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Danse avec les loups !
Publié dans Le Temps le 26 - 11 - 2014

Après les bureaux de sondages, l'Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE) a parlé. Le premier tour de l'élection présidentielle a livré ses premiers secrets. Ceux qui étaient classés premiers ont maintenu leur position. L'ISIE a publié dans la matinée d'hier les résultats préliminaires du premier tour des élections présidentielles en révélant un classement intéressant à analyser. Ainsi, avec un nombre d'électeurs de 3267569, Béji Caïd Essebsi a obtenu comme attendu la première place avec 1 289 384 voix (39,46%), suivi par Moncef Marzouki avec 192 418 voix (33,43%), Hamma Hammami 255 529 voix (7,82%), Hechmi Hamedi 187923 (5,75%), Slim Riahi 181407 voix (5,75%), Kamel Morjene 41614 voix, Néjib Chebbi 34025 voix (1,04%)... Quelles explications peut-on donner à ces résultats ? Quel message ont donné les Tunisiens en se comportant ainsi, dans l'isoloir ? Quels réservoirs de voix peuvent avoir les deux candidats restés en lice pour le deuxième tour, dont la date n'est pas encore définitivement fixée ?
Le taux de participation en baisse par rapport aux législatives, exprime un essoufflement de certains électeurs, un désintéressement chez les jeunes et un rejet chez d'autres adultes de l'opération électorale. Une première lecture des résultats préliminaires montre que l'écart entre Béji Caïd Essebsi et Moncef Marzouki, les deux candidats restés en lice pour le second tour, n'est que de 6 points, alors qu'on parlait au moins de dix points de différence. Qu'est-ce qui explique la percée du président d'honneur du CPR dont le parti avait essuyé un échec lors des législatives ? La comparaison des chiffres du scrutin du 26 octobre et celui de dimanche dernier, montre que Moncef Marzouki a fait le plein des voix obtenues par Ennahdha aux législatives, en leur ajoutant ceux du CPR, Tayar de Mohamed Abbou, Wafa....Il a ainsi pioché dans les abstentionnistes du 26 octobre. Le travail de terrain de la machine électorale d'Ennahdha, des partis salafistes et d'Ettahrir, dans les mosquées et ailleurs a porté ses fruits. Par contre dans la campagne de Nida Tounès, un échec du travail de terrain est palpable. L'électorat de Nida Tounès, bercé par la victoire dans les législatives, ne s'est pas suffisamment mobilisé. Certains sondages ont induit en erreur, nombreux partisans de ce parti. Il est clair qu'il y a eu une abstention beaucoup plus importante dans le camp de Béji Caïd Essebsi que Moncef Marzouki. Il est clair que le sésame pour le passage au premier tour est entre les mains d'Ennahdha. Elle a utilisé sa machine à plein régime pour propulser son candidat Moncef Marzouki. La position officielle est une chose, le travail réel, sur le terrain en est une autre. Quant à Slim Riahi, il a progressé entre les législatives et la présidentielle. Hachemi Hamdi est arrivé au score qu'avait Al-Aridha en 2011, après une quasi absence au niveau des législatives. Il a réussi à revenir au poids naturel de la Jabha Chaâbia et il n'a pas pâti du phénomène du vote utile qui avait amputé son parti aux législatives. Le plus grand enseignement du premier tour est que le camp de Nida Tounès a été un peu candide. « Sa base n'a pas fait un travail efficace et sérieux au niveau du terrain, alors qu'Ennahdha a été efficace », déclare au Temps Hichem Guerfali, DG de 3C Etudes.
