Du temps de Bourguiba et malgré les tentatives de l'en déloger il y campa sa chasse-gardée. Bourguiba se fit entre autres construire plus d'un palais où il pouvait résider à loisir selon les saisons au palais de la Marsa, à Skanès et à Tozeur et là où il allait, il avait son'' mini-Carthage''. Cela montre à quel point le palais présidentiel, synonyme de gloire, demeure symbolique voire vénéré pour les présidents élus ou ... pas ! Personne excepté ses ministres et ses proches ne connaissait les intimités et secrets abrités dans ce palais présidentiel. Certaines pièces restent des énigmes pour les visiteurs comme pour une partie des résidents et des employés. Jamais la télévision n'en a filmé d'autres endroits que ceux que le président et son entourage immédiat permettaient de montrer. On ne voyait que les portails, l'entrée du palais et rarement le bureau du président. Ce lieu, à la fois radieux et mystérieux, a pendant des années été un endroit inaccessible où tout se décidait sous dire. L'intrus Ben Ali ne dérogea pas à la même discrétion concernant les résidences présidentielles( Carthage, Sidi Dhrif et Sousse). Même le personnel qui était présent presque tous les jours au palais n'était pas au courant de tout ce qui se passait autour d'eux et qui sait, peut être que ces derniers ne connaissaient pas les endroits ‘'Top secret'' du palais. Le président déchu est resté à Carthage 23 ans pendant lesquelles le palais accueillit des hôtes plus ou moins réguliers et plus ou moins nombreux. Rien ne filtrait, là non plus, sur la vie familiale du président ni sur celle des autres résidents, surtout les membres de la belle famille plus précisément les Trabelsi. Or il paraît qu'à Carthage surtout les soirées festives sont organisées quotidiennement et qu'il y participait beaucoup de monde parmi les proches et les amis. Les cuisiniers du palais servaient une multitude de repas chaque jour. Et tout cela, bien sûr, aux frais du contribuable. Marzouki et «'l'exibition» du palais Après le 14 Janvier, black-out sur le palais pendant l'intérieur de Foued M'bazâa. Les secrets furent maintenus jusqu'à l'investiture de Mohamed Moncef Marzouki. Lequel ne tarda pas à lever les tabous sur la résidence présidentielle et à la faveur d'une émission télévisée de Samir El Wafi, il a ouvert toutes les portes de Carthage au grand public et permis aux employés du palais de divulguer plusieurs vérités cachées sur l'extravagance que Ben Ali et ses proches menaient un quart du siècle durant. Les archives de ce palais servirent de matière principale du Livre Noir de Marzouki. Les Tunisiens ont découvert également les cachettes de l'argent liquide mis à la disposition du Président et de la mafia qui l'entourent. Derrière la bibliothèque et les faux bouquins exposés au grand public et zoomés lors des infos, se terre la caverne d'Ali Baba. Marzouki turbulent qu'il est, a eu le mérite de lever le voile sur ces dépassements intolérables. Essebsi Président : Les rideaux jalousement gardés baisseront-ils de nouveau sur le palais? Maintenant que le peuple tunisien a choisi Caïd Essebsi, va-t-il nous dévoiler d'autres secrets de Carthage inhérent au règne de Marzouki ? Déjà des rumeurs se sont propagées, pendant la campagne électorale pour les présidentielles, sur les repas fastueux du président provisoire (crevettes, poissons pour plus de dix millions en une seule journée). Des dépenses exubérantes qui ont nui à l'image de celui qui se dit « le fils du peuple ». Autre question qui intéresse les Tunisiens, le nouveau chef d'Etat ouvrira-t-il les portes de Carthage aux médias ? Ce sera difficile pour ce disciple de Bourguiba soucieux du prestige de l'Etat (Haybet Edawla) qui, selon lui peut-être, réside dans une part de discrétion sur la vie intime du président et de son entourage. D'ailleurs, avant même d'être élu et du temps où il a été nommé chef du gouvernement, on ne savait rien ou presque sur sa vie privée, sur sa famille et sur sa maison. Essebsi continuera-t-il à demeurer farouchement discret et Carthage retrouvera-t-il de nouveau ses énigmes d'antan. Toujours est-il que, désormais, Carthage ne sera plus jamais la chasse-gardée d'aucun président. C'est là le principal acquis de la Démocratie et de la 2ème République.