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La politique détrône le football
Publié dans Le Temps le 05 - 12 - 2014

Il fût un temps où les soirées télévisées de bon nombre de Tunisiens étaient rythmées par l'actualité footballistique et les émissions sportives et ce, pour le plus grand bonheur surtout de ces messieurs suspendus aux lèvres des analystes, des consultants, des coachs et des chroniqueurs sportifs. Chaque soir ou presque, la moviola battait son plein et le lendemain matin, on commentait encore et encore l'émission de la veille et bis repetita... Avec en bonus les matchs de la Champion's League en milieu de semaine, l'addiction est totale ! Mais il est bien loin le temps où Mokhtar Tlili, Ahmed Mghirbi, Khaled Hosni étaient les stars cathodiques nationales et défrayaient les chroniques à coups d'analyses parfois pertinentes, d'autres fois polémiques et quelques fois loufoques.
Depuis quelques temps, depuis la révolution plus précisément, l'actualité politico-sociale a largement détrôné celle du sport. Les footballeurs ainsi que l'armada des experts sportifs ont regagné les vestiaires et n'en sortent plus que ponctuellement. Quant aux émissions sportives (Dimanche Sport, Attassiaa Sport, Souiaa Sport...), elles ont été remplacées par des débats politiques placés sous le signe de la logorrhée, des propos agressifs et des accusations réciproques entre politiciens. Et c'est tout naturellement que les onze millions de commentateurs sportifs ont cédé la place à onze millions d'analystes politiques. Pour le plus grand bonheur de ces messieurs mais aussi des dames cette fois-ci !
Indices
L'institut de sondage Sigma Conseil vient de diffuser des statistiques concernant le taux d'écoute des principales radios en Tunisie par régions mais aussi les parts d'audience et les taux de pénétration des émissions télévisées les plus regardées par les plus de quinze ans. Et c'est sans surprise que l'on découvre que les soirées électorales diffusées par différentes chaines figurent en bonne place. Ainsi, le 23 novembre dernier, Al Hiwar Ettounsi a raflé 37,1 % de part d'audience avec son émission consacrée au premier tour des élections présidentielles contre 20,1% pour celle diffusée sur Nessma. C'est dire l'intérêt suscité par cet événement national. L'interview de Béji Caïd Sebsi a elle aussi connu un engouement puisqu'elle a été suivie par près de trois millions de téléspectateurs, bien que l'une des deux chaines l'ayant diffusée ait subi une tentative de brouillage lors de sa diffusion. L'entretien avec Hamma Hammami a été quant à lui suivie par près d'un million deux cent mille personnes et celui avec Mustapha Ben Jaâfar par un peu plus de 800 000 téléspectateurs. Si plusieurs émissions politiques ou recevant le plus souvent des politiciens figurent en bonne place dans le Top 10 des émissions les plus regardées, l'unique émission sportive présente dans le classement se positionne en 12ème place. Bon gré, mal gré, la politique s'est donc invitée dans les foyers tunisiens à travers le petit écran. Mme Hédia, la soixantaine passée et habitant dans la même maison avec son fils, son épouse et leurs enfants témoigne: « Avant la révolution, je ne connaissais même pas le nom des ministres mais aujourd'hui, je suis capable de les nommer un à un ainsi que les anciens députés de l'ANC. C'est que depuis trois, on ne regarde que les émissions politiques le soir. Télécommande à la main, on zappe de chaine en chaine à la recherche de débats, d'interviews de politiciens, de reportages... En cette période décisive de l'histoire de notre pays, nous nous devons de suivre l'actualité politique et de connaitre les politiciens, leurs points de vue et leurs programmes pour savoir pour qui voter lors des différentes échéances électorales.» Son petit-fils de 15 ans a lui un avis bien différent: «Je suis devenu allergique au mot politique. Je n'en peux plus. Tous les soirs à la télévision, on voit les mêmes visages. Des politiciens, souvent de l'âge de mon grand-père ou même plus vieux, guindés dans un costume cravate, parlant très souvent en arabe littéraire, criant, vociférant, s'accusant mutuellement de tous les maux de la terre. Mais nous les jeunes, on n'y comprend vraiment rien à tout ce cirque ! Heureusement que j'ai mon ordinateur. Il me permet d'échapper à toutes ces émissions politiques que regardent les membres de ma famille quotidiennement. » Mme Dalenda est, elle, femme au foyer. Elle aussi n'en peut plus de la politique: « Le matin, quand je cuisine, j'aime bien écouter la radio. Mais depuis un bon moment, je ne le fais plus car entre deux chansons on n'échappe pas aux flashs info et leurs sempiternelles news démoralisantes et à partir de midi, c'est encore pire ! Je préfère mettre de la musique et cuisiner en toute sérénité. Le soir par contre, pas moyen d'échapper aux fameuses émissions politiques. En France, ils avaient « Ca se discute ». Chez nous, c'est plutôt « Ca se dispute ». Mon mari y est accro. Mais comme il voyait à quel point cela m'incommodait de regarder avec lui ces émissions, il m'a offert un téléviseur à l'occasion de mon anniversaire. Devant lui, j'ai fait mine d'être heureuse. Mais au fond de moi je ne l'étais pas car cela signifiait que nous n'allions plus passer nos soirées ensemble et que chacun devra rester dans une pièce à regarder ses émissions en solo. Du coup, j'ai la nostalgie des soirées foot. Au moins, l'ambiance était plus détendue sur les plateaux ! »
Les indétrônables
Malgré l'engouement flagrant des Tunisiens pour la politique, trois émissions sont être indétrônables en tête de classement et ce, depuis des années. Le journal télévisé de 20h d'El Wataneya rafle 60,3 % des parts d'audience et les deux émissions des frères Chebbi « Andi mankolek » et « Al Mousameh Karim » sont respectivement à 59,2% et 36,9 % d'audimat. Même si elles frôlent parfois l'indécence, qu'elles récoltent les critiques les plus acerbes et qu'elles font parfois objet de poursuites juridiques, ces deux émissions dont le principe repose essentiellement sur le malheur des gens et le déballage outrancier de la vie privée des invités semblent être des rendez-vous incontournables pour une bonne frange de Tunisiens. Voyeurisme et décadence ou envie d'échapper à la morosité et à la rigidité des plateaux télévisés politiques ? Hichem Abid, enseignant universitaire et féru d'analyses psychologiques, estime qu'en regardant ce genre d'émissions, le Tunisien lambda a envie mais aussi besoin de renouer avec son quotidien et de s'abreuver de la réalité de ses concitoyens, loin de la langue de bois des politiciens et de leurs promesses édulcorées, même si les histoires personnelles dévoilées lors de ces émissions sont choquantes. Ah qu'il semble loin le bon vieux temps !


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