les soumettre à une séance plénière du dialogue réunissant les présidents des partis. Cette séance plénière est prévue pour demain à 16 heures. Des noms de candidats au poste du Chef du gouvernement commencent d'ores et déjà à circuler dans les coulisses. Il s'agit, entre autres, de l'ancien ministre de la Défense nationale Abdelkrim Z'bidi, de l'ancien ministre de Bourguiba, Ahmed Mestiri, de l'économiste, Radhi Meddeb, de l'ancien ministre Mansour Moalla, du banquier et ancien ministre des finances Jalloul Ayed, de l'ancien diplomate Noureddine Hached , de l'ancien ministre des Affaires sociales Mohamed Ennaceur et de l'actuel gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Chedly Ayari. D'autre part, les différents partis se sont retrouvés, hier, pour former la commission d'experts chargés de l'aider l'ANC à finaliser le projet de Constitution, en cours d'élaboration depuis deux ans. Les présidents des groupes parlementaires se sont aussi réunis hier pour fixer le calendrier des travaux de l'ANC durant la prochaine semaine. Il ressort de cette réunion que l'ANC devrait travailler sans arrêt durant les quatre prochaines semaines. Il a été aussi décidé de limiter le temps réservé aux interventions des députés et la présentation des propositions bénéficiant déjà d'un large consensus aux séances plénières. Selon le président du groupe des élus du Congrès pour la République, Haythem Belgacem, une séance plénière aura lieu mardi pour amender la loi portant création de l'instance supérieure pour les élections. Mercredi, une autre plénière sera réservée à l'amendement du règlement intérieur de l'ANC afin d' introduire de nouvelles mesures de nature à accélérer les travaux de l'Assemblée. Vigilance Une séance plénière qui se teindra vendredi et samedi prochains sera, quant à elle, consacrée à l'élection des membres de l'instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) suite à la fin des travaux de la commission de tri, et ce conformément aux décisions du tribunal administratif et aux amendements qui seront introduits dans la loi portant création de l'ISIE. L'ANC a sept jours, selon la feuille de route rédigée par les médiateurs, pour former cette commission qui aura la charge d'organiser les prochaines élections législatives et présidentielle. Malgré une certaine décrispation consécutive au bon déroulement des premières séances du dialogue national, la vigilance reste de mise. «La vigilance sera la règle pour tous ceux qui veulent que ce processus réussisse car nous ne sommes évidemment pas à l'abri des habituelles tentatives de marchandage d'Ennahdha», a estimé l'élue de la Voie Démocratique et Sociale (Al-Massar/ opposition) Selma Mabrouk sur sa page Facebook. Lors du dialogue national qui a démarré après de nombreuses tergiversations et deux reports, vint et un partis représentés à l'Assemblée nationale constituante devraient discuter de l'application d'une feuille de route rédigée par quatre organisations nationales qui jouent le rôle de médiateurs (UGTT, UTICA, Ordre des avocats, Ligue de défense des droits de l'Homme). Cette feuille de route prévoit que le cabinet en place annonce son intention de démissionner et qu'un nouveau gouvernement apolitique soit formé dans les trois semaines suivant le début des négociations. En parallèle, l'Assemblée nationale constituante devrait finaliser la rédaction de la constituante dans un délai de quatre semaines, élire l'instance indépendante pour les élections dans un délai d'une semaine et voter une loi électorale juste après l'adoption de la constitution. Selon les experts, ce dialogue national constitue l'ultime chance d'une issue concertée à la crise politique. « C'est un véritable test pour tous les acteurs de la vie politique tunisienne. Ce dialogue national qui cache un profond malaise et une profonde division (…) est l'ultime chance. Sinon, la rue va arbitrer le conflit entre le pouvoir et l'opposition», estime Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen basé à Paris.