* - Le consommateur aura tout juste besoin de se débarrasser de certains préjugés : ces poissons ne sont pas artificiels La reproduction artificielle du mulet et du sar à bec fin sera dorénavant possible et ce, grâce aux recherches effectuées dans les laboratoires de l'Institut National des Sciences et Technologies de la Mer. Commercialiser ces variétés largement demandées par le marché local et celui européen n'est plus un mythe. Nous disposons en effet d'une infrastructure riche susceptible de promouvoir cette activité économique. Il faut tout simplement passer à l'action et encourager l'investissement dans le domaine à travers des mesures adéquates.
Le consommateur tunisien ne cesse de protester contre la hausse des prix de poisson. Une denrée qui n'est plus à la portée de toutes les ménagères car elle devient symbole de luxe. Il faut parfois payer plus de 20 dinars pour des variétés qui se pratiquaient à des prix abordables. Mais comment se justifie cette hausse constante ? Les spécialistes l'expliquent par plusieurs facteurs, notamment, la pose biologique, l'exploitation abusive des réserves et les défaillances de la flotte maritime qui reste en sa majorité traditionnelle. Plus de 12 mille unités exercent selon les normes d'antan. Ainsi, il est difficile de pratiquer la pêche de profondeur. Régulariser le marché et l'approvisionner en la matière à des prix à la portée de tous les consommateurs est d'une urgence majeure. Il est tout de même essentiel de penser à des solutions efficaces et durables pour qu'elles ne soient pas provisoires. Pour ce faire, les autorités de tutelle ont opté pour l'investissement privé à travers l'encouragement de la pisciculture ou l'aquaculture. Toutefois le nombre des professionnels ayant choisi ce créneau de production est encore limité. Cinq seulement exercent dans le domaine.
Résultats de la recherche Mais d'autres institutions spécialisées dans la recherche maritime ont axé leurs travaux sur cette question avec, notamment pour objectif, apporter des solutions au problème qui gagne du terrain. A l'Institut National des Sciences et Technologies de la Mer on ne cesse d'accentuer les recherches dans le domaine. En témoignent les principaux résultats d'une recherche valorisant à l'échelle industrielle et commerciale de la reproduction artificielle du mulet et d'élevage du Puntazzo ou (sar à bec fin). Pour réussir la reproduction artificielle du mulet, poisson largement consommé dans le marché tunisien voire extérieur, les spécialistes de l'institut ont procédé à la production des alevins de mulet à partir de pontes artificielles. Cette opération se réalise en écloserie marine et comprend trois phases. Il s'agit en fait, de l'acclimatation des géniteurs dans des structures et sous des conditions appropriées permettant l'obtention de pontes programmables, de l'induction de la ponte et obtention d'œufs fécondés et viables et de l'élevage des larves permettant la production d'alevins aux moindres coûts possibles. Si les chercheurs ont choisi de travailler sur cette variété de poisson c'est à cause de plusieurs facteurs. En effet, le marché local est très preneur de ce poisson ainsi que celui européen. La « boutargue » en d'autres termes, ovaires séchées, des mulets est très demandée par les Européens. Outre ça, la Tunisie dispose d'une infrastructure susceptible de promouvoir la production par le biais de cette technique. Nous avons d'importants sites tels que les étendues d'eau douce, les lacs de barrage et d'eau saumâtre et les lagunes. Ces espaces sont adaptés à l'engraissement extensif de cette variété. Il ne faut pas également négliger le capital humain. Plusieurs compétences maîtrisent aussi bien la gestion des élevages que de la pêche. Elles sont formées dans la commercialisation et la valorisation de ce produit. Ce n'est pas tout, des fermes aquacoles ayant une expérience dans la reproduction des poissons sont implantées dans des régions du pays.
Cette recherche permet, par ailleurs de nouvelles opportunités pour l'économie tunisienne. Elle contribuera à augmenter diversifier la production aquacole tout en favorisant le repeuplement des plans d'eau à partir des petits poissons produits en écloserie. L'exploitation aquacole dans les barrages sera rentabilisée davantage grâce à cette recherche. Or, les investisseurs n'auront qu'à prendre l'initiative et investir dans le domaine pour satisfaire la demande. D'ailleurs, ils n'auront pas des dépenses supplémentaires puisque les techniques d'élevage de cette variété sont similaires à celles de la filière loup et daurade, sachant aussi que les écloseries industrielles de ces variétés existent en Tunisie. Outre l'intérêt économique, création des postes d'emploi et des activités annexes...la recherche a prouvé qu'il existe des avantages environnementaux. Cette technique permettra de préserver le stock naturel du mulet par l'arrêt de la collecte d'alevins de cette espèce qui se pratique actuellement pour l'ensemencement des barrages. Or, il est important de prendre les mesures adéquates pour encourager l'investissement dans ce créneau. C'est, notamment, l'une des solutions disponibles pour équilibrer le marché et l'approvisionner à des prix abordables pour quelques variétés du moins.