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Le calvaire quotidien des SDF
Publié dans Le Temps le 10 - 01 - 2015

En France ces derniers jours huit S.D.F ont perdu la vie à cause du froid glacial dans beaucoup de villes de l'Hexagone. A en juger par les commentaires et les témoignages rapportés dans les divers journaux télévisés il semble que la mort de ces personnes marginalisées ait provoqué chez une bonne partie des Français un profond sentiment de culpabilité. Chez nous, les S.D.F existent mais les médias en parlent peu ou pas du tout. Il est vrai que depuis une semaine, nos télévisions et nos radios portent de l'intérêt aux régions très touchées par la vague de froid. D'autre part, la mobilisation s'organise activement pour venir en aide aux familles sinistrées. Cependant, il existe autour de chacun de nous, dans les quartiers, dans les villes un certain nombre d'individus qui sont livrés à eux-mêmes pas seulement en hiver mais tout au long des quatre saisons. Ce sont nos S.D.F « nationaux ». Qui s'en occupe ? Pourquoi sont-ils sans domicile fixe ? Que cachent-ils comme secret sur leur vie intime et familiale ? Combien sont-ils en Tunisie ? Existe-t-il des structures permanentes pour les prendre en charge et si possible les réintégrer dans la vie sociale. Nous en connaissons au moins trois que nous rencontrons presque quotidiennement dans certaines artères de la capitale. Nous avons même eu de brefs entretiens avec deux d'entre eux pour avoir une idée sur leur chaume personnel.
La descente aux enfers
Le premier s'appelle Abdelhamid. Il est visible à l'angle d'un bâtiment situé en face du siège des P.T.T (La poste) de l'avenue de Carthage. En l'abordant et en enquêtant sur son cas, nous avons appris qu'il est natif d'Aïn Drahem et qu'à l'origine, il était footballeur à l'équipe locale, sa famille est d'un niveau moyen et il paraît que Abdelhamid subvenait aux besoins de deux de ses sœurs. On nous dit que même aujourd'hui, il continue de le faire grâce aux modestes sommes que les passants lui donnent à titre de charité. Avant de venir à Tunis, il souffrait déjà d'une maladie mentale qui l'a obligé à séjourner à l'hôpital psychiatrique « Errazi » de la Manouba plus d'une fois. Les habitants d'Aïn Drahem le voient, jour et nuit, hiver comme été, dans la rue, habillé de vêtements en haillons, recroquevillé sur lui-même, plié en quatre et la cigarette toujours aux lèvres. Nous lui avons demandé pourquoi ce mode de vie, il a bougonné : « C'est comme ça ! C'est comme ça ! ». L'autre jour à la veille du Réveillon, nous avons voulu savoir où il allait passer sa nuit. Il a répondu : « Là- bas ! Chez des amis ! ». Or, les habitués de l'avenue de Carthage savent qu'il cherche toujours à squatter des immeubles de la zone. Où vit-il ? De l'aumône des passants, quelques aides alimentaires et vestimentaires fournies par les riverains du boulevard et par quelques commerçants des environs. Par ce froid glacial, Abdelhamid n'a manifestement pas d'autres ressources que ces ressources là et personne ni aucune structure privée ou publique ne vient à son secours.
«Lâaziz», seul contre tous
«Laâziz » est un autre cas de S.D.F livré à lui-même. Lorsque nous l'avons connu, il vivait dans un bâtiment en chantier tout près du pont « Bab Alioua ». Mais entre-temps, le contremaître l'en a chassé et nous ignorons maintenant sa nouvelle adresse. « Lâaziz » dormait dans un lit de fortune constitué de cartons et de vieux habits. Les voisins comme les passants lui donnaient argent , nourriture et couvertures. Lui, non plus, ne veut pas retrouver une vie familiale ordinaire. Il nous a dit que sa femme et ses enfants l'ont renvoyé de la maison et qu'ils l'ont dépossédé de tous ces avoirs. Au lieu de porter plainte contre eux, il a choisi de parcourir les rues et de vivre seul parfois même au milieu des décharges d'ordures. Il reconnaît être un peu malade mental mais il se considère comme suffisamment sain pour vivre normalement avec autrui. A propos de travail, il affirme avoir frappé à toutes les portes sans que personne ne l'engage. En désespoir de cause, il a abandonné toute idée de travail rémunéré. Il dit aussi que sa vie de S.D.F lui plaît et qu'il n'attend rien de personne. Or, d'après ce que nous avons constaté son état de santé n'était pas du tout rassurant et qu'il avait les symptômes d'une grave maladie pulmonaire. Les deux cas que nous venons de citer illustrent la difficulté pour certains gens marginalisés de se trouver une place digne et un mode de vie décent au sein d'une société musulmane pour laquelle l'entraide et la charité sont des valeurs presque sacrées. Mais, indépendamment de ces valeurs spirituelles, l'Etat et la société civile doivent proposer des solutions radicales à la situation inhumaine des S.D.F dont beaucoup de Tunisiens ignorent malheureusement le drame. Nous devons, comme beaucoup de pays développés, créer des refuges, des maisons d'accueil, des centres d'hébergement pour empêcher que les citoyens en difficulté comme les S.D.F souffrent jusqu'à la mort de leur marginalisation. Sur le cas de ces S.D.F nous avons consulté l'avis du sociologue Chokri Memni qui nous a livré le témoignage suivant :
« Ces individus vivent plutôt en solitaires chez nous alors qu'en Europe ils s'organisent en communautés. C'est ce qui rend encore plus difficile leur prise en charge. En général, du point de vue de leur profil, ce sont des individus qui ont choisi de se replier sur eux-mêmes et de rejeter la société. Ils sont en rupture avec leur entourage se plaisant à vivre et à assumer leur marginalisation puisque ces personnes résistent aux efforts qui visent leur intégration. Dans leur structure mentale, ils ont une forte peur ; une angoisse terrible de la vie communautaire. Comment leur venir en aide ? Je pense qu'il faut commencer par les mettre en confiance, par communiquer en douceur avec eux et surtout par leur rendre des services d'urgence comme la nourriture, l'habit et les soins élémentaires. En général, ils acceptent cette forme de secours quand elle vient de personnes avec qui ils sympathisent progressivement. Qu'ils acceptent leur aide, c'est déjà un acquis car les S.D.F sont presque des êtres « sauvages ». Leur réintégration est très difficile et exige beaucoup de patience.


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