Le Parti des Travailleurs a organisé, hier, une conférence de presse pour rendre compte au public des résultats des travaux de son quatrième congrès, depuis sa création en janvier 1986, et le second, depuis le 14 Janvier 2011. Cette conférence a tourné autour de deux axes majeurs, le premier était d'ordre politique, le second se rapportait au volet organisationnel. Mais avant d'aborder ces questions, Hamma Hammami, reconduit au poste de secrétaire général, a préféré commencer par l'actualité récente. Restructuration et renforcement du parti En effet, il a évoqué les dernières pertes humaines dans les rangs de notre armée nationale et de nos forces de l'ordre, tout en mettant l'accent sur l'importance et l'urgence d'une stratégie pour combattre le terrorisme. Mais au préalable, il faudrait organiser un congrès national autour de cette question cruciale, un congrès auquel le Front populaire a appelé dans le cadre du Dialogue national qui a déjà entériné cette proposition. Cette stratégie est d'autant plus nécessaire qu'il n'est pas possible de lutter contre ce fléau seulement avec une approche sécuritaire. Hamma Hammami s'inquiétait du silence de l'ANC et du gouvernement à propos d'une question aussi importante, en soulignant que l'absence de cette stratégie était l'une des manifestations de l'échec de ce dernier. Il n'a pas manqué, toutefois, d'imputer la responsabilité de la dégradation de la situation sur le plan sécuritaire à la défunte Troïka qui prétendait que Chokri Belaid et Mohamed Brahmi fabulaient lorsqu'ils étaient en train d'attirer l'attention sur la menace terroriste. C'est pourquoi il faut la juger, selon Hammami qui qualifie de tragi-comique le fait que cette Troïka veuille gouverner le pays, à nouveau, après le désastre qu'elle a légué à tous les niveaux. Enfin, le secrétaire général du PT a mis en garde contre la banalisation du phénomène du terrorisme en le présentant comme un fait divers, ce qui accentue la tension mentale. D'où l'importance du rôle des médias qui devraient assumer une fonction pédagogique sur ce plan. Pour ce qui est de la tenue du congrès en ce moment, c'est-à-dire une année avant le terme du délais prévu, Hamma Hammami a tenu à préciser que le choix de cette date était dicté par l'impératif de renforcer le parti afin qu'il soit fin prêt de faire face à tous les dangers internes et externes qui menacent le pays. L'avancement de la date du congrès était encouragé surtout par l'ambiance saine qui existe au sein du parti qui ne connaît pas de luttes en son sein, comme c'est le cas pour d'autres, d'après le conférencier. Pour souligner le caractère démocratique de ce congrès, il a rappelé que l'ensemble des structures du parti ont discuté toutes les questions bien avant sa tenue. Quant au nombre sensiblement réduit des congressistes, il l'a justifié par la recherche de l'efficacité, étant donné qu'avec un nombre assez important comme la fois précédente où il en y avait plus que quatre cents, les discussions ne peuvent pas être approfondies, contrairement à cette fois-ci où les cent cinquante deux congressistes ont trouvé le temps nécessaire pour pouvoir s'exprimer comme il se doit à propos de toutes les questions débattues. Lors de ce congrès, on a procédé à la révision de l'organigramme du parti, ainsi il était, complètement, restructuré. La direction nationale qui existait avant a cédé la place à un comité central, comprenant dix-neuf membres dont trois femmes, un comité exécutif, constitué de sept militants. Et ce sont ces instances du parti qui ont reconduit Hamma Hammami à son poste de secrétaire général. L'autre nouveauté dans la restructuration du parti, c'est la création d'un poste de secrétaire général adjoint qui était attribué à Abdelmoumen Ben Anes.Le choix des membres, au moyen du vote, intervenait après la détermination des tâches à accomplir, affirmait Hammami. Donc, le congrès a atteint son objectif, toujours selon lui, en renforçant l'unité politique et organisationnelle du parti, ce qui le rend plus efficace. Les congressistes ont procédé à l'évaluation des politiques menées pendant ces trois ans, par le Parti des Travailleurs, le Front de salut national et, bien évidemment, le Front populaire, comme ils ont discuté des tâches de la période actuelle et des moyens de les réaliser au sein de ce dernier, le cadre adéquat de toutes les forces révolutionnaires et progressistes, toujours selon Hamma Hammami. Dans le but de rassembler et d'unifier davantage ces forces, le PT a décidé de changer son slogan stratégique « Pain, liberté, dignité nationale » par « Travail, liberté, dignité nationale », le slogan central de la Révolution. L'une des principales décisions de ce congrès est le grand projet national qui était conçu conformément aux études faites par les experts du FP qui aura la charge de lui donner forme. Il s'agit d'un projet qui vise à unifier les Tunisiens autour de tout ce qui est commun pour l'édification d'un Etat civil, démocratique et puissant sur tous les plans, politique, économique, sécuritaire, culturel, environnemental... L'ISIE mise à l'index Pour ce qui est des élections, Hammami a déploré l'attitude de l'ISIE qui ne fait rien pour motiver les Tunisiennes et les Tunisiens en vue de les amener à s'inscrire, se contentant de campagnes très timides. Une telle situation ne pourrait que profiter à ceux qui ne veulent pas que ces élections réussissent et qui misent sur un bloc homogène et limité de votants. Il a aussi attiré l'attention sur les conséquences néfastes de mettre tous les partis politiques dans le même sac en prétendant qu'ils sont tous pareils, espérant par là faire désespérer les gens à les amener à bouder les élections. Une telle défection de la part des citoyens serait un prélude à l'installation de la pire des dictatures. Hamma Hammami a assimilé ces manœuvres malsaines aux tactiques fascistes qui ont amené au pouvoir Hitler. D'autre part, il a adressé des critiques virulentes à l'endroit de l'ISIE qui ne bronche pas face aux dépassements commis par certains partis au niveau de la composition de certaines instances régionales électorales, à l'image de celles d'Italie, où l'un des membres est soupçonné de monter un réseau pour faire envoyer nos jeunes en Syrie. Concernant les présidentielles, le secrétaire général du PT a fait savoir qu'il était, catégoriquement, contre ce qu'on appelle un candidat consensuel, une formule dans laquelle il voyait une manière d'installer une culture antidémocratique, faisant fi de l'intelligence du citoyen et de sa capacité à choisir. Pour ajouter une pointe d'humour, il a assimilé ce président consensuel au VI calife. « Soyons consensuels autour de la feuille de route, de la stratégie de lutte contre le terrorisme, de la manière de faire face à la violence », scanda Hammami. « Nous allons entrer dans des quartiers populaires, réputés être les fiefs des intégristes, tels que celui d'Ettadhamen, pour y mener notre campagne électorale, et vous allez voir l'attitude du gouvernement » ajouta-t-il. Les conditions générales régnantes dans le pays, surtout en cette période ramadanesque, où le discours haineux dans les mosquées se multiplient et s'intensifient, ne sont pas de nature à rassurer aussi bien les protagonistes politiques que les citoyens. D'ailleurs, certains miliciens des « Ligues de Protection de la Révolution » qu'on a prétendu avoir dissoutes, sont toujours actifs, ce qui laisse miroiter une menace très sérieuse quant au climat dans lequel se tiendront les prochaines élections, affirma le porte-parole du parti.