Ils étaient cinq autour d'une table bien garnie. Ce soir là l'inculpé n'était pas à l'aise. Il passait par une période difficile liée à sa santé. Il racontait à ses amis les péripéties par lesquelles il est passé qui l'ont poussé à perdre un peu la boussole. Voir son fils mourir devant ses yeux à la suite d'un accident de la circulation lui a laissé des séquelles insurmontables. Des visites périodiques suivies d'un séjour à l'hôpital Razi lui ont permis d'aller un peu mieux mais il n'a jamais été complètement rétabli. Il buvait tout en racontant ses malheurs à ses amis. Ceci n'a pas plu à la victime dans cette affaire. Cet ami voulait entendre autre chose. Il voulait rigoler, il voulait entendre des anecdotes mais devant la situation dans laquelle l'inculpé les a mis à Le vin aidant il a traité son ami de fou. Il l'a conseillé d'aller se faire soigner. L'inculpé s'est senti, complètement, humilié devant les autres. Il pensait avoir affaire à des amis mais il a fini par trouver un individu indigne de cette amitié. D'une simple discussion, les choses ont pris une tournure dramatique. Une altercation suivie d'une bagarre puis dans un moment où l'inculpé a perdu son self contrôle, il a pris un couteau et a asséné plusieurs coups au niveau des poumons côté gauche de son ami. Le sang a jailli et la victime a chuté à terre gémissant de douleur tandis qu'à la vue du sang l'inculpé a pris la poudre d'escampette et est allé se réfugier au domicile parental. Le blessé a été transporté à l'hôpital de Nabeul par les agents de la protection civile qui sont arrivés légèrement en retard. Le blessé a été reçu au pavillon des urgences. Il a subi une opération chirurgicale assez délicate puis il a été placé sous surveillance continue. Malheureusement il n'a pu tenir que deux jours. Le troisième jour il a succombé à ses profondes blessures. La Direction de l'hôpital a alerté les autorités judiciaires. Une équipe s'est déplacée à l'hôpital présidée par le juge d'instruction. Après les constats d'usage, le juge a ordonné le transfert du cadavre à la morgue pour autopsie. Il a demandé au médecin légiste de lui fournir les causes réelles du décès. Ensuite il a confié l'affaire aux inspecteurs de la Direction régionale des affaires criminelles de la ville de Nabeul. Le témoignage des présents a permis l'identification de l'inculpé. Il a vite été arrêté. Interrogé il a expliqué que la victime l'a traité de fou et l'a humilié devant les présents. Il a expliqué qu'au moment des faits il avait perdu le contrôle de ses actes et est passé par une crise hystérique qui l'a poussé à agresser son ami. Il n'avait jamais pensé que le coup allait être fatal. Il n'avait jamais pensé tuer, mais a-t-il expliqué c'est le destin. Il a été écroué en attendant la fin de l'enquête. Il a été traduit dernièrement en état d'arrestation devant une chambre criminelle du tribunal de Grombalia. Devant le juge il a réitéré ses déclarations données lors de l'instruction et a insisté auprès du tribunal pour expliquer qu'il n'avait jamais eu l'idée de tuer. Il a longuement expliqué que la victime voulait le ridiculiser alors qu'il aurait dû être entouré de l'estime de tous ses amis. Cela ne s'est pas produit et il y a eu le drame. Son avocat a demandé l'allègement de la peine car son client souffrait de crises émotionnelles. Plusieurs facteurs se sont accumulés et on abouti à la mort de la victime. Le blessé n'a pas été secouru à temps. L'arrivée des agents de la protection civile était tardive, l'intervention chirurgicale a été un échec. L'avocat a demandé aux juges de prendre en considération le fait que son client n'est pas tout à fait maître de ses actes. Ses différentes hospitalisations sont la preuve qu'il manque de lucidité. Ceci lui permettrait de voir sa peine allégée. Après les délibérations, les juges étaient convaincus que le meurtre était prémédité. Plusieurs coups ont été assénés à la victime. Les troubles psychiatriques ne peuvent en aucun cas l'empêcher de différencier entre le mal et le bien, entre ce qui est faisable et ce qui est pénal. L'accusé a été condamné à la prison à perpétuité. Il a fait opposition et sera de nouveau traduit devant la cour d'appel pour tenter d'obtenir un allègement de la peine.