Le Bureau exécutif du Mouvement destourien, un parti fondé par l'ancien premier ministre de Ben Ali Hamed Karoui, a appelé, dans un communiqué publié hier, ses partisans à voter pour Béji Caïd Essebsi, candidat de Nidaâ Tounes à la présidentielle du 23 novembre 2014. «Réunis, ce vendredi 7 novembre 2014, sous la houlette de leur président Hamed Karoui, les membres du membre exécutif du Mouvement destourien ont étudié la situation dans le pays au lendemain des élections législatives du 26 octobre 2014, où leur parti n'a remporté aucun siège, et décidé d'appeler leurs membres et sympathisants à voter pour Caïd Essebsi», précise le parti dans son communiqué. Le Bureau exécutif du Mouvement destourien souligne que cette démarche est en harmonie avec la volonté du parti d'unifier le rang des destouriens, ajoutant que le mouvement espère la mise en place d'un gouvernement d'union nationale, garant d'une stabilité politique et sécuritaire du pays et qui cherche à promouvoir le développement économique et social du pays. La décision du Mouvement destourien d'appuyer la candidature du leader du Nidâa Tounes, qui est bien parti pour devenir le nouveau locataire du Palais de Carthage selon les derniers sondages, intervient suite au désistement du candidat de ce parti à la présidentielle, en l'occurrence l'ancien ministre Abderrahim Zouari. A première vue, le soutien apporté par le mouvement destourien au candidat de Nidaâ Tounes se situe dans le cadre de la réconciliation des membres d'une même famille même si cet appui ne vaut pas grand-chose sur le terrain. D'un point de vue électoral, le mouvement destourien, qui a été fondé en septembre 2013, soit plus d'une année après la création de Nidâa Tounes, en vue de rassembler la famille destourienne est en effet un «poids plume » comme en atteste son score extrêmement médiocre lors des législatives du 26 octobre en dépit d'un mode de scrutin de la proportionnelle au plus fort reste qui permet aux listes ayant récolté justes quelques milliers de voix dans une circonscription d'obtenir des sièges au sein du futur parlement. Selon certains observateurs, l'annonce du soutien du Mouvement destourien au candidat de Nidaâ Tounes s'apparente davantage à un cadeau empoisonné qu'à un appui réel d'autant plus que Hamed Karoui en personne a fait l'éloge des Rcdistes (membres du Rassemblement Constitutionnel Démocratique/RCD de ben Ali) , toutes catégories confondues, contrairement à Béji Caïd Essebsi qui a toujours tenu à faire le tri entre les Rcdistes ayant trempé dans des affaires de corruption et ceux ayant les mains propres. Méfiance Ces observateurs estiment que Hamed Karoui cherche en définitive à coller un peu plus l'étiquette du RCD au parti de Béji Caïd Essebsi et de lui faire ainsi perdre une partie de son électorat, puisque les dernières élections législatives ont montré que le peuple a sévèrement sanctionné les partis issus du parti de Ben Ali dissous par la justice. «Hasard du calendrier ou fruit d'une préméditation diabolique, le soutien du Mouvement destourien à la candidature de Caïd Essebsi a été annoncé le 7 novembre, une date qui rappelle l'accession de Ben Ali au pouvoir et le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) de sinistre mémoire», s'interroge un dirigeant de Nidaâ Tounes qui rassemble des tendances disparates allant des anciens destouriens aux figures de gauche en passant par les syndicalistes et les intellectuels indépendants. Très méfiant, ce même dirigeant de Nidâa Tounes rappelle l'existence de relations de complicité politique et idéologique entre les islamistes et la famille Karoui. Le 30 septembre 2013, Hamed Karoui avait révélé qu'il avait œuvré pour la légalisation du mouvement islamiste sous le règne de Bourguiba. En 1989, c'est le même Hamed Karoui, dont le fils Néjib était dans sa jeunesse un membre actif d'Ennahdha et un ami intime de Hamadi Jebali, qui a de nouveau défendu l'intégration des islamistes dans le nouveau paysage politique d'alors. Suite à cette action lobbying, le mouvement Ennahdha a obtenu l'autorisation de publier son organe «El Fajr» avant que Ben Ali ne décide de changer le fusil d'épaule et de réprimer durement les islamistes. Walid KHEFIFI Béji Caïd Essebsi révèle la vérité sur sa rencontre avec Rached Ghannouchi Béji Caïd Essebsi a nié avoir en une rencontre avec Rached Ghannouchi, pour des tractations politiques, comme l'ont rapporté en long et en large et à coups de désinformation, certains organes de presse. Béji Caïd Essebsi nous a déclaré qu'en fait les deux hommes se sont rencontrés à l'ambassade d'Algérie pour les festivités de la fête nationale algérienne. Béji Caïd Essebsi a encore affirmé avoir fait savoir à Rached Ghannouchi que la question de l'accord sur le prochain gouvernement ne saurait être évoquée avant l'issue de la Présidentielle. Par ailleurs, Béji Caïd Essebsi estime que les menaces des ligues de protection de la Révolution de provoquer un bain de Sang, dans un semblant de silence officiel, est de nature à entraver le processus électoral.