Quelques actes de violence ont émaillé ces derniers jours la campagne électorale, des spots télévisés sans saveurs, sinon sources de railleries, des promesses à droite et à gauche, quelques meetings réussis en termes de mobilisation, des affaires qu'on essaie de déterrer...La campagne électorale pour les législatives, à 9 jours du scrutin laisse un goût d'inachevé. Où sont les programmes concrets ? A-t-on tiré les leçons des élections du 23 octobre 2011 ? Pourquoi, ces actes de violence même s'ils sont isolés ? Quelle est la place de l'argent sale ? Va-t-on voter pour ou contre un projet ? La présidentielle, n'a-t-elle pas dominé les législatives ? Mustapha Tlili, universitaire constate que la ferveur constatée lors des élections du 23 octobre a beaucoup baissé. Il déclare au Temps : « au niveau du discours et des programmes, il n'y a pas une grande évolution. On n'a pas su tirer profit de l'expérience du 23 octobre. On ne fait que vendre, à tout vent des illusions et des promesses. Les grands sujets sont absents de la campagne comme la lutte contre le terrorisme ou le rôle de l'Etat comme garant de la paix civile. On ne remarque pas une véritable conscience de la gravité de la situation. Le seul souci des candidats est de décrocher un siège dans le prochain parlement, au moindre coût en termes d'idées et de projets. Le prochain parlement sera meilleur que l'Assemblée Nationale Constituante. Les Tunisiens ont acquis une expérience et un savoir faire dans le choix de leurs représentants. Toutefois, la prochaine assemblée ne sera pas au niveau des exigences de la situation du pays. Il s'agit de réussir la transition démocratique où nous aurons une majorité qui respecte la minorité. Les actes de violence constatés sont le résultat de propos d'incitation à la haine de certains dirigeants. Lorsque le président de la République de la manière avec laquelle il a parlé contre les médias et les journalistes, certains jeunes peuvent dériver dans la violence. Des affiches sont déchirées. Des tentatives d'agression de candidats sont constatées. Lorsqu'un ancien conseiller du président en exercice, attaque l'organisation syndicale, en dépit du rôle historique qu'elle a joué, cela se traduit sur le terrain par des gestes tendus. Les électeurs, se trouvent dépourvus de calme et de sérénité, au moment du choix de leurs représentants ». Pour faire le bilan de la campagne électorale, à quelques jours du scrutin, Néji Jelloul, universitaire se réfère au dossier diffusé par Nessma, contre Slim Riahi et les histoires de chèques. Il affirme au Temps : « la campagne électorale est dominé par l'argent donné par des hommes d'affaires enrichis sous Ben Ali. En l'absence de véritable projet politique, malheureusement, la vie politique dans les partis, gravite autour d'un homme. Par conséquent les attaques personnelles fusent d'un côté comme d'un autre. C'est une campagne électorale sale qui est à côté des soucis des masses des électeurs. Ce qui est encore plus grave, dans cette élection cruciale pour le pays c'est qu'on ne va pas voter pour un projet, mais contre un projet. C'est une anomalie tunisienne». Jawhar Ben M'Barek, coordinateur de Dostourna est déçu par la tiédeur de la campagne. Il espère qu'elle se réchauffe à la fin. Il déclare au Temps : « c'est une campagne froide et molle. Des partis politiques extrêmement puissants, comme Ennahdha, ont préféré se la jouer doux. Il y a aussi la domination de la campagne présidentielle. Tout l'intérêt des médias est porté plus sur la présidentielle qu'aux législatives. Au niveau de l'offre politique et électorale, on est resté dans la même configuration de 2011. Aucune thématique n'a été développée. Les programmes politiques des partis n'ont pas su parler aux Tunisiens. Les promesses sont au dessus des attentes des Tunisiens. On a l'impression que le vote des électeurs va se faire sur des critères identitaires ou idéologiques, plutôt que sur des programmes. Par ailleurs, l'ISIE a été incapable de gérer d'une manière rigoureuse le processus électoral. Les débordements ont eu lieu dans tous les sens et de tous les côtés. Elle est dans la réaction et non dans l'action. Il faut dire que la loi électorale a limité la possibilité d'action de l'ISIE. Les médias, surtout audio-visuels, n'ont pas joué leur rôle pour approfondir les débats. Dans les plateaux de télévisions les candidats se défilent pour raconter des choses absurdes ». Au final, les Tunisiens sont sortis avec presque rien de cette campagne électorale.