Accentuation de la bipolarisation
Maintenant, que les dés sont jetés, tous les regards vont s'orienter vers le 2ème tour. Comment vont se comporter les électeurs ? Comment vont s'y prendre les deux candidats restés en lice ? Où iront-ils chercher les voix qui leur manquaient pour avoir la majorité absolue ? La bipolarisation, cette fois-ci est inéluctable. Va-t-elle s'accentuer ? Abdejlil Bédoui, croit que la bipolarisation va s'accentuer. Il pense que nous sommes en présence de deux comportements et de deux campas assez distincts et affirme au Temps que « Nous avons un camp qui respecte la logique du consensus dans la direction des affaires publiques et surtout, dans les moments difficiles et qui recourt au Dialogue national pour sortir des impasses que n'importe quelle société peut connaître. Ce premiercamp se distingue par une base électorale et sociale plus homogène et plus attachée à la démocratie, au caractère civil de l'Etat et aux valeurs républicaines. Enfin, ce camp s'inscrit dans une vision sociétale sans ambiguïté, à savoir une vision moderniste, ouverte et plus engagée dans une démarche de progrès ». En face, le deuxième camp se révèle peu enclin au respect du Dialogue National et à une démarche consensuelle. Il est constitué d'une base sociale et électorale très hétérogène dont certaines composantes, comme Ridha Belhaj (Hezeb Ettahrir), se déclarent ouvertement hostiles à la démocratie et à la Constitution (puisque la leur est la Chariaâ), alors que d'autres n'ont comme langage et argument que la violence et l'exclusion (Azlam). Enfin ce camp véhicule une vision conservatrice peu favorable à la tolérance et au progrès. Les électeurs au 2ème tour, auront à choisir entre deux visions, deux comportements et deux logiques distinctes. Il est certain que pour réunir des conditions favorables à une meilleure stabilité et homogénéité du pouvoir exécutif, le futur président devrait de préférence être en harmonie avec la nouvelle majorité. Actuellement, le pays ne supporte plus la permanence des conflits et des discussions bizantines concernant l'interprétation de certains articles de la Constitution. Il est certain que la logique de la bipolarisation risque de laisser des traces profondes qui ne manqueront pas de marquer la prochaine transition ». Il est clair que la partie n'est pas facile. Les jeux sont serrés et chaque voix compte. Donc, pour brasser large, chaque candidat dansera à sa manière, devant les électeurs, pour gagner le maximum de sympathie et de soutien.
Nabil Belaâm (Emhrod Consulting) :
«C'est le travail de terrain qui payera»
«Pour les réserves de voix que peuvent exploiter les deux premiers candidats, je vois deux approches qui peuvent être adoptées par les deux candidats. La première serait une approche simple et facile qui consiste à chercher les types d'électeurs qui ont une tendance partisane qui n'est pas loin de celle du parti auquel appartient le candidat. Ainsi, par exemple, Béji Caïd Essebsi, chercherait des électeurs d'Afek Tounès, Al-Massar, Al-Jabha (du moins en partie), même l'Union patriotique Libre de Slim Riahi ( en partie), ainsi que des électeurs appartenant à Ennahdha (les modérés)...De l'autre côté, Mohamed Moncef Marzouki chercherait plus d'électeurs d'Ennahdha, car 71% de ceux qui avaient voté pour Ennahdha dans les législatives, ont déclaré avoir choisi Moncef Marzouki dans la présidentielle. Il va essayer de recruter davantage auprès de ce stock et aussi auprès d'autres sympathisants qui ont une proximité avec le CPR tel que Tayar Démocratique (de Mohamed Abbou) et Ettakatol (Mustapha Ben Jaâfar), et puis, même d'autres comme Hizb Tahrir, Les Ligues de protection de la Révolution, les Wahabistes...La 2ème approche que je considère plus agressive, en termes de stratégies électorales, consiste à mobiliser au maximum les troupes et les bases électorales pour élargir les champs d'intervention à tous les niveaux. Ce sera une approche qui consiste à ramener le maximum d'électeurs potentiels et de puiser dans la masse des indécis et abstentionnistes. Ce qui n'est pas facile. Celui qui aura la capacité de mobiliser cette population qui est principalement constituée de jeunes et des catégories socioprofessionnelles aux ressources limitées, fragiles et éloignées des centres urbains. Celui qui saura faire ce travail de terrain l'emportera. Aujourd'hui, je ne pense pas que la communication et les discours joueront autant qu'aux législatives. »
