Le Temps-Agences - Les chefs de la diplomatie des six grandes puissances impliquées dans les discussions sur le dossier nucléaire iranien se sont réunis hier à New York pour tenter, sans grand espoir, de trouver un compromis sur de nouvelles sanctions contre l'Iran. Quelques minutes avant la rencontre, le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a reconnu devant quelques journalistes : "Cette réunion ne va pas être toute simple". La rencontre se tient à New York à l'invitation de la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice et fait suite à des entretiens entre les six pays (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France et Allemagne), au niveau des directeurs politiques des ministères. Les Etats-Unis font pression pour une troisième résolution à l'automne du Conseil de sécurité des Nations unies contre l'Iran, à cause de son refus de suspendre son enrichissement d'uranium. Mais la Russie et la Chine sont contre, voulant donner davantage de temps à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui a conclu en août un accord avec l'Iran dans lequel Téhéran s'engage à répondre à des questions de l'agence sur son programme nucléaire. "Les Russes et plus particulièrement les Chinois ont soulevé des objections en terme de calendrier pour l'adoption d'une nouvelle résolution", a déclaré à la presse le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack. "Nous pensons que le Conseil de Sécurité devrait agir. Maintenant", a-t-il ajouté. De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a souligné l'importance du travail de l'AIEA. "Au moment où l'AIEA fait des progrès, nous voulons nous assurer que nous recevrons bien un rapport sur la façon dont on traite les problèmes que l'AIEA ne considère toujours pas comme réglés", a expliqué M. Lavrov au cours d'une réception, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU. Les Occidentaux, après avoir d'abord critiqué l'initiative de l'AIEA, l'ont soutenue. Mais la France et les Etats-Unis, notamment, ont souligné qu'elle ne délivrait pas l'Iran de son obligation de suspendre ses activités d'enrichissement de l'uranium, qui pourraient à terme lui permettre de se doter d'une arme nucléaire. Témoin du pessimisme des Etats-Unis sur les chances de parvenir à un accord, Mme Rice va rencontrer séparément ses homologues allemand Frank-Walter Steinmeier, britannique David Milliband et français Bernard Kouchner après la réunion ministérielle à six. Le chef de la diplomatie Javier Solana participe lui aussi aux deux volets de la rencontre consacrée à l'Iran, a indiqué sa porte-parole. L'idée est de discuter avec les Européens de la possibilité d'imposer de nouvelles sanctions unilatérales contre l'Iran, notamment dans le secteur financier, a indiqué M. McCormack. "L'Union européenne est également en train de travailler sur son propre programme de sanctions", a-t-il rappelé. "Nous parlerons donc de ces deux pistes". Pressée par la France, l'Union européenne s'interroge sur l'adoption éventuelle de nouvelles sanctions hors du cadre de l'ONU contre Téhéran. Mais si les Britanniques sont déjà sur cette ligne et si le ministre néerlandais des Affaires étrangères s'est dit prêt à des sanctions européennes en cas de désaccord à l'ONU, les autres Européens ne sont pas tous convaincus. Autre signe de leurs profondes divisions, les ministres des Six n'ont pas prévu de conférence de presse commune, comme ils en ont l'habitude. Seul un communiqué commun est prévu, selon les organisateurs américains.