La nouvelle du décès de Abdelmajid Lakhal, le samedi dernier, a ému et surpris tous ceux qui l'ont connu et aimé, bien qu'ils le savaient rongépar la maladie, car il s'attendait, comme il était de son habitude, de revenir sur scène ai plus vite vite, avec tout le courage d'un homme qui était prédestiné pour jouer et le théâtre était pour lui sa raison d'être. Bizertin de naissance, il a vécu dès son enfance à Hammam-Lif, et se familiarisa avec la scène depuis qu'il était élève. Il se joignit à la troupe des jeunes de cette ville, qui était animée et réputée pour ses eaux thermales. Ce fut dans cette ville qu'il fit la connaissance, dans les années soixante d'Aly Ben Ayed, lequel était natif de la même ville. Ce dernier, ne le lâchera plus depuis, après avoir découvert ses qualités artistiques. Il lui permit ainsi d'acquérir une grande expérience dans la mise en scène, en l'invitant à réintégrer la troupe municipale de Tunis dont Aly Ben Ayed fut le directeur. Ce qui permit à Abdekmajid Lakhal d'évoluer dans le théâtre, en jouant dans plusieurs pièces mises en scène par Aly Ben Ayed, dont notamment les pièces de Molière, avec des adpatations bien réussies puisqu'elles avaient toutes retenu le public. Abdelamajid Lakhal a mis en exergue tous ses dons d'un homme de théâtre expansif qui joue spontanément sans pour autant tomber dans la bouffonnerie ou le vaudeville exagéré, et ce que ce soit dans l'avare, l'école des femmes etc... Ce fut ainsi qu'il put évoluer et devenir un grand du théâtre , ayant mis en scène lui-même des pièces théâtrale, telles que Hamlet aux côtés de Aly Ben Ayed, ou le marchand de Venise de William Shakespeare qu'il joua à Tunis et à l'étranger. Il avait également participé dans des films et des téléfilms.. A la fin de sa longue carrière il était quelque peu aigri, car il était comme oublié aussi par ses collègues cinéastes et hommes de théâtre confondu, qui faisaient rarement appel à lui. Mis il était digne et avait toujours évité de se montrer présomptueux ou importun même lorsqu'il s'agissait de réclamer un droit ou de dénoncer une injustice. En somme, pour un artiste de sa trempe, il n'a pas eu la monnaie de sa pièce, et n'avait pas récolté tous les fruits des efforts qu'il avait fournis n'étant pas arrivé au bout de ses ambitions. Il a tiré sa révérence à l'âge de 75 ans, dans la discrétion et surtout en toute dignité. Paix à son âme. Ahmed NEMLAGHI Un riche parcours C'est le 27 septembre 2014 à l'âge de 75 ans que l'acteur tunisien, Abdelmagid Lakhal a tiré sa révérence à Hammam-Lif' sa résidence préférée, où il a passé toute sa jeunesse, des suites d'une longue maladie. C'est à l'âge de 16 ans qu'il se lance dans le théâtre, mais sa vocation théâtrale est née un peu avant puisqu'il obtint son premier rôle sur les planches en 1948, à l'âge de 9 ans. Il participe alors au groupe théâtral des Jeunes comédiens de Hammam-Lif et contribue à développer le 4è art dans cette ville aux côtés du fameux Ali Ben Ayed dans les années 60. Il sera présenté par ce dernier en 1968 à Hammamet, lors de la représentation de la pièce dramatique « Hamlet » où il a travaillé en tant qu'assistant à la mise en scène. Parti en France en vue de perfectionner ses talents et ses connaissances en matière de dramaturgie, il effectua un stage en 1965 au théâtre de l'Odéon à Paris, où il étudia la théorie et la pratique de la mise en scène. Lakhal prit dès lors une nouvelle dimension, mettant en scène pour la première fois, pour le compte de la Troupe de la ville de Tunis Huit femmes, Le commerçant de Venise, Noces de sang. Il joua dans Caligula, Yerma, Othello, Hamlet, Richard III, Mourad III, Des cages et des prisons, Mejnoun Leïla, L'avare et Hazzara. Abdelmajid Lakhal mit en place les décors et les costumes des opérettes Eddonia zhat, Joumana, Beïn noumine et des pièces Mille et Une Nuits, Golbani, Ettassouira et Le 4e univers. Dramaturge très connu en Tunisie, Abdelmajid Lakhal a également interprété des rôles de premier plan dans plusieurs films tunisiens et étrangers ainsi que dans des séries télévisées dont le plus célèbre est « Ibhath maâna » (cherchez avec nous » où il tient le rôle d'inspecteur qui a tenu le public tunisien en haleine pendant plusieurs années. Abou Rayhana (Le père de Rayhana) le consacre grand artiste auprès d'un large public. Il s'illustra aussi dans des feuilletons religieux comme Ziad Allah Al Aghlabi de Ahmed Harzallah, Yahia Ibn Omar et Al Wathik Bellah Al Hafsi. Mais pour les connaisseurs, c'est surtout la troupe de la ville de Tunis qui en fit un des grands noms du théâtre tunisien. Il a remporté plusieurs distinctions et prix dont le premier prix d'interprétation masculine au festival des télévisions arabes en 1983. En 1982, il joue le rôle de Magid dans La Noce de Luce Berthommé, reprise à la rentrée au Théâtre du Lucernaire à Paris ; il participe aussi à la reprise de Jafabule de Christian Le Guillochet. Il devient également organisateur des tournées et régisseur général de la Troupe de théâtre de la ville de Tunis. Celle-ci s'est notamment rendue trois fois à Paris (Théâtre de la Ville), ainsi qu'en Algérie, au Maroc, en Libye, à Vienne, en Egypte, au Liban, en Irak, au Koweït et au Qatar. Au cinéma, Lakhal joua Le Christ en 1975 de Rosselini, Aïssa de Zeffirelli, Aziza en 1979 de Abdellatif Ben Ammar, Sarab de Abdelhafidh Bouassida en 1981, Ryah al akdar (Le vent des destins) de Ahmed Jemaï et Echec et mat du grand cinéaste Rachid Ferchiou aux côtés de la comédienne égyptienne Shérihane. Abdelmajid Lakhal, a ainsi marqué deux générations par son excellence au théâtre, à la télévision et au cinéma. Paix à son âme !