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Vous avez raison, la presse ne fait pas correctement son boulot !
Publié dans Business News le 04 - 03 - 2012

C'est désormais une rengaine, une loubana (chique), comme on dit chez nous. Il ne se passe plus une semaine – pour ne pas dire un jour - sans qu'un ou des membres du gouvernement ne s'attaque à la presse. Sans qu'un ou des membres de la Nahdha ne s'attaque aux médias et aux prestations des journalistes.
Un temps d'arrêt, de notre part, s'impose. Une sorte d'autocritique.
Sommes-nous indépendants et exerçons-nous cette liberté tant réclamée et tant rêvée ? Sommes-nous devenus professionnels, capables de répondre aux attentes de nos lecteurs, auditeurs, téléspectateurs ?
A entendre nos gouvernants, la réponse est négative sur toute la ligne. La presse est loin d'être conforme aux standards. Et après un temps d'arrêt, il faut bien admettre que oui. Nos gouvernants ont raison.
Nos gouvernants, arabophones comme ils sont, ont tendance à comparer nos médias à ceux de l'Arabie Saoudite et du Qatar. Notamment Al Jazeera.
Les journalistes tunisiens, formés directement ou indirectement à l'école française, n'ont pas la même conception des choses. Alors qu'Al Jazeera parle de tout sauf ce qui se passe devant sa porte, la nouvelle presse tunisienne préfère parler de ce qui se passe autour d'elle d'abord.
Alors que la presse saoudienne ne fait que recenser les prouesses de son royaume et ne fait que compter les trains qui arrivent à l'heure, la nouvelle presse tunisienne préfère s'arrêter sur les trains qui arrivent en retard.
Alors que la presse qatarie est financée par l'argent du gaz et du pétrole, la presse tunisienne est essentiellement payée par l'argent de la publicité.
Le budget mis par Al Jazeera dans une ou deux émissions est égal au budget annuel de toute la télévision tunisienne.
Alors qu'un journaliste stagiaire en Arabie Saoudite touche au moins 2000 dollars, un journaliste chevronné en Tunisie atteint difficilement les 1000 dinars.
Alors qu'un journaliste du Golfe s'adresse principalement aux bonnets du régime, le journaliste tunisien veut désormais s'adresser à son compatriote et notamment celui qui figure parmi les 9 millions qui n'ont pas voté pour le régime.
Malgré tout cela, la presse tunisienne s'efforce à s'améliorer. Mais selon la conception mondiale de la presse et non selon la conception arabe. Elle tarde à atteindre les résultats et c'est vrai. Voici des exemples de ratages, parmi d'autres. De quoi donner, tout à fait raison à Si Ali Laârayedh, ministre de l'Intérieur quand il a dit, jeudi dernier, que nous ne disons pas toute la vérité. Mais vous avez raison monsieur le ministre !
Vous concernant par exemple, monsieur le ministre, quand votre scandale a éclaté (celui de la cassette, vous vous rappelez ?), aucun de nos journalistes n'a pris la peine d'aller vérifier si cette cassette était réellement truquée (comme vous l'avez dit) ou si elle est authentique (comme on nous l'a dit).
Aucun de nous journalistes n'est remonté jusqu'aux deux témoins-clé de cette affaire, c'est-à-dire l'un des deux acteurs que l'on voit sur le lit de prison et la personne qui a filmé la vidéo. Toute la presse, dans une unanimité complice et loin d'être professionnelle, s'est limitée à dénoncer ces basses méthodes.
Aucun de nos journalistes n'a tenu à faire de cette histoire un feuilleton ressemblant aux bunga-bunga de Berlusconi, au cigare de Clinton ou à la femme de ménage de DSK.
Autre exemple de ratage, parmi d'autres. Quand le frère du ministre de la Justice a été amnistié, très rares sont les journalistes qui sont allés filmer à Jebeniana la famille de la victime. Aucun journaliste n'a publié les détails du procès de pédophilie et aucun débat n'a été ouvert à ce propos. La vérité ? On s'est assis dessus dans cette histoire.
Quand M. Ghannouchi nous dit qu'on ne dit pas tout ce qu'ils font, il a tout à fait raison notre cheikh !
Qui de nous est remonté jusqu'à l'affaire Bab Souika pour voir les différents protagonistes de cette sinistre histoire des années 80 ?
Qui de nous est allé interroger les victimes ? Qui de nous est allé filmer les femmes au visage brûlé, à jamais, au vitriol.
Dans le même sillage, qui des journalistes tunisiens a réellement enquêté sur vos financements ! On ne connaît même pas votre budget Monsieur Ghannouchi.
On ne sait rien de vos vingt ans passés à Londres et de ceux qui payaient vos loyers et votre nourriture.
On ne sait rien de votre gendre, que vous avez nommé ministre des Affaires étrangères. Celui-là même qui se croit diplomate et qui a l'indécence de critiquer les médias de son pays sur une chaîne étrangère. On ne sait rien sur ses liens opaques avec le régime qatari, ni sur ses frais de mission payés par le contribuable tunisien.
Jusque là, la presse tunisienne s'est arrêtée à montrer un pauvre Ghannouchi en exil, un Jebali qui a passé 16 ans en prison et un Ben Salem qui vendait les légumes au marché.
Mais le véritable travail de journalisme n'a pas encore été fait. Et s'il n'a pas été fait, c'est parce que nous manquons de moyens, de sources fiables qui nous font confiance et de professionnalisme. 50 ans d'abêtissement, vous savez, ça laisse des traces.
Messieurs les ministres, ne vous inquiétez pas. Donnez-nous un peu de temps et nous allons nous rattraper. Depuis un an, il ne se passe pas un mois sans que l'un de nos journalistes n'aille suivre une formation.
Nous aurons notre journalisme d'investigation qui ira jusqu'au bout des enquêtes, nous aurons notre presse people qui filmera les ministres à leur insu, nous aurons notre presse à scandales qui n'hésitera pas à publier les dépassements ministériels.
La Tunisie, en bon pays démocratique, aura son Nouvel Obs, son Canard Enchaîné, son Voici, son Paris Match, son Sun, son Washington Post… Elle aura son Canal +, sa BBC et sa CNN. C'est juste une question de temps.
Mais si vous vous attendez, messieurs les ministres, à voir des reproductions du Renouveau, d'El Fejr, de Tunis 7, voire d'Al Jazeera, vous vous leurrez.
C'est que le 14 janvier 2011, alors que vous étiez chez vous ou à Londres, il y a eu une révolution en Tunisie. Depuis ce jour-là, les journalistes ont promis et juré de ne rendre des comptes qu'à leurs concitoyens et non plus à leurs gouvernants !
Messieurs les ministres, l'intérêt de la Tunisie passe avant l'intérêt de votre parti ou de vos familles.
Dureriez-vous des décennies, vous ne serez que provisoires, alors que la Tunisie est éternelle.


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