Hichem Guerfali (3C Etudes) :
«Le grand écart pour s'attirer les faveurs du plus grand nombre»
«Les deux candidats restés en lice, totalisent 73% des voix. Donc, la véritable question qui se pose, c'est comment s'attirer les faveurs des 27% de voix restantes et ce, en s'adressant aux candidats ou les partis dont ils sont les chefs ? La démarche n'a pas de résultats garantis dans la mesure où les chefs des partis ou les candidats indépendants ne sont pas maîtres du vote de leurs militants et, encore moins des sympathisants qui ont voté pour eux. Dans les prochains jours, nous allons sans doute assister à des candidats qui vont devoir faire le grand écart de façon à s'attirer les faveurs du plus grand nombre d'électeurs, froissant au passage, les principes et les positions qu'ils avaient exprimés durant les semaines précédentes. Au grand étonnement de nombreux observateurs et électeurs, nous allons sans doute assister à un spectacle de real-politique avec les tours d'équilibriste que cela suppose. A ce jeu là, Hamma Hammami, s'est déjà prêté avec le succès que l'on connaît puisqu'il a pratiquement doublé le score de la Jabha aux législatives avec un discours beaucoup moins clivant, en mettant beaucoup d'eau dans son vin. Voilà ce qui préfigure l'exercice auquel vont devoir se prêter Béji Caïd Essebsi et Moncef Marzouki, s'ils veulent gagner les prochaines élections. Et cela va commencer justement à séduire Hamma Hammami et son électorat, par un discours gauchisant, avec en arrière de fond la ligne de démarcation claire entre les deux camps que sont les affaires des assassinats de Chokri Belaïd et Hadj Mohamed Brahmi. C'est la ligne rouge. Viendra par ordre d'importance, l'électorat de Hachemi Hamdi, traditionnellement faux et vrais amis d'Ennahdha depuis la brouille durant le passage du gourou d'Ennahdha avec Hachemi Hamdi dans une joute organisée par Al-Jazira qui n'a pas fini de diviser les deux camps. De ce côté, tout est possible. Précisons que dans le cas de Hamma Hammami et Hachemi Hamdi, l'électorat se divisera en deux dans des proportions qui sont difficiles à deviner et qui dépendront des déclarations de l'un et de l'autre des deux candidats. Quant à l'électorat de Slim Riahi, qui semble être à égal distance des deux candidats, un électorat jeune et populaire, celui-ci fera sans doute l'objet de toutes les convoitises puisqu'il peut être plus facilement orienté, vers le candidat que choisira Slim Riahi. Ils n'ont pas de positions arrêtées. Précisons que dans le cas du Club Africain, on est plus proche d'Ennahdha que de Nida Tounès, alors que l'EST est plus proche de Nida. Cela, donnera un angle d'attaque insoupçonné pour les deux candidats. Quant à l'électorat de Kamel Morjène et Mondher Znaïdi, il est acquis majoritairement à BCE mais même s'il ne pèse pas beaucoup. La partie va être serrée. Toutefois, la rivalité entre les anciens candidats et BCE peut mener à l'abstention ou au vote blanc, voire dans certains cas, au vote du camp adverse. L'électorat d'Ahmed Néjib Chebbi est beaucoup plus captif et fidèle à son leader et sera tiraillé entre un Moncef Marzouki plus proche idéologiquement et un Béji Caïd Essebsi avec le quel il partage un rejet des choix qui ont été fait par l'ex-Troïka. Là aussi on devrait assister à un partage des voix entre les deux candidats. Quant aux partisans des autres candidats, représentant moins de poids tout en étant moins idéologiques, tous les jeux sont permis».


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