Réuni vendredi, le comité fondateur de Nida Tounes a décidé de reporter le congrès constitutif du parti initialement prévu le 15 juin à une date ultérieure. «La tenue du congrès le 15 juin n'apas fait l'objet d'un consensus au niveau du comité fondateur. Plusieurs arguments d'ordre juridique et organisationnel ont été avancés pour justifier le report du congrès à une date ultérieure, incitant le président du parti, Béji Caïd Essebsi à prendre la sage décision de ne pas précipiter les choses et de donner plus de temps aux préparatifs de ce congrès », a déclaré le secrétaire général de Nida Tounes, Taïeb Baccouche. «Nous avons besoin de davantage de temps pour bien préparer le premier congrès du parti, et surtout pour fixer la liste des congressistes », a-t-il ajouté. Le porte-parole de Nida Tounes, Lazher Akremi, a, quant à lui, précisé qu'un consensus global pourrait être trouvéprochainement sur une nouvelle date du congrès, indiquant que deux membres seulement du comité fondateur sur treize s'opposent à la tenue de ces assises le 15 juin. Examiné au cours de la réunion du comité fondateur, le rapport de la commission chargée des préparatifs du congrès, dont la présidence a été confiée l'ancien bâtonnier Me Lazher Karoui Chebbi, n'a pas fixé une nouvelle date pour le congrès. Ce rapport a, néanmoins, recommandé la création d'un sous-comité chargé d'examiner les critères de choix des congressistes, tout en appelant à la tenue d'un congrès consensuel pour garantir l'unité et la cohésion du parti. La tenue du congrès de Nidâa Tounes le 15 juin est fortement soutenue par la puissante aile composée des destouriens et des anciens membres du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) qui traverse le parti. Elle a été, cependant, rejetée par la sensibilité gauchiste qui a gagné une certaine légitimité grâce aux batailles menées sur le terrain durant le règne de la Troïka. Ainsi plusieurs membres du Bureau exécutif du parti fondé en juin 2012 par l'ex Premier ministre de transition Béji Caïd Essebsi ont protesté contre la procédure selon laquelle les congressistes ne seront pas choisis par la base. «La décision d'organiser un congrès pour l'élection du comité de direction par le conseil national n'est pas conforme au statut du parti qui réglemente l'organisation du congrès en respectant une procédure claire. Ensuite, la règle de base en matière de gestion démocratique des partis politiques dispose qu'on ne peut en aucun cas élire un organe par un autre qui n'a pas été lui même élu», a martelé Ridha Belhaj. Risques de dissensions Avocat défenseur des droits de l'Homme, M. Belhaj a estimé que les critères de choix des congressistes représentent une manœuvre orchestrée par la tendance Rcdiste qui a noyauté les structures régionales du parti pour exclure la tendance gauchiste. «La procédure retenue risque d'avoir des répercussions négatives sur le parti puisqu'elle vise à exclure des personnalités et instituer une tradition de clientélisme et risque d'ouvrir la voie à des dissensions et des éventuels recours», a-t-il affirmé. «Personnellement, je ne suis pas prêt à participer à un congrès de règlement de comptes et d'exclusion qui approfondira les divisions internes et permettra à une minoritéde prendre le contrôle du parti et mettre fin au pluralisme et la diversité qui a fait notre force et qui a permis aux différentes composantes du parti (destouriens, indépendants, syndicalistes, militants de gauche) de gagner différents combats et défis », a aussi affirmé M. Belhaj. Ce dirigeant qui fut parmi les fondateurs de Nida Tounes propose comme alternative «l'organisation d'un véritable congrès en commençant par l'élection des coordinations de base jusqu'au bureau politique en instituant une commission électorale issue du comité des fondateurs conformément au statut qui veille à distribuer les cartes d'adhésions et organiser les élections en appliquant une procédure électorale préalablement établie». Né de la volonté de Béji Caïd Essebsi d'unir uncamp progressiste très émietté, Nida Tounes rassemble une mosaïque de tendances hétéroclites allant des anciens militants de gauche, aux libéraux, en passant par les syndicalistes et les Rcdistes. Le parti connaît depuis sa naissance une lutte d'influence larvée entre les Rcdistes et les gauchistes. Ce conflit est apparu au grand jour suite à l'annonce de la création d'un département spécialisé dans le suivi des aspects administratifs et organisationnels au niveau structures régionales, une décision considérée par la tendance de gauche comme une tentative des Rcdistes de faire main basse sur le parti.