Le centre des études pour l'Islam et la Démocratie (CSID) poursuit sa série de conférences débats sur les programmes électoraux. Hier s'était au tour du Courant Démocratique de passer sous la loupe des experts présents au meeting. La lutte contre le terrorisme, l'emploi, le développement et l'équité régionale, le système éducatif et la culture sont les thèmes choisis pour animer le débat et pour connaître de près la vision du parti pour la Tunisie de demain. Rompre avec le système de Ben Ali, réformer les institutions économiques, sociales et administratives, asseoir un Etat de droit et des institutions qui garantisse la démocratie et qui respecte les libertés et les droits de l'Homme, mettre en place les bases d'une économie inébranlable et solidaire...Telles sont les principales orientations ou encore les grandes lignes du parti de Mohamed Abbou. Cession de la quasi-totalité des biens et entreprises confisqués Ridha Zoghmi, membre du bureau exécutif a affirmé que la rupture avec le système de corruption et la dictature est l'objectif du parti qui a choisi comme slogan électoral « Azimoun ». « Notre programme repose essentiellement sur la suprématie de la loi, la mise en place d'un plan de restructuration sectoriel, d'une économie solide et solidaire et d'une société d'équité et de justice », affirme M.Zoghmi qui insiste sur le souci primordial du parti qui n'est autre que la lutte contre la corruption et l'évasion fiscale, la transparence et la bonne gouvernance. Le projet d'assainissement tous azimuts du Courant démocratique qui sera un tremplin et un point de départ pour tous les programmes de réformes. « Le financement des projets d'investissements via les ressources propres de l'Etat, la rationalisation des dépenses publiques, la cession de la quasi-totalité des biens et entreprises confisqués outre le rapatriement des avoirs gelés à l'étranger de Ben Ali et ses alliés », font partie de notre plan d'actions explique M.Zoghmi. Sécurité nationale et lutte anti-terroriste : pour une concertation et harmonie entre les deux présidences S'agissant du volet de la sécurité et de la lutte anti-terroriste, un volet omniprésent dans tous les programmes électoraux Mohamed Abbou, Secrétaire général a présenté la vision de son parti sur le sujet après avoir insisté sur le fait que le terrorisme n'est pas une nouvelle donne en Tunisie. « La Tunisie a exporté les terroristes avant et après la révolution et comme l'attestent les dernières statistiques internationales, la Tunisie est le 1er pays arabe et musulman exportateur de terroristes », dit-il. Pour faire face à cette menace : « Le courant démocratique prescrit la rigueur, la promulgation de la loi sur la lutte contre le terrorisme, la mise en place des moyens matériels, humains et financiers nécessaires, la modernisation des équipements, la formation continue des agents de la sécurité nationale et l'élaboration d'une stratégie nationale avant-gardiste qui prend en compte les facteurs déclencheurs dont l'éducation, la pauvreté et l'injustice sociale...la lutte anti-terroriste doit en parallèle aller de paire avec le respect des droits de l'Homme » Fayçal Chérif, expert militaire a considéré que la vision proposée par le parti manque de précisions et verse dans les généralités sans pour autant proposer des alternatives pratiques et opérationnelles. « Le problème réside essentiellement dans l'absence du concept de sécurité global mais aussi dans la répartition du pouvoir sécuritaire et militaire entre le gouvernement et la présidence de la République, d'où conflits d'intérêts», affirme l'expert. Partageant l'opinion de l'expert militaire, Mohamed Abbou a confirmé que la concurrence et la rivalité dans l'exercice du pouvoir a déjà participé à l'affaiblissement de la sécurité nationale. Il a appelé à ce titre les hommes d'Etat post-élections 2014 à coopérer ensemble et à faire front commun pour lutter contre la menace terroriste et ce loin des calculs politiques et des considérations partisanes. Un conseil supérieur d'investissement Concernant le programme de développement économique et de justice sociale proposé par le Courant Démocratique, ce dernier tend à rompre avec le passé ou encore avec le schéma de développement esquissé par Ben Ali. Walid Balti, membre du bureau exécutif d' « Attayar » a mis l'accent sur les déficiences du modèle emprunté par l'ancien système notamment en ce qui concerne les méthodologies de calcul des indicateurs économiques. Pour le Courant démocratique il s'agirait essentiellement de revoir la politique d'endettement extérieur, la politique de création d'emplois et de création de richesses, la politique de subvention et de sécurité sociale. « On ne va pas promettre monts et merveilles au peuple Tunisien. Notre programme s'articule essentiellement autour du maintien des équilibres globaux, la réforme des caisses sociales via entre autres l'imposition de certaines taxes sociales telles que la taxe sur les tickets Promosport qui permettra de renflouer les caisses outre la mise en place d'une stratégie à même de dépasser les problèmes de recouvrement des dites caisses». Audit des dettes extérieures de 1975 jusqu'à la Révolution Et d'ajouter : « Notre vision globale pour l'économie nationale c'est d'abord de nous éloigner des mesures de facilités et d'axer notre programme sur l'investissement comme pierre angulaire de croissance, de création d'emplois et de développement régional. Nous proposons à ce titre la création d'un conseil supérieur d'investissement, la réactivation des fonds d'investissements déjà en place outre la création des pôles de développement régional, multiplier le recours aux partenariats publics/privés et l'incitation des banques à accorder des lignes de crédits spécifiques par région. Pour le dossier des subventions, nous sommes pour une démarche pragmatique qui protège le pouvoir d'achat du consommateur et notamment des familles nécessiteuses tout en procédant par une baisse progressive des subventions selon les produits. En ce qui concerne l'endettement extérieur nous sommes pour un audit des emprunts extérieurs contractés par le gouvernement tunisien depuis l'année 1975 jusqu'à la Révolution et pour la révision des instruments dictés par les institutions de Bretton Woods qui vont à l'encontre de la prospérité sociale du citoyen tunisien. », explique M.Balti. S'agissant du dossier de l'enseignement, le parti suggère selon M.Zoghmi la création d'une faculté de l'éducation. Tel est le récap des grandes lignes du programme électoral proposé par le Courant Démocratique. Le professeur Taoufik Rajhi, économiste nous a affirmé in fine que les programmes économiques proposés par les différents partis politiques différent selon le niveau ou encore le poids du parti politique en course. « Il y a des partis qui présentent des programmes rigoureux et raisonnables, d'autres tombent dans le piège des promesses électorales et proposent des programmes économiques arbitraires et ne font que bluffer les électeurs », nous affirme-t-il.