Ezzeddinebenhamida.jimdo.com Les politiques économiques structurelles engagées par Hakim Ben Hammouda (HBH) s'inscrivent par essence dans la durée. Ces politiques se manifestent d'ores et déjà à travers les réformes qui caractérisent la loi des finances 2014 et celle de 2015. Les retombées de ces transformations structurelles ne peuvent être observables qu'au bout de quelques années; elles ne deviennent tangibles ( qu'à moyen et longs termes). Il y a toujours en effet un temps de réaction, une période de rigidité avant que les dynamiques institutionnelles ne réagissent aux nouvelles normes et les mécanismes des marchés n'intègrent les nouvelles règles. L'homme des réformes La politique de redressement économique mise en place par le gouvernement Mehdi Jomaâ doit se poursuivre. L'arrêt de la dérive des dépenses publiques et l'assurance de la stabilité de la situation macroéconomique sont les conditions sine qua none pour toute reprise de la croissance économique. Rappelons-nous des cinq priorités structurant la loi de finances 2015, qui sont loin d'être une mince affaire: - La stabilisation macroéconomique par la rationalisation des dépenses publiques, - La relance de la croissance et de l'investissement public/privé, - L'accélération des réformes économiques notamment celles du système bancaire et du système fiscal, - Le développement régional, - L'inclusion sociale » Faut-il aussi rappeler le marasme du système bancaire et les réformes courageuses entreprises par l'actuel ministre de l'Economie et des Finances : - Recapitalisation des trois grandes banques publiques, - Création d'une société de défaisance des créances classées, - Développement d'une caisse de dépôt et de consignation pour en faire la véritable arme et puissance financière de l'Etat - Développement du secteur de la micro-fiance pour toucher les personnes qui sont exclues du système bancaire, - Etc. Changer de Capitaine au milieu de la tempête nous semble fort dommageable pour la continuité des réformes. Hakim Ben Hammouda a aussi beaucoup d'autres atouts : outre son expérience de ministre et donc sa connaissance de la situation tunisienne, il s'agit encore d'un fin connaisseur des instances internationales. N'était-il pas le conseiller spécial du Président de la BAD ? N'a-t-il pas été classé parmi les économistes les plus influents en Afrique? Un spécialiste du développement aux approches pragmatiques Lors d'une interview récente, fidèle à son tempérament jovial et convivial, HBH nous a confié ses doutes concernant les dogmes doctrinaux et sans attachement viscérale à son indépendance idéologique : pour reprendre ses termes, il disait « Je considère que le dogmatisme –le fanatisme- du marché mène au marasme et le tout Etat aussi ! Je cherche constamment à concilier les deux : l'Etat a un rôle régulateur à jouer, on ne peut s'en passer ; les forces de marché, également. Ce dernier peut permettre une meilleure réallocation des ressources. » « Je suis un pragmatique toujours à la recherche de la synthèse. » A-t-il encore précisé. Il nous a également amplement exposé sa conception hétérodoxe du développement : il disait à ce propos «La question, la problématique, du développement a évolué peu à peu : Aujourd'hui, elle revient à analyser le passage d'un niveau de productivité à un autre. Ceci suppose des stratégies, des dynamiques nouvelles et des transformations sociales. Le processus du développement est différent d'une nation, d'une culture, d'un pays à un autre ; même s'il y a certains facteurs convergents, une base commune. « L'inclusion sociale est une question centrale dans la problématique globale du développement. » A-t-il aussi souligné. Sur cette même problématique, nous avons évoqué son parcours universitaire et ses engagements pour le développement en Afrique. Il disait en substance : «Mon engagement pour le développement date de 30 ans. La modélisation dans cette discipline et les études quantitatives m'ont passionné. J'ai fait beaucoup d'études en macro-économétrie et de modèles calculables d'équilibre général. Ma formation en mathématiques m'a beaucoup aidé. J'ai enseigné cette matière -problématique- et bien d‘autres, d'ailleurs, dans de nombreuses universités et surtout j'ai eu à piloter beaucoup de projets en Afrique. » « Je peux donc me prévaloir d'une maîtrise des concepts et d'une bonne connaissance du terrain. » A-t-il fini par lâcher. Un penchant naturel pour le dialogue social Etudiant, il était très engagé dans les débats idéologiques qui agitaient, dans les années 80, la faculté d'Economie à Grenoble. Nous connaissons donc l'homme et sa prestance ! Lors de ces débats intensément idéologiques, il battait en brèche les idées de ses contradicteurs ! Son expérience récente au gouvernement n'a fait que confirmer sa pugnacité et sa coriacité. Notre homme est en effet solide idéologiquement et courageux politiquement. La Tunisie n'a-t-elle pas besoin en ce moment d'une personnalité de cette trempe ? HBH est aussi ouvert au dialogue : Les réformes fiscales récentes se sont heurtées à des lobbies de tout poil. Il a su manœuvrer subtilement et il a réussi à obtenir en large partie les résultats recherchés ; Il disait à ce propos : « Nous avons cherché à négocier avec tous les acteurs sociaux. Notre démarche se veut consensuelle et constructive. Nous sommes animés par l'intérêt général. ». Pour preuve n'a-t-il pas réussi cette semaine à faire voter, dans un temps record, par l'ARP la loi de finances de 2015 ?