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«Nateg», Association fondée par des ingénieurs et des étudiants tunisiens résidant en Amérique du Nord.. Ammar Kouki, président de l'Association.. C'est au niveau de la mentalité et de l'état d'esprit qu'il faut agir en Tunisie
Publié dans Le Temps le 07 - 08 - 2014

Ammar Kouki est professeur universitaire à Montréal, au Canada et président de l'association Nateg, groupe des ingénieurs tunisiens en Amérique du Nord, institution initiatrice des « Nateg Days » dont la quatrième édition vient d'avoir lieu à Sfax du 31 juillet au 02 août 2014. L'entretien avec notre invité révèle un homme animé du sentiment de gratitude envers la patrie, imbu des valeurs d'ouverture et de partage et habité par le souci de promouvoir le métier d'ingénieur et de communiquer aux étudiants tunisiens en ingénierie les bonnes pratiques, dans la perspective de déclencher en eux un processus d'interaction positive à même de les amener à se remettre en question, à se débarrasser des mauvais réflexes et à s'exercer sérieusement à développer progressivement, en eux les « compétences douces », qualités exigées par les recruteurs et valorisées par les « Nateg days ».
Le Temps :Parlez-nous un peu de votre association.
- Ammar Kouki : Nateg est une association fondée par des ingénieurs et des étudiants tunisiens en ingénierie résidant en Amérique du Nord (North America Tunisian Engineers Group-NATEG).
Notre équipe se compose d'à peu près 280 personnes dont une majorité réside aux Etats-Unis, ainsi que d'autres qui ont reçu une formation nord-américaine mais qui sont implantés soit en Tunisie, soit ailleurs dans le monde. Le réseau est en cours de formation et le nombre des membres en croissance continue.
Quels sont les objectifs de Nateg ?
- Notre association a pour objectif de mettre en place un réseau d'ingénieurs tunisiens ayant une expérience nord-américaine, de promouvoir la formation des ingénieurs ainsi que l'entrepreneuriat technologique des jeunes diplômés. Nateg vise également à assurer une collaboration avec d'autres groupes basés en Amérique du Nord qui cherchent à promouvoir le développement technologique de la Tunisie.
Un aperçu sur Nateg days 2014
- C'est un camp d'ingénierie d'été de trois jours qui a réuni des ingénieurs et des étudiants en sciences , des membres du corps professoral, des chefs d'entreprise et des experts de Tunisie, des Etats-Unis et du Canada. L'édition de cette année a tourné autour du thème «Réussir en génie".
A travers l'organisation de cet évènement annuel , l'association Nateg vise à orienter le regard des étudiants ingénieurs vers les métiers d'avenir d'une part et à développer chez eux l'esprit entrepreneurial et de l'initiative.
Au cours des trois journées de Sfax, nous avons tenté de rejoindre les 500 étudiants et jeunes ingénieurs présents au niveau de leur mental et de leur état d'esprit, à travers un programme riche et varié basé entre autres sur l'échange d'expériences. Au cours du camp on a eu une expérience tout à fait phénoménale. Trois PDG de compagnies américaines ont parlé aux participants de CV et de "soft skills" ou compétences douces. On a mis des volontaires dans des situations d'entretien pour leur apprendre comment communiquer, comment se comporter lors d'une entrevue et comment les choses se passent. On leur a présenté les qualifications privilégiées par les employeurs. Ce qu'il faut dire c'est que par rapport à l'Amérique du Nord il y a un manque de connaissance surtout des bonnes pratiques dont les participants ont eu connaissance lors de ces journées.
À votre avis quels étaient les moments forts de ces trois journées ?
- Je pense que le programme dans sa totalité peut être qualifié de riche. J'ai personnellement beaucoup appris des personnalités de marque présentes à ces journées dont l'humilité est et tout simplement admirable, eux qui ont beaucoup accompli dans leur carrière. Il s'agit des PDG d'entreprises américaines Mathew Mengerink, Joe Baeumel et Josue Molina. Cette humilité a marqué tousles des assistants et tous les participants. Le programme comportait également des séances interactives qui regroupaient des étudiants avec des invités parmi les compétences tunisiennes en Amérique du Nord. Ces séances ont eu un écho très favorable. Il y a eu même des activités sociales dans une perspective de réseautage. Le tout s'est déroulé dans une ambiance décontractée ce qui a permis au public cible de faire part spontanément de leurs craintes, d'exprimer leur perception du métier et de demander des conseils. C'est d'ailleurs l'objectif majeur des journées, celui du partage de l'expérience acquise acquise par les experts présents durant leur vie et leur carrière. Partager l'expérience avec un expert, une personne qui a réussi sa carrière est quelque chose de précieux.
