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Montée en puissance des cafés culturels.. «Les rabatteurs» des partis politiques font du «table à table»
Publié dans Le Temps le 16 - 07 - 2014

Les Tunisiens en ont marre d'entendre parler politique, élections, querelles d'intérêts, course infernale vers le pouvoir, terrorisme, hausse des prix... Ils ont besoin d'évasion pour se ressourcer, les nuits ramadanesques et les Médinas de toutes les villes deviennent un espace de prédilection.
Partons vers la rencontre des Tunisiens quelques instants après la rupture du jeûne. Quand les villes fantomatiques, désertées pendant une heure ou deux, sont envahies par un exode humai. La quiétude et le calme qui régnaient dans les rues et les grandes avenues de la capitale, laissent place à un festival haut en couleurs, en mélodies et en rituels de plus en plus métamorphosés au fil des années.
Traînant le pas au gré du temps et du hasard... Offrons-nus un périple loin des balises des guides touristiques et des sentiers battus...
Quand la Médina sort de sa torpeur
Somptueuse, discrète et charmeuse, la Médina de Tunis sombre dans le silence et l'oubli tout au long de l'année. Les Tunisiens, trop accaparés par leur vie citadine, boudent leurs origines et courent vers les salons de thé, «modernité» et nouvelles tendances obligent.
Pourtant, notre belle Médina regorge de plus en plus de cafés traditionnels, de maisons d'hôtes, d'hôtels, de restaurants bon chic bon genre et d'espaces au charme envoûtant, alliant art culinaire, savoir-faire et activités artistiques. Gérés par des gens du sérail biens futés, ces hauts-lieux attisent la curiosité et invoquent l'admiration. Ils sont restaurés, rénovés et offrent un cadre qui invite à la rêverie. Au cours de l'année, ces endroits sont rarement sollicités. Les quelques personnes qui y vont en entendent parler dans leurs cercles restreints par pur hasard ou par un simple concours de circonstances. Ces richesses d'antan, ces merveilles qui nous lient avec les aïeux, demeurent malheureusement largement méconnues par le commun des mortels.
Avec l'arrivée de Ramadan, la Médina devient, comme par magie, «the place to be» ! Un engouement inexplicable anime les Tunisiens qui, durant l'année, désertent ces lieux. A peine une heure après la rupture du jeûne, une marée humaine envahit les ruelles étroites et discrètes de la Médina. Le pavé, taillé de pierres d'antan, est jonché de centaines de chaises. Les commerces traditionnels qui roupillent toute l'année depuis quelques saisons, connaissent un notoire épanouissement. Nos reliques artisanales sortent de la tiédeur des murs humides et quittent, en l'espace d'une soirée, la moiteur des petites boutiques, posées sur les étalages, pour s'offrir à l'air frais et aux regards des badauds.
Le silence, maître-mot qui enveloppe la vieille ville toute l'année, ne connaît, désormais de répit que l'espace d'un dîner, la rupture du jeûne, pendant les soirées ramadanesques estivales. Le temps d'un Ramadan, la Médina, d'habitude discrète et pudique, offre spectaculairement ses délices et ses douceurs à tous ses visiteurs. Cette ville ancestrale naît de ses cendres et se trouve animée d'une énergie inégalable le temps d'un mois.
Joindre l'utile à l'agréable
Certes, bon nombre de rituels qui jalonnaient nos soirées ramadanesques se sont enlisés, petit à petit, dans l'oubli. Les « kafichantas» (Cafés chantants), les canons pour annoncer la rupture du jeûne, les sons des tambours de «Boutbila» annonçant le commencement du jeûne. Néanmoins, la cité d'antan, avec son aura mystique et envoûtante, reprend du poil de la bête et se pare ses plus beaux costumes pour séduire les passants.
Dans les patios, les cours et les ruelles de la Médina, on rencontre tantôt une luxuriante nature qui épouse la forme des ancestrales habitations et vieux et somptueux palais datant de l'ère beylicale, ottomane ou même hafsite, tantôt les trésors de mets culinaire. Des pâtisseries tunisoises, héritage d'une culture panachée de civilisations passées et incontournables trésors ramadanesques, se donnent à voir et s'offrent, brillantes, succulentes et sans pudeur, aux bouches affamées.
Le silence qui hante ces vestiges cède la place à un festival mélodieux haut en couleurs. Une palette de genres musicaux tirés tous d'un passé lointain offre aux veilleurs des soirées qu'ils ne sont pas prêts d'oublier. Les ruelles et les espaces se transforment en espaces culturels offrant plaisir culinaire typiquement tunisien et un répertoire musical ancestral. Le plus amusant dans cette aventure nocturne au cœur de la Médina, c'est qu'en l'espace d'une soirée, l'on peut écouter tous les genres de musique. Certains spectacles se donnent à voir gratuitement, à un public de plus en plus nombreux et enjoués. Si dans les cafés culturels qui montent en puissance, l'entrée est souvent payante avec des mets relativement chers pour un Tunisien moyen, dans la majorité des cafés et terrasses, l'ambiance musicale est, non seulement gratuite mais accessible à tous les passants. Les palettes musicales offertes sont d'une richesse inouïe ! Les répertoires musicaux sont tellement composites et mitigés que parfois ça donne le tournis. Une balade au gré du hasard, peut vous offrir tous les genres musicaux mêlant le patrimoine musical du plus chic au plus populaire, de l'Orient à l'Occident. Du Stambéli, à Saliha, du Flamenco, au Jazz, de la Tijania à la Soulamia. En l'espace d'une soirée, l'on fait la rencontre de tous les registres musicaux. Certains sont payants, d'autres non. Les gérants d'un bon nombre de cafés, dont les terrasses ne sont autres que les ruelles de la Médina, plus généreux, offrent gratuitement ces spectacles, au plus grand bonheur des passants. Ces derniers, amusés, curieux et souriants s'arrêtent le temps d'une danse.
Cette ambiance bon enfant fait oublier le jeûne de la journée, les appréhensions liées à l'état du pays, les soucis du quotidien : la flambée des prix, la chute du pouvoir d'achat ou encore l'approche des Législatives. D'ailleurs, assez futés, l'IRIE de Tunis I a profité de ces concentrations humaines à la Médina en installant des stands au cœur même des cafés publics pour que les Tunisiens s'enregistrent aux prochaines élections. Une armada d'équipes souriantes et professionnelles, bien équipées et serties de jasmin, sollicitaient les passants. Professionnelles, ces équipes s'adonnent patiemment à leurs tâches et guident les futurs électeurs. Les «rabatteurs» des partis politiques ne sont pas non plus en reste. Ils font du «tabla à table» à la chasse des électeurs.
Les soirées ramadanesques à la Médina sont bercées de senteurs pittoresques. Elles offrent une longue et envoutante pérégrination dans le temps. Titillant les narines, l'odeur du jasmin se le dispute aux essences traditionnelles et aux riches variétés de l'encens qui habitent les ruelles et parent les vieux palaces et belles maisons. Les sens en éveil, les innombrables parfums des chichas se mêlent à cette symphonie sensitive et exquise offrant aux passants une valse sensorielle des plus délicieuses.


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