Il ne faut jamais leur faire confiance... Faire confiance à qui ? A ceux qui n'ont jamais tenu leurs promesses. Oui mais il y a à boire et à manger. Justement ; voilà pourquoi il faut s'astreindre à séparer le bon grain de l'ivraie. Mais une vision manichéenne des choses, n'impliquerait elle pas aussi, un certain aveuglement ? Sûrement, parce qu'il y a des nuances en tout, et c'est là que les choix s'opèrent parce que Dieu justement est dans les détails. Ce qui rend, en quelque sorte, l'opération plus ardue qu'il semblerait à première vue. L'on vote selon ses inclinaisons, ses convictions les plus profondes, avec toujours, manière de garde-fou, la distance nécessaire pour ne pas reproduire les errements du passé, l'avenir dépendant d'un simple petit geste, qui ne peut jamais être anodin. Alors, quand il faut y aller, il faut y aller. Quand obligation de vote utile il y a, il faut voter utile. « Ni avec toi ni sans toi », cela n'a aucun sens en politique. Il ne faut pas aller de Charybde en Sylla mais calculer les risques. Le pays ne pouvant supporter une nouvelle déconfiture, il ne faut jouer le jeu ni des uns ni des autres, mais s'abstenir de se faire les avocats d'un diable qui a le chic de se présenter toujours, paré d'une auréole. Ne pas mélanger les genres. La Tunisie n'est pas un laboratoire d'expérimentations ouvert aux quatre vents, et qui peut se permettre d'être ballotté par l'Histoire, aux grés des calculs mesquins, des uns et des autres ; il a assez donné en la matière, suffisamment en tout cas pour être sûr de ne pas vouloir revivre une expérience, laquelle, pour être porteuse jusqu'à un certain point, n'en pas été tout à fait heureuse. Voilà pourquoi il faut éviter de se laisser manipuler comme un pion sur un échiquier, dont les enjeux sont minés d'avance, chaque pays ayant ses propres réalités, ses propres contingences, ce qui fait que nul ne peut prétendre que les dès sont jetés, et qu'il n'y a pas d'échappatoire, sauf selon un schéma planifié à l'avance, et dont la trajectoire ne pourra dévier d'un iota. La Tunisie a mal aux entournures à cause de sa position géostratégique, susceptible de donner de l'urticaire aux uns, et un asthme invétéré aux autres. En sus d'une palpitation à tout ce beau monde, expert dans l'art de miner les pistes, ou de les brouiller, c'est selon. Quand le terrain est favorable, cela ouvre bien des perspectives. Alors, de grâce, ne leur faites pas confiance, et calculez les risques. Une campagne électorale c'est un peu comme un bal masqué, mais sans l'esprit du jeu, et avec des enjeux qui seraient majeurs. Dans la balance, une Tunisie qui peut se prévaloir de ses trois mille ans d'Histoire, en guise d'antidote, et qui risque, en se retournant, d'être transformée en une « statue de sel »...