Vous aviez certainement diagnostiqué auparavant les besoins des étudiants et des ingénieurs tunisiens. Quels sont-ils ?
- J'aurais d'abor une remarque à faire : nous n'avons aucunement l'intention de nous substituer à nos collègues tunisiens ni d'intervenir dans leur champ de compétence. Nous ciblons uniquement les aspects complémentaires à travers le partage de l'expérience nord-américaine pour tout ce qui entoure le métier d'ingénieur, en matière de bonnes pratiques concernant formation d'ingénieur, le niveau entrepreneurial, les bonnes pratiques dans le sens de se prendre en main, d'acquérir un sens de responsabilité et de comprendre qu'être ingénieur signifie avoir un certain état d'esprit. Nous voulons communiquer cet état d'esprit dans la perspective américaine à nos étudiants et ingénieurs.
Pourriez-vous être plus explicite concernant ce concept d'état d'esprit ?
- Ce concept repose sur trois éléments. Le premier est que , en Amérique du Nord, le métier d'ingénieur implique une responsabilité envers la société. L'ingénieur ne peut poser aucun acte qui ne place pas en priorité l'intérêt et la sécurité du public. Le deuxième élément est qu'un ingénieur ne saurait être passif. Il doit être constamment habité par le souci et la question de savoir comment améliorer, comment régler certains problèmes, comment optimiser. Comment régler un problème sociétal, comment mettre la technologie au service humain de son pays. Le troisième élément est l'esprit de redonner. C'est un esprit intégral selon lequel un bon ingénieur ne doit pas se contenter uniquement de recevoir mais il doit être disposé à redonner, à aider les autres, à partager son expertise, soit par conseil soit par des actes concrets.
Sans complaisance, si vous aviez à évaluer et à juger le système de formation de nos ingénieurs, qu'est-ce que vous pourriez dire ?
- À vrai dire tout système comporte des lacunes y compris le système canadien. C'est pour cela que les réaménagements des programmes font l'objet d'efforts continus. Le métier d'ingénieur ce renouvelle pratiquement quotidiennement vu la cadence à laquelle la technologie évolue. Concernant le système tunisien en particulier, parmi les lacunes ciblées par les journées, il y a celle qui a trait à l'état d'esprit, un élément qui ne figure pas dans la formation académique mais qui constitue quand même un ingrédient. c'est pour cela que nous avons essayé d'immerger les étudiants et les jeunes ingénieurs dans cette culture nord américaine afin qu'ils développent à cet état d'esprit, d'abord au cours de leur formation, pour pouvoir se prendre en main et mieux se préparer à l'avenir.
Il est dit-on question d'une étude portant sur le système de formation tunisien
- Concernant les lacunes du système tunisien nous où nous employons actuellement à préparer un document dans lequel on va évaluer ce système à travers l'optique nord américaine pour aboutir à des recommandations pouvant être prises en compte, soit par le gouvernement actuel ou les partis politiques qui pourraient intégrer un élément de réflexion concernant sa réforme. Le but c'est que le système doit être au niveau international parce que vous aujourd'hui nous faisons face à une concurrence n'ont pas locale mais internationale ce qui implique qu'il faut voir ce qui se passe ailleurs et relever le niveau de notre système tunisien pour avoir une formation répondant aux standards internationaux. Il est vrai que la tâche est ardue mais je pense que nous avons les compétences nécessaires pour aborder cette question, d'autant plus que nous avons une méthodologie rigoureuse et scientifique. Par conséquent il est difficile de se prononcer pour le moment sur les lacunes de notre système en attendant les conclusions qui doivent être documentées et justifiée et comporter des recommandations bien étudiées, faisables et tenant compte de la réalité socio-économique tunisienne.
Pour revenir aux journées «Nateg days», quel intérêt avez-vous à les organiser?
