L'avocat Ali Kalthoum, membre du comité de défense dans l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaïd, a confirmé, dans des déclarations à la presse, mercredi 5 novembre 2014, que la partie civile a décidé de porter plainte contre la chaine qatarie Al Jazeera et les auteurs du documentaire intitulé « qui a tué Chokri Belaïd » diffusé par ladite chaine, jeudi soir 30 octobre, en vertu des articles 5 et 22 de la loi relative à la lutte contre le terrorisme, pour adhésion à une association de malfaiteurs à des fins terroristes et l'abstention de fournir à la justice des données en sa possession relatives à des activités terroristes. La fondation Chokri Belaïd de lutte contre la violence que préside l'épouse de Chokri Belaïd, Basma Belaïd, a organisé, hier, à Tunis, une conférence de presse au cours de laquelle sont intervenus Basma Belaïd, Ali Kalthoum, Najet Belaïd, sœur de Chokri Belaïd et des représentants et représentantes d'associations actives dans le domaine. Toutes les interventions ont stigmatisé et condamné le documentaire mentionné pour avoir voulu tromper délibérément et induire en erreur l'opinion publique en dénaturant les données en vue « de blanchir les vrais coupables et accuser faussement d'autres parties n'ayant aucun rapport avec l'affaire. » Occultation des crimes terroristes Basma Belaïd a présenté ses remerciements aux partis politiques, aux associations, aux personnalités nationales et internationales et à la presse nationale qui l'ont soutenue, à cette occasion, et soutenu la famille Belaïd, affirmant la détermination d'aller de l'avant jusqu'à la découverte de la vérité concernant l'assassinat de Chokri Belaïd de manière à connaître qui avait planifié le crime, qui avait incité à le commettre , qui l'a financé et qui l'a commis, en dépit de toutes les pressions et des tentatives vaines pour détourner la famille de ce but. Elle a qualifié le documentaire d'une de ces tentatives vaines auxquelles le terrorisme a recours pour cacher ses crimes, comme il utilise tous les types d'armes pour les commettre. Basma Belaïd a ajouté que la chaine Al Jazeera a essayé, à travers la diffusion de ce documentaire, de créer une agitation dans les esprits, d'orienter la justice et tromper l'opinion et le peuple tunisien, mais, a-t-elle dit, le peuple tunisien n'a pas été dupe et a compris ce que cache vraiment le documentaire, notant que son effet a été positif contrairement à ce qu'attendaient ses auteurs , en montrant la sympathie profonde que voue le peuple tunisien envers l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaïd, en tant que symbole du combat pour le triomphe des choix démocratiques et nationaux. Pour sa part, l'avocat Ali Kalthoum, membre du comité de défense dans l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaïd , a analysé les divers épisodes du documentaire signalant qu'il s'agit d'un documentaire fabriqué et basé sur une manipulation nette des données en vue de faire passer certaines idées comme le fait de qualifier Chokri Belaïd de gauchiste et d'ennemi déclaré du gouvernement de la Troika et d'Ennahdha. Ali Kaflthoum a indiqué que le documentaire appartient à l'information trompeuse, notamment à travers le choix de témoins en particulier, comme le témoin Maher Zid, présenté par Al Jazeera comme journaliste d'investigation et qui d'emblée a accusé l'ancien régime d'être derrière l'assassinant de Chokri Belaid, alors que les investigations et les enquêtes judiciaires allaient dans d'autres directions. Il a déclaré que l'objectif était «de blanchir l'Islam politique de ce crime», stigmatisant la tentative d'ôter à l'affaire sa qualité de crime politique et de la présenter comme un crime de droit commun, en fourrant les relations conjugales dans le sujet sur la base de documents suspects. Il a mis en doute la crédibilité de beaucoup de témoins qui sont connus pour leurs rapports louches avec des milieux politiques. Délit d'influence Ali Kalthoum a affirmé que ce documentaire a été diffusé, en ce moment précis, pour influencer la justice et l'orienter, car la chambre d'accusation du tribunal de première instance de Tunis a rendu ses conclusions concernant le rapport de fin d'instruction relatif à l'affaire et les contestations présentées par le comité de défense à son propos, en demandant au juge d'instruction de répondre aux demandes du comité de défense et d'entreprendre les recherches et investigations que le comité a demandé à faire, afin de parvenir à la vérité, démasquer tous ceux qui sont impliqués dans l'assassinat, et qui se sont rendus coupables au niveau de la préparation, de l'exécution ou en empêchant la punition des coupables. Le juge d'instruction a indiqué dans le rapport de fin d'instruction qu'il ne lui a été pas possible d'entreprendre les dites investigations. Parmi les demandes du comité de défense figure l'audition de certains responsables des gouvernements précédents de la Troika, à l'instar de Ali Lâaraydh, ministre de l'intérieur à l'époque des faits. Ali Kalthoum a souligné que c'est cette évolution dans le cours de l'affaire qui a fait ébranler « la machine », d'où la réalisation et la diffusion de ce documentaire. Il a indiqué que la partie civile a décidé de porter plainte contre Al Jazira et les auteurs du documentaire pour adhésion à une association de malfaiteurs à des fins terroristes et pour abstention de fournir à la justice des informations en sa possession concernant des activités terroristes, car le documentaire a présenté des données concernant le terroriste Ahmed Rouissi, officiellement accusé de participation à l'assassinant de Chokri Belaid, selon lesquelles ce terroriste se trouve en Libye, dans un camp d'entrainement de volontaires tunisiens pour le combat dans les rangs des organisations terroristes et qu'il s'était retiré de l'organisation terroriste interdite en Tunisie Ansar Echariâa, en vue de constituer une phalange terroriste sous son commandement personnel. Habib Rachdi Les dossiers sur le terrorisme à «transmis à Abou Yadh par Maher Zid» Habib Rachdi secrétaire général de l'Association « Mourakab » et syndicaliste des forces de l'ordre a déclaré que Maher Zid a bénéficié de l'amnistie générale lors du gouvernement de la Troïka et qu'il a été enrôlé par Noureddine Bhiri, alors ministre de la justice au tribunal de 1ère instance de Tunis, ce qui lui a permis d'accéder à des dossiers importants. En 2013, il a été interpellé par une ronde de police qui a découvert dans sa voiture une pile de dossiers d'instruction d'affaires de terrorisme. Sur ordre du Parquet on a procédé à une fouille dans sa maison où l'on a découvert d'autres dossiers. Il a été arrêté mais Ennahdha et le CPR l'ont fait libérer. Selon Habib Rachdi, beaucoup de dossiers en instruction sur le terrorisme sont parvenus à Abou Yadh à travers Maher Zid au vu des rapports des services de renseignements algériens et libyens.