L'inégalité socioéconomique en Tunisie a engendré des années durant l'émergence de plus en plus de couches sociales vulnérables. La pauvreté a touché tout au long de ces dernières années la population déjà sujette à la marginalisation économique et sociale. D'ailleurs, les dernières études ont montré l'échec cuisant de l'ancien système de la protection sociale. Ce dernier a, en effet, été incapable de couvrir les populations les plus vulnérables. Pour changer la donne, la réforme du système de protection sociale de fond en comble s'impose comme une urgence. Des experts nationaux et étrangers ont été invités à se pencher sur cette question autour de la conférence nationale sur le système de la Protection Sociale autour du thème «Pour la mise en place d'un socle de Protection Sociale en Tunisie». Entamé hier, jeudi 11 septembre 2014, le séminaire qui s'achève aujourd'hui, a été organisé par le ministère des Affaires Sociales en collaboration avec l'UNICEF, le Centre de Recherches et d'Etudes Sociales et l'Organisation Internationale du Travail. Parmi les objectifs principaux de la conférence : dresser d'abord l'état des lieux de la Protection Sociale en Tunisie, énumérer ses défis et ses perspectives pour œuvrer à la mise en place d'un socle de Protection Sociale équitable et humain et qui réponde aux exigences de la nouvelle Constitution et aux normes internationales. Durant ces deux jours de concertation, il s'agira de passer en revue la situation actuelle de la protection sociale et de s'ouvrir sur les expériences comparées et partager les bonnes pratiques pour établir aux termes de cette conférence une sorte de pacte sous forme de socle de Protection Sociale en Tunisie. Cette réforme permettra de renforcer et d'améliorer les capacités des acteurs sociaux en termes de formulations politiques de protection sociale. Un consensus socioéconomique et politique pour un nouveau socle social Le ministre des Affaires Sociales, M. Ahmed Ammar Younbai a ouvert la conférence nationale en présence d'invités de marque et d'experts tunisiens et internationaux. Il a souligné l'urgence à mettre en place un socle de protection sociale équitable répondant aux exigences socioéconomiques de la Tunisie. De son côté, le représentant du Chef du Gouvernement a assuré qu'une réforme globale du système de la protection sociale est nécessaire pour booster la relance économique et garantir la transition démocratique. Mehdi Jomaâ a rajouté qu'une telle conférence permettra d'exposer la réalité du système de la protection sociale et les perspectives de sa réforme selon les critères constitutionnels et les priorités du développement économique et social. Il a, par la suite, souligné que cette réforme ne pourra se faire sans prendre en considération le Contrat social signé entre le gouvernement et les partenaires sociaux à la lumière des expériences internationales réussies. «Cet état des lieux nous permettra de nous concerter avec l'UGTT et l'UTICA pour mettre en place les prémices d'une nouvelle vision générale sur le système national de la protection sociale et ce, à travers l'instauration d'un socle national qui réponde aux orientations de l'Organisation Internationale du Travail et qui garantisse la dignité et l'encadrement social et médical pour tout le monde sans marginalisation ni exclusion.», a expliqué le Chef de gouvernement. Cette approche s'articule autour de cinq grandes priorités, toujours selon Mehdi Jomaâ et qui ne sont autres que la promotion de l'investissement et du développement, le rétablissement de l'équilibre économique, le développement régional, la persistance des grandes réformes socioéconomiques, la réforme politique, la réforme fiscale pour assurer la transparence et la justice sociale et la dernière priorité le pacte social et national. Tout cela ne peut se faire, bien évidemment, sans un consensus national sur lequel tous les acteurs gouvernementaux, sociaux, politiques et associatifs soient d'accord. Ce travail de longue haleine permettra de fonder un nouveau socle social et économique équitable au sein d'un Etat démocratique respectueux des droits de l'Homme. Faiblesses structurelles Au fil des années, la situation de la protection sociale s'est avérée de plus en plus faible et défaillante. Dépourvue de réforme intégrale et ne répondant plus aux besoins actuels des Tunisiens, la protection sociale en Tunisie connaît des faiblesses structurelles qui ont montré les limites de tout le système où la justice sociale est inexistante. Les mouvements du 17 décembre 2009 et du 14 janvier 2011 en sont le meilleur exemple. Les abus et violations des droits de l'Homme, spécialement dans les zones défavorisées, la marginalisation d'une très large partie de la population ont montré combien le système de la protection sociale en Tunisie était inéquitable et injuste. La conjoncture actuelle est jalonnée de défis où il s'agit d'instaurer une nouvelle approche économique, sociale et environnementale consensuelle et équitable entre les régions. Dans cette phase de transition et sur cette lancée de réformes globales, il était temps de repenser le système de la protection sociale tunisien. La conférence nationale a appelé, en effet, à une réflexion approfondie sur la création d'un nouveau système social respectueux des droits humains et qui soit accessible à tout le monde. Nombreuses sont ces défaillances. Les dernières études le montrent bien. Notons que 15% de la population active est dépourvue de protection sociale. Par ailleurs, le taux de couverture sociale est nettement moins important pour les souches sociales à faible rentrée d'argent à l'instar des travailleurs agricoles et domestiques. Les disparités ne sont pas uniquement sectorielles, elles sont également géographiques. Dépourvus de travail, les habitants des zones rurales sont obligés d'opter pour le travail informel. Ces derniers ne possèdent pas, de protection sociale adéquate. Durant la conférence, les experts ont rappelé, notamment, les défaillances des régimes de retraite (disparités en termes d'âge, de cotisation et de la méthode de calcul de la retraite) et les soucis financiers auxquels fait face aujourd'hui le système de protection sociale. Des difficultés financières étroitement liées «à des problèmes démographiques».