Korba,il faisait chaud dans ce village agricole. La campagne des tomates vient d'être achevée. Les fellahs que nous avons contactés ne sont pas trop satisfaits. Et pour cause ! Ils travaillent à perte. Am Salah, un vieux fellah ne cache pas sa déception « C'est un métier difficile et peu rentable nous dit-il avec une voix cassée. «J'ai travaillé à perte cette année vu les frais élevés des semences, des engrais et de la main-d'œuvre. On a un problème de coût. Si on continue à vendre le kg à 130 millimes à l'usine, on ne rentre pas dans nos frais vu les taxes agricoles, le transport et la réduction faite lors de la livraison de la production à l'usine qui varie entre 15 et 30%. Ce qui se répercute sur notre gain qui est estimé à 35 millimes le kg. Ce qui est insuffisant vu les efforts fournis et la longue attente devant les usines et j'estime qu'il est préférable de vendre nos tomates au marché de gros que de les acheminer vers l'industriel. La concurrence est très vive et nous restons à la merci des transporteurs et des industriels. » Il est vrai que le prix de référence des tomates fraîches destinées à la transformation a été augmenté, en septembre 2012, de 15 millimes le kilogramme, pour atteindre actuellement 130 millimes le kg. Moez Chaouch, président de l'Union locale des agriculteurs de Korba nous a précisé que le prix de référence des tomates fraîches destinées à la transformation n'a connu de changement que durant les années 2008 et 2013 passant respectivement à 95 et à 130 millimes le kilogramme. Le fellah ne reçoit que 123 millimes. 5 millimes vont au fonds de l'exportation alors que 2,5 sont payés comme taxe. Or, ce prix ne couvre que 28% du coût de la production. Nous appelons donc à la révision du prix de référence. Le coût réel d'un kg est estimé à 156 millimes . Le fellah doit le vendre normalement à 170 millimes. Plusieurs fellahs travaillaient à perte sont obligés de réduire leurs superficies ou se convertir. Sur 3000 ha, la superficie cultivée en tomates est passée actuellement à 1400 ha à Korba. C'est dire que cette spéculation n'est plus rentable ! La solution, on tourne vers les fraises. Ce fruit princier qui invertit nos cuisines et nos assiettes, tient désormais une place de choix dans le panier de la ménagère. Il suffit de sillonner Diar Houjaj et Beni Aichoun pour voir les préparatifs pour l'implantation des semences de fraises en attendant la cueillette au début d'avril selon un rituel immuable. Père, mère et enfants se pressent et s'affairent pour travailler la terre et planter ces ce fruit rouge apprécie qui les terrains où les éléments silico-argileux prédominent. Un fraisier nous dit Amti Khédija produit dès la deuxième année. Son rendement oscille entre 5 et 8 tonnes à l'hectare et selon les variétés cultivées. Ces fraises plantées sont bien suivies par les fellahs car pour avoir une bonne récolte,il faut assurer un bon entretien. Si la majorité de la production est acheminée vers nos marchés, une grande quantité est exportée à l'étranger. Ce qui fait gagner le fellah et renflouer sa caisse !