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Au-delà des commémorations formelles et des gerbes de fleurs...
Publié dans Le Temps le 15 - 10 - 2014

Que connaissent les jeunes du printemps arabe de la bataille de Bizerte ? presque rien sauf par oui dire ou à l'occasion de chaque 15 octobre date anniversaire de l'évacuation des soldats français du territoire tunisien.
Du côté des autorités, c'est la même cérémonie commémorative de cette date pourtant mémorable dans l'histoire du pays qui se répète comme une formalité sans ardeur ni aucune tentative de tirer les enseignements utiles de cette bataille, dont ceux qui l'ont vécue la jugent « inutile » car on n'était pas à armes égales avec l'occupant.
Il est important de connaître le contexte dans lequel la bataille eut lieu et la conjoncture politique de l'époque.
Premier crime politique à l'aube de l'indépendance
Il ne faut pas oublier que la Tunisie était à l'aube de l'indépendance, mais les Tunisiens avaient une certaine amertume devant le différend qui opposa les deux grands leaders : Salah Ben Youssef et Habib Bourguiba.
Alors que le premier était convaincu que la France gardait toujours un pied à terre en Tunisie et estimait que le problème concernait tout le Maghreb, Bourguiba, avec sa politique des étapes avait une tactique différente qui consistait à user du langage de la concertation plutôt que de celui de la force.
Le différend entre le deux leaders avait atteint un point de non retour. Cela amena à une tension entre Youssefistes et Bourguibistes. C'était à qui mieux mieux. Ce fut dans ce contexte qu'a été créé le premier tribunal spécial pour juger les adeptes de Ben Youssef. Ce dernier sera condamné à mort par contumace, étant en fuite à l'étranger. Il sera assassiné le 12 août 1961 dans des conditions qui restent toujours mystérieuses quand bien même, plusieurs historiens et hommes politiques aient tenté d'élucider le mystère par différents moyens.
Les fellaghas et la guerre d'Algérie
La Tunisie était, à l'aube de l'indépendance, plus que jamais solidaire de la cause algérienne. Les Fellaghas continuaient à prêter main-forte aux combattants algériens qui étaient traqués par les troupes françaises.
Le transit des armes pour l'Algérie se faisait en effet via la frontière tuniso-algérienne, les troupes de l'Armée de libération Nationale algérienne (ALN) étaient hébergées en Tunisie.
Ce qui aiguisait davantage la colère du gouvernement français qui envoya à Bourguiba son porte-parole, afin de lui demander de fermer les frontières tunisiennes aux combattants algériens. Il s'opposa bien évidemment à une fin de non recevoir.
Le 8 février 1958, l'armée française bombarda le village de Sakiet Sidi Youssef, faisant des morts et des blessés dont des élèves au moment où ils se trouvaient à l'école.
Le chef du gouvernement français de l'époque déclara ultérieurement qu'il s'agissait d'une erreur, les troupes françaises poursuivant des troupes de l'ALN.
Quelques jours après cet événement douloureux qui laissa de graves séquelles chez de nombreuses familles avec des orphelins et des handicapés, une loi votée par l'Assemblée Nationale le 12 février 1958 abrogea la convention de 1942 où il était stipulé que Bizerte était un port français.
Le porte parole du gouvernement français réagit à cette loi par une déclaration où il affirmait que Bizerte restera port français en tout état de cause.
Toutefois le Général de Gaulle assura ultérieurement que les troupes françaises se retiraient du pays, sauf en ce qui concernait la base de Bizerte, où elles restaient encore pour quelque temps.
Par signe de solidarité avec l'Algérie, Bourguiba déclara à un moment donné en février 1959 que la Tunisie renonçait provisoirement à l'évacuation des troupes françaises de Bizerte en échange de l'indépendance en Algérie.
"La Tunisie est prête à faire provisoirement ce sacrifice, en contrepartie de la paix avec un règlement négocié du problème algérien" ajouta-t-il.
Cependant le général de Gaulle accepta mal que la Tunisie fût solidaire de la cause algérienne rejetant par la même du moins dans la conjoncture du moment, l'idée du retrait des troupes françaises du port de Bizerte.
La réaction de Bourguiba fut mue davantage par l'accord intervenu entre le Maroc et les Etats-Unis pour le retrait des troupes américaines de la base de Ben Slimane au Maroc.
En février 1960 une note fut remise à l'ambassadeur de France en ces termes :
"Après l'accord pris entre les Etats-Unis et le Maroc, le Gouvernement tunisien ne peut plus ne pas poser au gouvernement français la reconnaissance de l'évacuation de Bizerte quitte à laisser le soin aux experts d'en établir les modalités et le calendrier".
A cette note il fut répondu positivement par la France, qui était prête à négocier mais sans d'autres précisions.
Bourguiba était décidé à user de tous les moyens pacifiques pour le règlement de ce conflit cependant la France signa un accord avec le Maroc, en 1960 pour évacuer ses troupes de l'ensemble du pays avant le mois de mai 1961 date correspondant à la fête du trône.
Par cette attitude la France favorisait le Maroc, dans l'insidieuse intention de créer une animosité entre ce pays frère et la Tunisie.
Et ce n'était pas gratuit, car le roi Mohamed V et Bourguiba avaient proposé le 22 novembre 1957 à la France et au FLN leurs bons offices. Cette proposition fut évidemment rejetée par le ministre des Affaires étrangères à l'époque. Christian Pineau, motivant ce refus par le fait qu'ils n'étaient pas neutres étant solidaires de la cause algérienne.
La Tunisie ne tomba pas dans le piège de créer des animosités avec le Maroc, et rappela à Paris la nécessité de négocier l'évacuation de Bizerte, dans les meilleurs délais. Cependant et malgré le succès du referendum lancé par le général de Gaulle en ce qui concerne le problème algérien, les négociations tuniso-françaises concernant le règlement du conflit de Bizerte ne purent aboutir à une solution amiable. De jour en jour la tension ne fit qu'augmenter ce qui mena en 1961 à la fameuse bataille de Bizerte où les troupes françaises n'avaient pas hésité à tirer sur des civils innocents, et où les troupes militaires tunisiennes avaient fait preuve de courage et sens du sacrifice.
Sur le plan militaire la bataille est perdue, mais gagnée sur le plan diplomatique, car à l'époque Dag Hammarskjöld alors secrétaire général de l'ONU se rendit à Bizerte, pour compatir avec le peuple et lui faire part de son soutien. A l'ONU la plainte présentée par le ministre des Affaires étrangères à l'époque, le militant Mongi Slim , fut appuyée par 60 voix contre 13 abstentions.
Le 15 janvier 1963 s'amorcèrent les négociations entre la Tunisie et la France sur l'évacuation. Le 15 octobre 1963, tous les soldats français quittaient définitivement la base de Bizerte.
Bizerte, la perdante dans l'histoire
Les jeunes du printemps arabe devraient tirer les leçons qu'il faut afin de redorer le blason de la ville de Bizerte qui est restée depuis marginalisée, alors que cette ville est un port bien coté qui relie la Tunisie à Europe et qui favorise par la même les échanges commerciaux avec ce continent. Outre les beaux sites se trouvant sur la côte et qui ne n'ont pas été jusqu'à présent exploités sur le plan touristique.
A chacun son printemps, et son droit à une place au soleil.


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