Une musique intense et inventive. Une soirée colorée et festive. Un véritable show. Un double plaisir pour les oreilles et pour les yeux. Le ballet Carmen présenté samedi dernier au festival d'Hammamet était une alternance entre musique, danse et chorégraphie. Natalia Osipova, l'étoile filante de l'académie du Bolchoï, sensible à la danse de Maya Plissetskaya et à l'imaginaire de Carmen était au rendez-vous avec son ballet Carmen, un univers largement et généreusement ouvert à la danse néo-classique et à la danse de caractère. Carmen, un ballet en deux actes, hymne à la liberté de la femme a valu à la danseuse Galina Christova, à la fin du spectacle, une standing ovation. Cette œuvre construite par Prosper Mérimée, mise en musique par Georges Bizet, dansée d'une autre manière par de jeunes instinctifs est ressentie par une chorégraphe viscéralement slave. Sur des musiques universelles et dans un tourbillon de couleurs, les costumes et les décors évoquent cet hymne à la joie. Carmen nous fascine par la richesse et la force de sa personnalité qu'elle affirme sans crainte. Cette « affirmation de soi » est le fil conducteur du ballet qui nous dévoile une femme libre, émancipée et contemporaine. Amoureuse, Carmen est sensuelle, gracieuse, mais aussi désespérée. Qu'on se dresse en travers de ses desseins, elle entre en résistance. Elle lutte pour ses droits et sa liberté, au risque d'y perdre la vie. Libre, maîtresse de ses choix qu'elle affirme avec force, Carmen s'affranchit de la "dictature" des traditions et des règles sociales pour accéder à une liberté d'être et de faire. Cette puissante "affirmation de soi" atteint son summum dans la libre gestion de son passage dans l'au delà; même face à la mort, elle ne n'abdique pas. Jamais Carmen ne cèdera, libre elle est née, libre elle mourra. Les danseuses et les danseurs en ont fait leur acquis ; parfois en solo, parfois à deux, parfois tous ensemble. Leur prestation, leur application, l'harmonie de leur évolution témoignent d'un souci évident du détail. Un souci qui se manifestait également au niveau des robes et de l'accompagnement musical. Ces danseuses ont essayé de revisiter l'histoire et le patrimoine, matière dense d'inspiration et d'y puiser des idées pour des tableaux réussis. Entremêlant le langage musical et gestuel à l'expression du corps, tout est exprimé à travers le moindre geste et le moindre pas. Un spectacle vivant, d'une grande liberté créatrice. Une à une, les danseuses vêtues de rouge, de noir et de blanc avancent sur scène, une rotation, un regard perçant, un léger déhanchement et toute la scène se met en évidence. Un vrai régal, une énergie tonique et de grands instants de bonheur.