- Nous avons effectivement un intérêt, celui de redonner au pays auquel nous nous sentons redevables de notre éducation, de notre carrière et de notre réussite. Nous avons une dette envers ce pays qui nous a formés et qui nous a donné l'opportunité d'aller étudier dans les plus grandes écoles et les plus grandes universités américaines. Nous avons été chanceux plusieurs d'entre nous ont réussi de belles carrières ils sont devenus chercheurs, des professeurs de renommée internationale, des hommes d'affaires qui ont réussi dans leur domaine. Par conséquent à la suite de la Révolution, nous avons pensé à fonder notre association. C'est cette volonté et c'est ce sentiments de gratitude et de se sentir obligé envers le pays nous anime. Ceci dit, l'association est entièrement apolitique, sans la moindre connexion à qui que ce soit, sans dépendance ni affiliation aucune. l'Association est exclusivement focalisée sur le génie. L'association pratique du bénévolat pur et simple.
D'où provient le financement de l'association ?
- Le financement est fourni par des amis, des collègues et du sponsor d'entreprises appartenant à des collègues ingénieurs d'Amérique du Nord. Nous bénéficions évidemment du soutien du ministère de l'enseignement supérieur notamment pour ce qui est de l'hébergement des étudiants dans les cités universitaires. Cette association est précieuse et nous tenons absolument à ce qu'elle ne soit l'objet d'aucune suspicion, ni de tout libellé de l'importe quel type. Par conséquent nous financements sont inconditionnels.
Les ingénieurs tunisiens ont-ils une chance de décrocher un poste d'emploi en Amérique du Nord ?
- Absolument. Personnellement je recrute au laboratoire beaucoup d'élèves ingénieurs tunisiens détenteurs de Master par exemple. Mes collègues en recrutent aussi. Les écoles tunisiennes ont généralement une bonne cote auprès de nos collègues mais à condition bien entendue d'opérer une sélection. Il y a plusieurs possibilités pour les étudiants tunisiens de rejoindre certains pays d'Amérique du Nord dans le cadre e de programmes, de bourses d'alternance offertes par le ministère. Il y a des programmes de bourses nationales, de bourses canadiennes et américaines, non pas de façon massive mais il y a quand même des opportunités. D'ailleurs, au cours des journées de Sfax, on a informé les étudiants présents des opportunités de bourses et des procédures à suivre pour y avoir accès.
Le mot de la fin
- Je pense que pour que la société tunisienne change évolue vers le meilleur, on a besoin surtout de travailler sur l'état d'esprit. Nous qui sommes focalisés sur le génie, on le fait, mais j'espère, qu'il y aura un effort similaire dans les autres secteurs. Personnellement j'ai beaucoup d'espoir dans notre pays à condition quand même faut de faire davantage, de prendre plus de responsabilité et d'être plutôt proactif que passif, c'est-à-dire qu'il ne faut pas attendre que les choses se fassent. Mon souhait est de voir que cet esprit proactif soit généralisé. Concernant notre action les échos qui me sont parvenus sont positifs dans la mesure où ce que nous avons essayé d'inculquer en matière d'état d'esprit commence à germer auprès des étudiants.
Quitte à ne pas ménager les susceptibilités, que reprochez-vous à l'état d'esprit des Tunisiens en général?
- C'est un état d'esprit majoritairement passif c'est-à-dire que l'on attend que les choses se fassent c'est-à-dire que ce n'est jamais notre problème le problème de quelqu'un d'autre. L'étudiant en classe est toujours dans le mode passif, si le professeur lui donne quelque chose, il avale et l'absorbe, sinon c'est la faute au professeur. Pour agir, on attend qu'un certain nombre de conditions soient satisfaites. Comment on dit les étoiles doivent être alignées pour passer à l'acte. C'est un esprit destructif. Un ingénieur qui n'est pas curieux, qui ne veut pas résoudre les problèmes et qui ne le fait que lorsqu'on le lui demande fait preuve d'un état d'esprit tout à fait négatif. Un ingénieur qui constate un dysfonctionnement quelconque, doit se mettre systématiquement dans un mode de résolution des problèmes. Parce que les ingénieurs sont des"problèm solvers" . Ce métier est une responsabilité ; sa vocation est d'améliorer le sort de son pays, de son entourage et de sa société. Être ingénieur, c'est pour le bien de l'humanité pour les bonnes causes. À propos, il me vient à l'esprit cette citation d'Einstein : "les physiciens utilisent et s'intéressent à ce qui existe; les ingénieurs créent ce qui n'existe pas ». Le métier d'ingénieur n'est pas un privilège, c'est une responsabilité.


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